« Et revoilà la haute saison de la transhumance politique » annonce Romuald Assogho Obiang.

Débauchage, démission, ralliement, adhésion, disgrâce, passage spectaculaire par la case prison, retour en grâce non moins spectaculaire… fusion-absorption, dissidence, scission, schisme… et bis repetita.

Ainsi peut-on en quelques mots résumer le registre politique de l’homo politicus gabonicus.

Des mots qui, couplés, correspondent aux couloirs bidirectionnels du labyrinthe dans lequel la «fine fleur» de l’élite de mon pays est enfermée à temps plein dans une routine qui va connaître la frénésie des marchés aux puces à l’approche et dans le sillage immédiat de l’élection présidentielle, point d’orgue de la compétition pour le pouvoir suprême pour les uns et de la course aux postes pour les autres.

La politique du ventre encore et toujours.

Le développement et l’amélioration des conditions de vie des populations peuvent attendre puisque, apparemment, le maître de la création a érigé le Gabon en siège terrestre de la jouissance sans frein ni brides à défaut de lui donner une élite aux nobles desseins.

Dans le jeu-que les acteurs et leurs figurants appellent «faire la politique» avec une concupiscence et un compérage assumés-qui voit la fin et les moyens de la fin accouplés dans de perpétuels ébats incestueux les dupes ce sont les centaines de milliers de Gabonais qui resteront privés d’infrastructures de base, d’écoles, de soins de santé primaires réguliers (et non pas dispensés en forme d’aumône par «caravanes» interposées le temps d’une campagne électorale), étant entendu que les transactions du mercato politique saisonnier se font rarement sans bourse délier.

Pour une raison que Dieu seul connaît le Gabonais lambda est soumis au châtiment de Tantale, condamné qu’il est à admirer ailleurs ce à quoi ils n’aura pas droit chez lui de sitôt quand on réalise la faculté que cette élite unique au monde a de se reproduire et de se régénérer tel l’Hydre de Lerne de la mythologie grecque.

À quand la création d’agences de notation comparative des élites politico-administratives des pays sur le modèle des agences de notation sociale et environnementale qui évaluent les entreprises selon des critères sociaux et environnementaux?

Encore que le rang que le Gabon occupe dans divers classements comme la corruption, les crimes rituels, les abus sur mineurs, les performances économiques et sociales, l’indice de développement humain, la qualité de l’enseignement, etc. ne semble pas émouvoir grand monde.

Il faudra néanmoins que le législateur et le constituant se penchent sérieusement sur le dévergondage politique (particulièrement licencieux en période préélectorale) auquel des élus nationaux et locaux se livrent sans aucun égard ni pour les populations de qui ils tiennent leur mandat ni encore moins pour la formation politique sous la bannière et avec les moyens de laquelle ils ont sollicité et obtenu les suffrages des Gabonais.

Un tel comportement, qui participe purement et simplement de l’escroquerie et de l’abus de confiance, ne saurait avoir continuellement cours dans une démocratie digne de ce nom.

Romuald Assogho Obiang

Paul Essonne

Journaliste

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