Gabon : La CONASYSED jette un regard sombre sur le déroulement de l’année scolaire 2020-2021.

Dans un courrier en date du 26 août 2021 à l’attention du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique, du Transfert des Technologies, de l’Education Nationale, Chargé de la Formation Civique, la CONASYSED dresse un bilan non exhaustif de l’année scolaire 2020-2021, en voici la teneur :

Nous venons par la présente jeter un bref regard global sur le déroulement quasi-ambigu de la présente année scolaire, afin que nous puissions tous en tirer des enseignements plus réalistes et arrêter avec cette dégénérescence intellectuelle de notre progéniture, gage d’un Gabon viable et respecté. Ce qui est loin d’être le cas actuellement.

Sur l’organisation pédagogique générale :

Monsieur le Ministre, on aura assisté à une année scolaire d’une incongruité déshonorante : le démarrage effectif des enseignements à plusieurs vitesses, au gré des chefs d’établissements (eux-mêmes toujours non-statutaires), de même que des fins de quadrimestres dont plusieurs sans conseils de classe aux normes, avec des plaintes de parents d’élèves défiant extraordinairement toute statistique, et traités selon les fantasmes de chaque chef d’établissement ; pire, des arrêts des cours catastrophiques au dernier quadrimestre, surtout dans les classes d’examens, alors même que le quadrimestre n’était pas encore à son terme selon le calendrier scolaire fixé. Sans parler des projets pompeux et non véritablement planifiés comme le fameux enseignement à distance qui a été du reste un grossier échec…

On aura donc compris que rien n’était véritablement planifié, tout comme n’était guère planifié la gestion même des effectifs dans les salles de classe qu’on aura improvisé en demandant aux enseignants de s’en occuper, en vain ; de même que les changements ou tentatives de changements de programmes scolaires, au premier degré, en plein milieu de l’année scolaire, n’eut été la résistance, logique, de certains enseignants dans plusieurs écoles…

Tout ceci dénotait donc d’une véritable absence, une fois de plus, de vision en matière de politique éducative dans notre pays.

Sur les examens nationaux de fin d’année :

Il est, hélas, à constater que depuis quelques années, les conditions d’organisation des examens laissent à désirer. Les fraudes multiformes conçues, voulues et entretenues ont été instituées et ce, malgré les dénonciations de la CONASYSED qui, du reste, demeure incomprise.

En effet, avant le début des examens, nous avons noté que :

– La grève des Enseignants d’EPS qui réclamaient le Paiement des vacations 2020 a feint d’être ignorée, alors qu’elle impactait effectivement sur le calendrier scolaire ;

– Quelques jours plus tard, plusieurs Enseignants toutes disciplines confondues ont emboîté le pas aux enseignants d’EPS en cessant les cours dans plusieurs établissements pour réclamer aussi le paiement des vacations 2020 ;

Pendant les examens, nous avons noté :

– Les discriminations, les différences en ce qui concerne les barèmes d’évaluation en EPS, entre les candidats des examens de l’Enseignement Général et ceux des examens de l’Enseignement Technique ;

– Les préfinancements par les enseignants affectés à l’intérieur du pays de leur déplacement en lieu et place du Ministère de l’Education Nationale ;

– Le transport des candidats d’une localité à une autre, financé par les candidats eux-mêmes dans des véhicules de fortune ;

– La non prise en charge à temps des membres des secrétariats d’examens ;

– Les mouvements d’humeur des enseignants correcteurs, réclamant le paiement des vacations 2020 ;

– Le déficit des enseignants correcteurs, car plusieurs ayant refusé de répondre aux convocations, compte tenu du traitement déshumanisant qui leur est infligé chaque année concernant le paiement des vacations ;

– La désignation chaque année des mêmes personnes dans les différents jurys et secrétariats d’examens au détriment de plusieurs autres enseignants ;

– L’exclusion systématique des enseignants Leaders syndicaux et de plusieurs autres enseignants syndiqués, et ce depuis plus de dix (10) ans, à tous les examens nationaux, comme si la pratique syndicale était une tare, ou synonyme d’incompétence ;

– Le scandale de la DGEC : des enregistrements audiophoniques devenus viraux ont fait, à tort ou à raison, état de la fraude. Des sommes d’argent auraient été extorquées auprès des candidats par certains agents de la DGEC pour leur admissibilité ou admission au Baccalauréat. Des démarcheurs y auraient même été mis à contribution.

Tout ceci ternissant gravement la crédibilité, et des examens, et du pays encore une fois de plus.

– Les épreuves des examens gravement banalisées, car assimilées aux devoirs de classe ou aux devoirs de maison, corrigées par les enseignants desdits candidats.

Le cas de l’Enseignement Technique est encore plus édifiant ;

– La discrimination au niveau de la prise en charge des enseignants commis pour l’organisation des examens, de l’Enseignement Technique et de l’Enseignement Général.

Ceux commis pour les examens de l’Enseignement Technique bénéficient d’une meilleure prise en charge pour une période n’excédant pas 7 jours, soit près d’un million de francs CFA (1.000.000 F) au détriment de ceux commis pour l’organisation des examens de l’Enseignement Général, soit environ six cent mille francs (600.000 F) pour une période d’un mois, etc. Ce qui, une fois de plus, met gravement à mal les principes, pourtant déontologiques, voire constitutionnels, de justice, d’équité et d’égalité en République Gabonaise.

Au regard de ce qui précède, nous pensons avec conviction que pour redonner une certaine crédibilité à nos examens et intéresser à nouveau les enseignants auxdits examens, les solutions suivantes doivent impérativement être préconisées :

– Echanger les copies des candidats pour la correction entre provinces ;

– Echanger les enseignants retenus pour l’organisation desdits examens entre provinces ;

– Prendre en charge les enseignants, notamment le versement préalable des perdiems, et à temps ;

– Transporter des enseignants et des candidats, assuré par le Ministère de l’Education Nationale ;

– Roter les membres des différents jurys d’examens et des secrétariats : ces membres, comprenant également des enseignants syndiqués ou syndicalistes, ne doivent pas excéder deux ans dans un secrétariat d’examen pour éviter de développer et d’instituer les mécanismes de fraude. Dans le même registre, roter également les agents de la Direction Générale des Examens et Concours (DGEC) ;

– Payer les vacations aux examens après service fait ;

– Adopter et signer en Conseil des Ministres, le projet du nouveau décret des vacations conjointement élaboré entre le Gouvernement et la CONASYSED en 2010;

– Diligenter une enquête par rapport aux cas de fraude et punir les présumés coupables, etc.

Obone Flore

Journaliste

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