Plusieurs convocations adressées à des officiels gabonais venant de la juge d’instruction française Elodie Maryann causent des remous au Gabon. Selon un article du média européen Mediapart publié le 27 juin 2022, le texte de plainte dénonce la détention au Gabon de deux Français dont l’ancien directeur de cabinet du président Bongo Ondimba. Les avocats des deux détenus seraient inquiets pour la santé des prisonniers et dénoncent un règlement de comptes politique digne d’un western.
Au centre de cette tension, le sort de deux ressortissants français, Brice et Grégory Laccruche Alihanga incarcérés à Libreville depuis deux ans et demi dans des conditions dont les avocats ont qualifié d’«inhumains ».
L’enquête de la juge d’instruction française va plus loin, en effet, le texte de la plainte présenterait Noureddin Bongo comme « l’instigateur des faits » laissant entendre qu’il aurait joué un rôle dans la mise en place de l’opération scorpion, à l’origine de l’arrestation de BLA. C’est d’ailleurs cette même plainte qui va contrainte les officiels gabonais à se faire entendre par la juge française.
La plainte affirme que l’opération scorpion s’apparente à un «règlement de comptes de nature politique ».
Le nom de Brice Laccruche Alihanga, surnommé BLA, est bien populaire au Gabon. En effet, l’homme a été pendant deux ans le directeur de cabinet du Président Ali Bongo Ondimba. Né à Marseille en 1980, il a grandi au Gabon, de son vrai nom Fargeon, il délaisse son patronyme pour celui de son beau-père, l’homme qui épousa sa mère. Il fait ses preuves en politique en créant l’Association des jeunes émergents volontaires (AJEV).
Militant pour la réélection du Président, il gagne peu à peu la confiance de la famille présidentielle, mais aussi des Gabonais. De plus pendant la convalescence du chef de l’Etat, BLA dirige quasiment le pays, donnant au fil du temps l’impression de nourrir des ambitions politiques plus grandes. La suite nous la connaissons.
Cependant les Gabonais s’interrogent au final, que retenir de cette situation qui met d’une part la France, et de l’autre Libreville ? La France a-t-elle le droit d’interférer dans cette affaire ?
Pour Libreville, il n’est cependant pas question d’aller dans ce sens « le Gabon est un Etat de droit » et « dans un Etat de droit quand on est condamné, on purge sa peine », explique Jessy Ella Ekogha porte-parole du gouvernement gabonais.
Cependant, la nationalité française de Laccruche empêche de garder l’affaire dans un cadre strictement gabonais. Sans pour autant imposé leur volonté, toutefois le Quai d’Orsay est intervenu auprès des autorités gabonaises pour obtenir que leurs conditions de détention soient améliorées, compte tenu des problèmes de santé de BLA, qui souffrirait d’un cancer.
Toute la question est de savoir si les personnes convoquées accepteront « qu’un juge d’instruction demande des comptes à des collègues d’un Etat étranger ».