En voulant protéger « La Libreville », le Palais du bord de mer risque d’ouvrir la boite de Pandore et de réduire à néant tous les progrès faits depuis des années en matière de lutte pour la viabilisation des médias au Gabon.
Aujourd’hui, la création de médias fantoches ou d’organes de propagande à la solde du Palais du bord de mer fait peser de sérieux risques en matière de liberté de la presse et d’autonomisation des médias privés au Gabon. Selon le média Africa Intelligence, le site d’information lancé en 2018 et à la ligne éditoriale très proche des intérêts du Palais du bord de mer « La Libreville » a pour prestataire technique une société du communicant français Michaël Cheylan. Cela signifie que le média d’information dispose d’une rédaction en bonne et due forme à Libreville, mais c’est à plus de 5 000 kilomètres de la capitale gabonaise que le portail est géré, à Paris.
Pour rappel, Michaël Cheylan a lancé en 2014 sa société de communication spécialisée sur l’Afrique, Corrèze & Zambèze, active un temps au Gabon. Or, selon les données du moteur de recherche Who.is, le nom de domaine de « La Libreville » a été enregistré en 2017 au profit d’une autre société de Cheylan, AMCC, par sa gérante Aminata Dieing. Mais d’après ses statuts déposés en 2009, l’AMCC a pour activité, « en France ou à l’étranger, le conseil en communication, le conseil publicitaire, (…) la réalisation et la production de tout support média ». Par ailleurs, ladite société avait conçu en 2018 le site de la formation présidentielle gabonaise, le Parti démocratique gabonais, pdg-gabon.com, aujourd’hui au point mort.
Si « La Libreville » peut imaginer tirer un bénéfice d’exemption des règles à travers le lobbying du Palais du bord de mer, elle pénalisera inévitablement tous les acteurs du privé qui luttent pour joindre les deux bouts. Il est plus qu’urgent de mettre fin à cette injustice.