« Nous nous tenons, tous les 40, à votre disposition pour apporter des précisions sur ces différents points ». C’est en ces termes que Louis Gaston Mayila a donné la parole à la presse après la déclaration du groupe des 40. A l’évidence, cette conférence de presse était une réponse au rejet de l’opinion au regard de la déception suscitée par les conclusions de la concertation.
Cette déception tient du fait que ces conclusions semblent avoir douché définitivement les derniers espoirs d’alternance du peuple gabonais. Il est appréciable que les journalistes présents aient fait preuve de pugnacité en mettant le doigt sur ce qui dérange ces 40 opposants, qui ont soigneusement évité d’aborder les questions de fond que soulève l’opinion, pour se lancer dans des démonstrations aussi bancales qu’approximatives.
Mais où réside cette impression d’arnaque intellectuelle qui laisse tout le monde pantois? Dans le malaise perceptible des explications maladroites de nos 40 opposants au travers les arguties des 6 leaders qui se sont relayés dans une prise de parole désordonnée. Je ne m’arrêterai pas sur les explications brumeuses du vieil avocat qu’il faut mettre au crédit de la conquête de la sénilité sur son corps.
Mais Akure Davain, tout de même, a paru bien laborieux, loin de sa verve habituelle. Ramant dans ses justifications, il a choisi d’invectiver son camp politique, au lieu de convaincre les gabonais de la pertinence des décisions issues de la concertation qu’il a menée pour l’opposition. En tout cas, ses arguties pour en justifier les conclusions, sont perçues comme leur ayant été arrachées par plus malins qu’eux.
Le député a tenté de banaliser sa responsabilité par une note d’humour, en livrant la teneur des messages qu’il reçoit des gabonais. Mais la pilule n’est pas passée. Peu convaincu par ses propres explications, il a du appeler à l’aide Richard Moulomba, pour l’aider à justifier le retour à un scrutin à un tour alors même que les mêmes acteurs avaient déjà admis en 2017 le principe de 2 tours d’élection.
Le pauvre Richard Moulomba, solidaire malgré lui de son président circonstanciel, n’aura pas été plus à l’aise, se perdant dans des explications techniques sur la biométrie sans aucun lien avec la question posée. Volant à leur secours, Serge Maurice Mabiala a ajouté une couche de ridicule à ce pénible plaidoyer pro domo, en détournant la question de la limitation de mandat pour la lier à la candidature unique de l’opposition.
Dans ce festival d’arguties pour justifier leur débâcle actée, Paul Marie Ngondjout a tenu à prendre la parole, sans plus de conviction, certainement pour se faire une place dans ce sextuor incarnant une opposition larguée qui vit mal la pression de l’opinion, pour s’être fait manœuvrer dans ce marché de dupes par une majorité plus stratège et qui ne se prive d’ailleurs pas de se payer leur tête aujourd’hui.
Très franchement, l’exercice auquel s’est livré ce jour cet attelage improbable d’une opposition définitivement aux abois, est une tentative désespérée de reconquérir une opinion publique qui l’a irréversiblement vomie et s’en est définitivement détournée. Sinon, que nous a-t-elle appris de plus que ce que nous avait déjà révélé la majorité et son leader charismatique, ACBBN, lors de sa conférence de presse du week-end dernier ?
« La parole est d’argent et le silence est d’or ». Nos opposants auraient eu beau jeu de se taire. Avec leur conférence de presse, ils n’ont rien fait de plus qu’asséner leur gêne et leur malaise. Ce fut un double aveu d’échec matérialisé par l’acceptation de concessions en parfaite inadéquation avec les objectifs poursuivis par la concertation et par leur effet contraire sur l’opinion nationale.
« Ali Baba et les 40 voleurs » aurait pu être le titre de cette tragi-comédie qui conforte le sentiment que nos 40 opposants blazés, ont volé le rêve d’alternance du peuple gabonais en permettant à la majorité de réaliser le hold-up politique qui lui assurera demain une victoire cash. Pour preuve, cette opposition désabusée est déjà en train de chercher ses repaires dans l’opposition traditionnelle dont elle a renforcé la fracture.
Serge Abslow