Depuis son interpellation le jeudi 21 novembre 2019 par la Direction générale des services spéciaux (DGSS), qui avait brisé net sa brillante carrière de porte-parole de la présidence de la République et de conseiller spécial en charge de la communication auprès du chef de l’État, Ike Ngouoni Aila Oyouomi se retrouve depuis le lundi 25 juillet sur le banc des prévenus, accusé de détournement de fonds publics, complicité de détournement de fonds publics, concussion et blanchiment des capitaux. Pourtant, il y a quelques années l’ancien porte-parole de la présidence de la République affirmait « La corruption n’a pas sa place au Gabon ».
En effet, la Cour criminelle spécialisée apporte ici des précisions intéressantes s’agissant de la prescription de l’action publique, de la notion de personne chargée d’une mission de service public et enfin de l’office du juge pénal en matière d’aménagement de peine. Car, Ike Ngouoni a reconnu avoir reçu chaque mois entre 150 et 350 millions de francs CFA pour le financement de la communication présidentielle, ainsi que 25 millions de francs CFA en plus par mois de primes octroyé par Ali Bongo pour sa fidélité et la qualité de son travail. Avec un ton professoral, comme s’il était en pleine conférence sur les questions économiques, il en fait une démonstration brillante devant le tribunal.
Aussi, Ike Ngouoni doit être traité comme n’importe quelle autre personne. Sa notoriété ne doit en aucun cas être une présomption de culpabilité. Ce n’est qu’un homme parmi les autres, avec ses faiblesses et ses zones d’ombre même s’il comparait aux cotés de son ex-assistance Sandy Ntsame Obame pour complicité de détournements. Le visage impassible, comme s’il arborait un masque, Ike Ngouoni ne nie pas les faits, mais décrédibilise leur qualification juridique. Son aisance oratoire le place dans le camp des dominants, la caste des gens de pouvoir.
A la barre, Ike Ngouoni a assumé la nature d’une vie parsemée de délits. Il s’est défendu sans s’écraser, sans s’humilier. Pour autant, peut-il, maintenant, retourner à la rencontre des Gabonais ? Certains, veulent croire que les débats auront fait avancer les choses. On veut faire le procès de la société mais ici, on fait le procès des hommes.