C’est ce que je pense de la polémique qui persiste après le fiasco de la CAN 2022 jouée au Cameroun, suite aux exploits actuels de Pierre-Emerick Aubameyang (PEA). Pour une fois, je ne suis pas d’accord avec Raymond Ndong Sima à qui j’exprime mon respect pour ses analyses toujours pertinentes sur les sujets d’actualité au Gabon.
S’agissant donc de PEA, il est évident qu’aucun gabonais ne lui conteste son talent footballistique. Ce serait être de pure mauvaise foi. Ce n’est pas le sujet. Ceux qui se servent de ses exploits récents pour enfoncer le couteau dans la plaie d’une CAN ratée par le Gabon, se trompent de diagnostic.
Car ce qu’on reproche à PEA, ce n’est ni l’absence de talent, ni celle de discipline. C’est l’absence d’altruisme dans la vie. Cet altruisme dont il bénéficie pourtant de ses coéquipiers sur les terrains de foot. Car, pour bâtir une personnalité incontestable par tous, il faut au talent sportif adjoindre un talent social.
Je n’ai rien contre PEA, mais je pense qu’il serait un formidable et admirable ambassadeur du Gabon, au Gabon et ailleurs, s’il agrémentait son talent sportif avec de l’altruisme, à travers des œuvres sociales au bénéficie de son pays. Sans changer le monde, puisse-t-il au moins améliorer la vie de quelques gabonais.
Peut-être le fait-il déjà, je n’en sais rien et je l’espère. Mais il gagnerait à soigner sa personnalité par un peu de générosité et aussi de simplicité. Les Ferrari et les Lamborghini à 300 000 euros (à près de 200 millions de francs CFA), c’est bien, mais des petites œuvres caritatives utiles aux petits gabonais, même de Minvoul, c’est pas mauvais non plus.
Que ceux qui voudraient sur ce post venir verser leur bile, réfrènent leur envie pour se demander une seule fois pourquoi les joueurs africains de même calibre, sont moins décriés dans leur pays? Est-ce vraiment le hasard que Georges Weah soit parvenu à la tête de son pays après un long engagement social? Est-ce le hasard que Sadio Mané soit adulé au Sénégal?
Qu’on en convienne, le foot à lui tout seul, quel que puisse être la pureté de son talent, ne saurait être le seul argument qui contribue à bâtir cette unanimité populaire dont bénéficient certains joueurs. Tout le monde ne trouve pas son bonheur dans le seul foot. Il y a d’autres valeurs qui concourrent à asseoir cette ferveur populaire qu’on réclame pour PEA.
Personnellement, malgré la beauté de son talent, AUBA n’est pas le modèle de joueur qui me fait grimper aux arbres. La quantité et la qualité des buts ne suffisent pas à me faire aimer un joueur. Il y a des joueurs infiniment moins talentueux mais qui me paraissent infiniment meilleurs à cause de l’idéal qu’ils poursuivent dans la vie et qu’ils matérialisent par leur engagement sociétal.
Alors, sans aucune animosité, et sans rancœur à l’égard de tous les inconditionnels de PEA, dont je réaffirme qu’il est sportivement au dessus de la mêlée, peut-on respecter aussi le droit de certains de lui faire cette critique, qui n’a d’ailleurs d’objectif que de contribuer à lifter l’image de ce jeune gabonais parmi les plus visibles de sa génération?
Ou doit-on, comme on en a l’habitude dans ce pays, toujours le caresser dans le sens du poil, pour paraître socialement et politiquement correct? Le sport de haut niveau est une éternelle remise en cause où les athlètes qui relèvent de l’élite sociale, doivent constamment repousser leurs limites physiques et aussi leurs limites morales. C’est ça qui est ça!
Serge Abslow