Brexit : Le Royaume-Uni quitte l’UE: Un saut vers l’inconnu ?

C’est un événement historique : ils sont 60 millions et ils ne feront plus partie de l’Union européenne. Les Britanniques mettent ainsi fin à près d’un demi-siècle d’appartenance à l’UE (Union Européenne). Londres a mis en œuvre le Brexit, deux ans après le référendum où les Britanniques ont décidé de quitter l’Union européenne. C’est certainement l’aube d’une nouvelle ère.

Le Brexit est désormais réalité, le Royaume-Uni entame ce samedi sa nouvelle vie hors de l’Union européenne. Le divorce est prononcé. Après 47 ans de vie commune houleuse, le Royaume-Uni est devenu vendredi 31 janvier le premier pays à quitter l’Union européenne pour écrire un nouveau chapitre, riche en incertitudes, de son histoire. Il aura fallu trois ans et demi de déchirements pour que le grand saut dans l’inconnu, voté à 52 % par les Britanniques en 2016, se concrétise.

Historique, l’événement marque un nouvel épisode où tout reste à écrire, mais pas la fin des divisions qui ont fracturé le Royaume-Uni. Le jour a beau être historique, il n’entraîne pas de grand changement concret dans l’immédiat. Pour que la séparation se fasse en douceur, le Royaume-Uni continuera d’appliquer les règles européennes jusqu’au 31 décembre 2020.

Le pays doit désormais négocier sa future relation avec les Européens. Le Royaume-Uni doit désormais s’atteler à la tâche difficile de rebâtir des relations avec le bloc réduit à vingt-sept et amputé de 66 millions d’habitants. Mais aussi avec les grandes puissances comme les Etats-Unis.

En réalité, le Brexit tel qu’il se matérialise, propose le scénario suivant : Hors de l’UE et de ses instances décisionnaires, mais toujours dans le marché unique et l’Union douanière, le Royaume-Uni inaugure une nouvelle forme de rupture. Un entre-deux baptisé période de transition. Un arrangement inédit qui promet de nouvelles négociations pimentées entre deux partenaires qui, à défaut d’être encore amoureux, tenteront de rester amis. On vous explique comment.

Au 1er février, le Royaume-Uni entre ainsi dans une période de transition, laquelle sera en grande partie dédiée à la négociation avec ses ex-camarades de l’UE. Pour l’anecdote, ils ne sont même pas d’accord sur le nom à donner à cette phase (le gouvernement britannique préfère le terme période d’implémentation). Conformément à ce qui est prévu dans l’accord de retrait, elle doit durer jusqu’au 31 décembre 2020, date à laquelle l’Union européenne ouvrira une nouvelle phase budgétaire.

Prévue à l’origine pour durer vingt et un mois, la période de transition a été raccourcie à onze mois au fil des reports successifs du Brexit. Elle pourra cependant être prolongée, à condition que la demande soit faite avant le mois de juillet.

Pour les citoyens, rien ne change. Pendant la période de transition, la libre circulation des personnes, des biens et des marchandises est toujours de mise. Européens et Britanniques circuleront sans visa ni contrôles particuliers de part et d’autre de la Manche. Rien ne change non plus pour les entreprises qui importent depuis ou exportent vers le Royaume-Uni. Aucun droit de douane ne s’appliquera et Londres continuera de respecter les réglementations européennes comme si le pays demeurait dans l’Union.

La Cour de justice européenne (dont le travail est d’assurer une interprétation et une application uniforme du droit de l’Union) demeure compétente pour le Royaume-Uni, quand bien même le pays n’est plus membre de l’UE. Les droits des citoyens britanniques resteront les mêmes que ceux des citoyens communautaires, sans distinction, pendant les onze mois de cette période de transition.

Les Britanniques ne siégeront donc plus dans les institutions qui édicteront, sans eux, des lois qu’ils devront quand même appliquer jusqu’à la fin de la transition.

Quand ils ont rédigé l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, les négociateurs européens et britanniques savaient qu’ils n’auraient pas assez de deux ans pour, à la fois, s’accorder sur les termes de leur divorce (rappelons que cela leur a pris trois ans et demi !) et établir les nouvelles règles qui régiront leurs relations. La période de transition doit donc leur servir à se mettre d’accord sur l’après-Brexit.

En quittant l’UE, les Britanniques sortent mécaniquement de 600 accords internationaux passés par l’Europe au nom de ses Etats membres. Transport maritime ou ferroviaire, énergie, tarification du carbone, lutte contre le blanchiment d’argent, échange de renseignements, sécurité sanitaire, accès aux marchés financiers, politiques migratoires. Avec le Brexit, tout fera l’objet d’âpres négociations entre Londres et Bruxelles. Il faut bien avoir conscience du fait que la prochaine phase de négociations sera plus compliquée que la phase consacrée à l’accord de retrait.

Il faudra donc déterminer quels sont les secteurs qui seront couverts par cet accord, quels autres seront abordés plus tard et ce qu’il faudra faire en attendant. Dans le même temps, Londres tentera de nouer de nouveaux accords commerciaux avec ses partenaires non européens.

Les négociations ne devraient débuter qu’au mois de mars, le temps que les Européens s’accordent sur un mandat, c’est-à-dire sur les objectifs qu’ils défendront collectivement face au Royaume-Uni. Or, les intérêts et les priorités sont différents d’un pays à l’autre.

En définitive, il est possible que ce soit l’UE qui demande de prolonger d’un an ou deux la période de transition. Et pour cause : l’accord négocié devra être ratifié par les Parlements nationaux des 27. Pour parer à toute éventualité, Londres et Bruxelles continueront de se préparer à un échec de ces discussions… ce qui déboucherait sur le scénario du no deal. Une sortie chaotique de l’UE qui pourrait ainsi intervenir le 1er janvier 2021.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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