« Voyage en histoire 21 : L’invasion des Banū Hilāl et des Banū Sulaym » par Jacky Bayili.

Lorsqu’en 439/1047, l’émir ziride al-Mu˓izz ibn Bādīs eut enfin retiré son allégeance au calife fatimide al-Mustanṣir pour la donner au calife abbaside de Bagdad, abandonnant ainsi sa foi chiite pour embrasser le sunnisme, la vengeance des Fatimides prit une forme particulière. Comme il leur était impossible d’envoyer une armée contre le rebelle, le vizir al-Yazūrī conseilla à son maître de punir les Ṣanhādja en livrant l’ Ifrīḳiya à une horde d’ Arabes nomades, les Banū Hilāl et les Banū Sulaym, qui vivaient à cette époque en Haute-Égypte.

Il ne fut apparemment pas trop difficile de persuader les chefs des deux ḳabīla d’émigrer vers l’ouest, puisqu’ils pouvaient s’attendre à trouver en l’Ifrīḳiya de grandes richesses à piller et de meilleurs pâturages que ceux de la Haute-Égypte.

Comme ces nomades étaient bien connus pour leur esprit d’indépendance et d’indiscipline, il devait être évident qu’ils ne ramèneraient pas l’Afrique du Nord sous la domination des Fatimides, et qu’ils n’y formeraient pas non plus un État vassal facile à gouverner. Par conséquent, les Fatimides n’ont pas voulu reconquérir leurs provinces perdues, mais seulement se venger des Zirides tout en se débarrassant de nomades indésirables et turbulents.

Les Arabes entreprirent leur migration en 442/1050 -1051. Ils commencèrent par dévaster la province de Barḳa. Les Banū Hilāl repartirent ensuite en direction de l’ouest, tandis que les Banū Sulaym demeurèrent à Barḳa où ils passèrent plusieurs dizaines d’années. Quand l’avant-garde des Banū Hilāl atteignit le sud de la Tunisie, al-Mu˓izz, qui n’était pas au courant du plan d’al-Yazūrī, ne comprit pas tout de suite quel fléau s’approchait de son royaume. Au contraire, il fit appel aux envahisseurs en croyant qu’ils pourraient être pour lui des alliés et alla jusqu’à marier l’une de ses filles à l’un de leurs chefs. Sur son invitation, la plus grande partie des Banū Hilāl quitta Barḳa et bientôt leurs hordes déferlèrent sur le sud de l’émirat ziride. Quand il vit que le pillage des villes et des villages ne faisait qu’augmenter, al-Mu˓izz perdit tout espoir de faire des nomades le principal élément de son armée. Il essaya d’arrêter leurs incursions, mais son armée, qui se composait en grande partie de Noirs, fut mise en déroute malgré sa supériorité numérique dans plusieurs batailles dont celle de Haydarān, dans la région de Gabès, en 443/1051 -1052, devint la plus célèbre29.

Les campagnes, les principaux villages et même quelques villes tombèrent aux mains des nomades ; le désordre et l’insécurité ne cessaient de s’étendre. Même en mariant trois de ses filles à des émirs arabes, al-Mu˓izz ne réussit pas à mettre fin à la dévastation de son pays ; il ne lui servit non plus à rien de reconnaître à nouveau la suzeraineté du calife fatimide en 446/1054 -1055. Pour finir, il dut abandonner Ḳayrawān en 449/1057 et se réfugier à al-Mahdiyya, qui devint la nouvelle capitale d’un État considérablement réduit. Aussitôt après, Ḳayrawān fut mis à sac par les Banū Hilāl, désastre dont cette ville ne s’est jamais remise.

Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)

Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)

Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….

D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…

Obone Flore

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *