« Voyage en histoire 26 : L’avènement des Sēfuwa, Tchad, Afrique ancienne du VIIe au XIe siècle » par Jacky Bayili.

Par une coïncidence extraordinaire, le changement dynastique survenu au Kānem aux alentours de l’année 467/107571 n’est clairement signalé dans aucune des sources disponibles. Il serait donc strictement impossible de dégager avec netteté la succession des événements ayant conduit au changement dynastique ou de dégager ses conséquences économiques et sociales d’une manière précise. En raison de la rareté des informations portant sur cette période, pourtant très importante, on sera forcé de se contenter de peu de choses : déjà, il faudra prouver qu’effectivement il y a eu un changement dynastique à cette époque, puis il faudra répondre à la question : « qui étaient les Sēfuwa ? », avant de pouvoir enfin tenter d’indiquer quelle était la signification globale des événements survenus.

A la fin du paragraphe consacré à ˓Abd al-Djalīl, le Dīwān porte une notice curieuse dont la signification réelle a échappé à la plupart des historiens : « Voilà ce que nous avons écrit au sujet de l’histoire des Banū Dūkū ; après cela, nous passons à la rédaction de l’histoire des Banū Ḥummay, qui professent l’islam ».

Depuis Heinrich Barth, on a pensé que cette remarque visait uniquement l’adoption de l’Islam — et non pas un changement dynastique — car, plus loin, les auteurs du Dīwān indiquent que le roi suivant, Ḥummay, était le fils de ˓Abd al-Djalīl. Or nous avons vu plus haut que Ḥū (ou Ḥawwā˒) était déjà musulman, de même que son successeur ˓Abd al-Djalīl, et cela ne pouvait pas avoir échappé aux chroniqueurs. Le passage précité marque donc autre chose que l’introduction de l’Islam.

Ce sera un auteur du VIIIe/XIVe siècle, Ibn Faḍl Allāh al-˓Umarī, qui rétablira clairement la succession des événements. Se fondant indirectement sur le témoignage du shaykh ˓Uthmān al-Kānemī, « un des proches de leur roi », il note en effet : « Le premier qui établit l’Islam [au Kānem] fut al-Hādī al ˓Uthmānī, qui prétendait faire partie des descendants de ˓Ukhmān b. ˓Affān.

Après lui, [le Kānem] échut aux Yazaniyyūn des Banū Dhī Yazan ». Les Yazaniyyūn mentionnés par al-˓Umarī ne sont autres que les Sēfuwa, dont le nom dérive de celui de Sayf ben Dhī Yazan. L’auteur dit en toutes lettres que l’accession au pouvoir des Sēfuwa a été précédée par l’introduction de l’Islam.

Beaucoup plus tard, au début du XIIIe/XIXe siècle, Muḥammad Bello donne davantage de renseignements sur l’avènement de la dynastie des Sēfuwa à un moment donné de l’histoire du Kānem. Il fait état d’un groupe de Berbères qui, ayant quitté le Yémen, arrive jusqu’au Kānem : « Les Berbères trouvèrent dans ce pays des gens différents (˓adjam), sous la domination de leurs frères Ṭawārīḳ [appelés] Amakītā. Ils leur prirent leur pays. Durant leur occupation du pays, leur État a prospéré au point qu’ils ont dominé les pays les plus distants de cette région.

Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)

Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)

Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….

D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…

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