Les non-dits du récent article publié par RFI et intitulé « Trois mois après le coup d’État au Gabon, que devient le président déchu Ali Bongo? » doivent interpeller tout observateur ou acteur de la vie publique de notre pays.
Il est curieux qu’après 14 ans de gestion catastrophique du pays, de coups d’Etat électoraux et de violences électorales contre le Peuple gabonais, certains s’empressent de proposer un exil à Ali Bongo Ondimba au lieu d’exiger que son cas fasse d’abord l’objet d’un procès devant la Justice.
C’est ce que semble nous révéler entre les lignes l’article de RFI qui rapporte que :
« Ali Bongo serait « touché » par la situation, même s’il reste fort mentalement. « Il ne comprend pas cette violence contre lui. L’armée lui a proposé de s’exiler il y a environ un mois. Un avion était prêt, mais il a refusé de quitter le Gabon. Preuve de sa solidité. Il ne veut pas partir sans sa femme et son fils. Il affirme qu’ils n’ont rien fait et qu’il est prêt à prendre ses responsabilités », indique un proche des Bongo, ajoutant que le nouveau pouvoir cherche à tout mettre sur le dos de Sylvia et Noureddin Bongo. « Les militaires disent qu’ils dirigeaient, usurpaient sa signature, mais aucune décision n’était prise sans l’aval d’Ali qui était en pleine possession de ses moyens malgré son handicap physique », précise cette source.
De quoi se poser des questions.
Alors que Sylvia Bongo, son fils et ses amis d’infortune ont été jetés en prison, voici qu’Ali Bongo, selon le témoignage de RFI, affirme que sa femme et son fils « n’ont rien fait » et que, lui, est prêt à prendre ses responsabilités ».
Comment, avec autant de contradictions, la Justice continue-t-elle de faire la sourde oreille ?
On nous avait annoncé qu’Ali Bongo est libre de ses mouvements, pourtant l’entrée de sa résidence est bloquée par un char de guerre et ses visites sont restreintes voire contrôlées. Comme en témoignent les récentes images de sa « mère » filmée en plein sit-in à l’entrée de cette résidence.
Tout ceci n’est pas cohérent et l’opinion a le droit de savoir ce qui se passe réellement.
LE RISQUE D’UN GRAND DÉBALLAGE FAIT-IL PEUR À CERTAINS ?
Toute cette actualité semble indiquer que certains ont peur d’une confrontation avec Ali Bongo Ondimba devant la Justice. Ce dernier pourrait révéler des choses qui ne cadreront peut-être pas avec la version officielle de l’histoire et de la gestion du pays depuis son AVC jusqu’au coup d’Etat du 30 août 2023.
En réalité, le procès sur la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba ne saurait se faire sans dommages collatéraux. C’est certainement ce que peuvent craindre ceux qui souhaitent le soustraire de la Justice en l’envoyant plutôt en exil.
Qui peut croire qu’Ali Bongo Ondimba tomberait seul et serait seul à porter la responsabilité de sa gouvernance depuis 2009 ?
Qui peut croire qu’il est seul responsable de son arrivée brutale au pouvoir en 2009 ? Seul responsable de la répression observée au Rond-point de la démocratie en 2009 en présence des feux candidats Pierre Mamboundou et André Mba Obame ?
Qui peut croire qu’Ali Bongo est seul responsable des violences électorales de 2016 ? Si l’armée a pu les éviter en 2023, ne l’aurait-elle pas pu en 2009 et 2016 ?
Qui peut croire que Accrombessi et autres ont agi seuls dans les scandales liés au pillage des biens de l’Etat ? Qui peut croire que Ali Bongo, sa femme, son fils, Oceni et autre Accrombessi sont seuls responsables de la mal-gouvernance de ces 14 dernières années ?
Attention à la Justice des actuels vainqueurs !
Parce qu’au quartier, on voit des immeubles, des investissements imposants partout, et on lit des articles de presse qui présentent des investissements à l’Etranger de ceux qui étaient les accompagnateurs du pouvoir d’Ali Bongo à la présidence et dans les autres institutions.
Attention à la Justice des actuels vainqueurs !
Hier, elle semblait s’abattre contre BLA et ses amis. Aujourd’hui, elle semble s’abattre contre Sylvia, Noureddin et ses amis…
La période actuelle de Transition doit plutôt être un moment de vérité pour mettre fin à ce cycle qui ressemble davantage à des règlements de comptes successifs.
On ne construit rien de durable avec une Justice à deux vitesses.
On ne construit rien de durable lorsque la Justice ressemble à un instrument de règlement de comptes.
Le Gabon mérite mieux. Loin du culte de la personnalité du moment.
On a connu et vu des louanges chantées hier à Ali Bongo, Accrombessi, BLA, Sylvia, Noureddin… Où sont leurs louangeurs et kounabélistes aujourd’hui ?
Que le Président de la Transition ne se contente pas des apparences. Qu’il ne reproduise pas les schémas d’un PDGisme et d’un kounabélisme éculé. Comme cela se dessine avec son prochain passage dans la province du Woleu-ntem, avec des comités d’organisation dignes de l’ère Ali Bongo.
Chez nous à OYEM, justement, on dit : « a mane anou, a mane ki a Nlem ». Autrement dit, « ce n’est pas parce que la bouche s’est tue que les pensées et sentiments profonds s’effacent ».
Le Gabon mérite une Justice et des institutions fortes et non des Hommes forts qui les soumettent.
Bon week-end.
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Étienne Francky Meba Ondo
Dit Meboon Môôn Meba Ondo