Gabon/Distinction honorifique des artistes gabonais : Entre consécration et responsabilité sociétale.

30 artistes et acteurs culturels ont été décorés au grade de Chevalier de l’ordre du Mérite National Gabonais lors de la célébration des 62 ans d’indépendance du Gabon, des mains du Grand chancelier des Ordres nationaux, Yves Kéba Malékou et du Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda. C’est une grande première dans l’histoire du Gabon. Par ces distinctions, le pays exprime sa reconnaissance envers les réalisations de personnes remarquables qui font des choses extraordinaires.

En effet, ces récompenses honorifiques concourent à définir la place entre autres des musiciens, plasticiens, artisans, cinéastes, humoristes, animateurs dans l’espace public au Gabon, en participant directement de la constitution de leur autorité. D’autant que si la décoration ne se demande pas, elle s’obtient. Chacune des personnes honorées est certainement animée non pas par un désir de reconnaissance, mais parce qu’elle a choisi d’agir parce qu’elle a reconnu un besoin de la communauté et a choisi de redonner. Elles ont choisi de servir. Parmi les actions qu’ils doivent prendre individuellement, plusieurs sont autant, ou davantage, adressées au bien des Gabonais. Ils ont donc tous le devoir de servir, de quelque manière que ce soit. Cette idée est portée par une pratique très simple : servir les autres. Et, ce faisant, améliorer l’ensemble de la collectivité, la grande famille de la nation.

La pandémie du Covid-19 a peut-être fait prendre conscience à l’Etat de la valeur du service des acteurs culturels et des artistes. L’enjeu est d’importance : derrière chaque carrière, c’est une école, un courant, une discipline qui se trouvent distingués. De sorte que l’attribution officielle ratifie une sorte de conversion, celle par laquelle la réussite devient mérite. Mieux : un mérite consacré. Si cette interprétation peut être avancée, force est de constater qu’elle est mise à mal par le déroulement concret de la cérémonie d’attribution. La médaille ne vaut que d’être remise solennellement des mains d’une autorité constituée. On le constate : au Gabon où la grandeur sociale passe de plus en plus par la fortune ou la médiatisation, ces distinctions se posent comme une forme de reconnaissance culturelle à laquelle est associé l’hommage de la Nation. Une distinction toute honorifique mais qui signe comme l’appartenance à un ordre. Dans notre pays, ces distinctions demeurent conditionnelles.

Gageons que les personnes honorées prennent à cœur ce principe fondamental et le mette en pratique.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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