« Chercher à vous libérer et non à changer de maître » dixit Geoffroy FOUMBOULA LIBEKA MAKOSSO.

En introduction de mon propos, je tiens rappeler que le combat visant à libérer ce pays ne porte pas sur les hommes, mais sur notre modèle de pensé. En ce sens, le mal reste mal, qu’il soit opéré par un politicien ou un tiers.

À l’approche de chaque élection, tout système dictatorial utilise deux principaux leviers pour annihiler tout espoir d’éveil de conscience :

1) Faire de certaines personnalités (diplômés, intellectuels, etc.) des modèles en matière de politique sociale;

2) Élever dans le mapane, des modèles en matière de politique sociale.

C’est de la philanthropie souvent au bénéfice du système d’une façon comme d’une autre.

Dans le premier cas, le tenant du système s’assure que le politique ait dans son filet ceux considérés comme réfléchis (diplômés, intellectuels…). Dans le second cas, il s’assure que la contestation souvent conduite à majorité par le mapane soit sous son contrôle. Dans les deux cas, le politique s’assure de contrôler à la fois la rue et l’élite, avec le double avantage de créer un foyer important d’indécis, lesquels seront apeurés, soit par la crainte de perdre un privilège (influence du 1er cas) et/ou la crainte d’être victime d’un dommage collatéral de la rue (influence du 2e cas). Dans toutes les dictatures, aucun acteur de la rue, œuvrant dans l’illicite ne peut évoluer sans l’appui des gouvernants, chose valable pour les hommes d’affaires, etc. L’accord étant que le gouvernant ferme les yeux sur tes actions, en retour tu œuvres à ce que les personnes que tu accompagnes ferment les yeux sur les actions des gouvernants. En un mot, œuvrer à ce que les consciences des masses ne s’éveillent en faisant du silence une vertu.

Mais, partout où les peuples disposent du minimum, c’est bien parce que les consciences se sont éveillées afin de combattre les gouvernants corrompus et corrupteurs pour instaurer démocratie et bonne gouvernance, c’est cela le patriotisme qui se différencie de l’individualisme.

Un Grand-frère me disait une fois, sans mauvaise intention aucune : « tu as trop de potentiel pour le gaspiller ainsi dans ce combat, c’est pas toi qui va changer les choses. Travaille et voit comment aider autour de toi, laisse ces choses là ». La question que j’ai posé est la suivante : « est-ce que c’est en aidant 10 ou 15 personnes, même 1000 personnes sur près de 2 millions de gabonais que leur situation sera améliorée de façon définitive ? Suis-je sûr de le faire pendant combien de temps ? Les revenus que j’aurais, même s’ils sont de 20 millions de francs CFA par mois, me permettront-ils de répondre au besoin de tous? ». Le mieux, ne serait-il pas que les consciences s’éveillent, que le Gabonais, au lieu de chercher à dépendre du revenu d’un autre Gabonais, se lève, prend ses responsabilités et se battent pour que l’Etat, l’argent des ressources de son pays, prennent soin de lui ? Les autres l’ont fait (Sénégal, Bénin, Ghana, Nigeria, Afrique du Sud, Kenya, etc.), pourquoi pas nous?

Devons-nous laisser prospérer dans les consciences collectives l’idée selon laquelle le plus important est de voir un homme d’affaires honnête (artiste, sportif, entrepreneur…), un criminel s’étant enrichi dans l’illicite (drogue, proxénétisme, alcool, meurtre, etc.), un politicien détourneur de fonds, etc. offrir des aides à des jeunes gabonais tout en restant silencieux sur l’injustice qui cause cette pauvreté? Agir ainsi, ne revient-il pas à asservir cette même population d’une autre façon en créant un lien de dépendance et de reconnaissance envers l’individu qu’envers la nation ? Pourquoi ne pas faire les deux dans ce cas si c’est réellement pour contribuer à libérer le pays: aider et dénoncer ?

Tous les peuples qui bénéficient du minimum aujourd’hui (Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria, Afrique du Sud, etc.) sont arrivés à ce résultat, pas grâce aux aides des plus nantis, mais par la capacité de ces derniers et des victimes à s’engager pour lutter contre toutes les formes d’injustice. L’aide d’un Homme te servira un temps (avec obligation de dette morale) mais l’aide de l’État (la bonne gouvernance et la démocratie) te servira toi et ta descendance toute la vie (sans dette morale). Cesser de rechercher le bout de pain (l’aide d’un Homme), rechercher la boulangerie (l’argent des ressources de votre pays, votre argent).

Geoffroy FOUMBOULA LIBEKA MAKOSSO

Paul Essonne

Journaliste

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