« Voyage en histoire 27 : La Gold Coast entre 600 et 1100 » par Jacky Bayili.

La période qui va du VIIe au XIe siècle en Gold Coast (sud et centre du Ghana actuel) a été de toute évidence une période de formation et de transition entre les ensembles de villages préhistoriques antérieurs au VIIe siècle, d’une part, et les ensembles urbains, commerciaux et technologiquement très avancés, qui sont apparus en 1200 et par la suite. L’obscurité apparente de la période allant de 600 à 1100 n’est pas due à l’absence d’événements en soi de la période (étant donné qu’on a recueilli dans plusieurs parties du pays beaucoup d’éléments sur la période préhistorique antérieure comprise entre l’an – 1500 et l’an + 500), mais plutôt au fait que les érudits ont prêté relativement moins d’attention à cette période et aux recherches la concernant.

Les origines préhistoriques

Pendant les Ier et IIe millénaires avant l’ère chrétienne, diverses parties de la forêt et de la savane de la Gold Coast furent colonisées par des villageois qui construisirent des maisons en terre battue, en bois, en pierre et en blocs de latérite et pratiquèrent une économie de subsistance combinant la pêche, la chasse, la cueillette ou la « culture » de l’igname, du palmier à huile, des fruits, de la dolique, du micocoulier, du canarium et l’élevage de petit bétail à cornes courtes et de chèvres.

Si nous avons des preuves convaincantes et évidentes de la pratique du pastoralisme, celles qui concernent l’agriculture sont plutôt minces, surtout parce qu’il est difficile d’effectuer des recherches archéologico-botaniques dans des sols tropicaux. Néanmoins, il existe tant de témoignages techniques de cette activité, sous la forme de haches en pierre polie et de houes en pierre utilisées pour l’abattage des arbres, le défrichage et la préparation des sols, qu’on est obligé de supposer que la culture de certaines tubéreuses, comme l’igname d’origine autochtone, et de certaines céréales, comme le sorgho blanc ou le millet, est ancienne.

Environ 80 % des sites connus des villages appartenant à l’ensemble Kintampo, ainsi nommé d’après le site type découvert dans la région des Brong, ont été fouillés. La superficie des villages ainsi explorés à ce jour varie entre 2 000 m2 (Mumute-Brong) et 115 300 m2 ( Boyase, près de Kumasi), en passant par 21 000 m2 (site de Kintampo KI).

On peut en fait comparer certains de ces sites aux villages modernes du Ghana pour ce qui est de la superficie et de la population. Les techniques et l’économie de subsistance pratiquées dans ces villages préhistoriques révèlent une adaptation très évoluée à l’environnement et la spécialisation de ses habitants. Certains éléments semblent indiquer que des aires spéciales étaient réservées aux ateliers des potiers, à ceux des fabricants d’outils en pierre ou aux opérations de meunerie, etc. L’ensemble Kintampo est également celui où l’on a trouvé les sculptures en céramique les plus anciennes de la Gold Coast. Il n’y a aucune raison de penser que les populations dont les restes ont été découverts dans le complexe de Kintampo parlaient une seule langue dans toutes les régions, comme l’affirme Colin Painter, en associant le guan au complexe de Kintampo.

En fait, il est possible qu’une (sinon la totalité) des formes du protoakan, du proto-guan et du proto-gā/dangme, ait été utilisée pendant le Ier millénaire avant l’ère chrétienne. Grâce aux correspondances entre les études linguistiques et archéologiques sur le baule, l’anyi, le bia et l’akan, il semble possible (mais cela reste encore à vérifier) que la civilisation proto-akan se soit développée dans des zones de forêt et de savane englobant les régions centrales et le sud de la Côte d’Ivoire et de la Gold Coast, et que l’ensemble Kintampo, dont les sites ont déjà été repérés dans ces deux pays, constitue les vestiges archéologiques d’une population de langue proto-akan adaptée à l’environnement et ignorant les frontières qui existent actuellement entre la Côte         d’Ivoire et le Ghana.

Les fouilles archéologiques effectuées dans les plaines d’Accra indiquent que les chasseurs cueilleurs et les pêcheurs de la fin de l’âge de pierre, qui avaient une économie fondée sur les coquillages et la fabrication de la poterie, étaient déjà actifs dans la zone de la lagune de Gao (Tema) entre le IVe et le IIe millénaire avant l’ère chrétienne, et qu’ils se mirent ensuite à fonder des villages agricoles tels qu’on en trouve dans l’ensemble Kintampo, comme le village de Christian situé près de l’Université du Ghana à Legon. Sur le site de Ladoku, une strate de la fin de l’âge de pierre comportant des traces de fabrication d’éclats de silex et de poteries décorées a été découverte immédiatement sous une strate de l’âge de fer comportant des restes de poteries cherekecherete du type dangme et des perles de bauxite que la datation au carbone 14 permet de situer entre 1325 et 1475.

Si les incursions limitées à de petits groupes de population et les contacts commerciaux et culturels sont des caractéristiques courantes de l’évolution de la plupart des sociétés et doivent être dûment prises en compte, en revanche, l’ancienne thèse des exodes massifs de populations d’un endroit à un autre est (sauf dans des cas rares) une façon peu convaincante d’expliquer les origines ethniques et culturelles. A cet égard, les anciennes théories supposant des migrations des Akan d’ Égypte ou de l’ancien Ghana, et des migrations de l’actuelle République populaire du Bénin et du Nigéria, des Gā/Dangme doivent être considérées, pour des raisons archéologiques et linguistiques, comme très peu fondées.

L’un des principaux jalons de l’évolution culturelle des populations de la Gold Coast est le commencement et le développement de la métallurgie du fer. Son adoption fut cruciale pour le passage d’une économie paysanne et isolationniste à une économie caractérisée par un très haut niveau technologique, une agriculture extensive, des industries et artisanats diversifiés et des systèmes commerciaux et socio-politiques complexes. Les traces les plus anciennes de la technologie du fer proviennent de Begho (+ 105 ± 255) et d’ Abam, Bono Manso (+ 290 ± 350). Les fouilles effectuées sur ces sites ont permis de trouver des vestiges de fourneaux, des scories et de la poterie, ainsi que du charbon de bois qu’on a pu dater.

Vestiges concernant la période entre 600 et 1300

La période comprise entre 600 et 1300 a été qualifiée « d’âge des ténèbres » de l’histoire de la Gold Coast, dans le sens où l’on en sait moins sur cette période que sur d’autres périodes des quatre derniers millénaires. Mais les vestiges que l’on a recueillis incitent à formuler l’hypothèse que cette époque a surtout été une période de formation au cours de laquelle s’est amorcée l’édification des infrastructures de la société. En raison de la rareté relative des vestiges dont on dispose pour reconstituer l’histoire de cette période, on peut se permettre d’extrapoler quelque peu à partir de ceux qui concernent des phases antérieures ou postérieures et de recourir en outre à des preuves indirectes.

Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)

Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)

Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….

D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…

Paul Essonne

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *