« Voyage en histoire 18 : La lutte pour l’hégémonie en Afrique du Nord, Ve siècle au XIe siècle » par Jacky Bayili.

Si le renversement de la dynastie aghlabide et l’occupation de l’Ifrīḳiya proprement dite s’accomplirent en une période de temps relativement brève, les conquêtes fatimides au Maghreb se révélèrent par la suite plus lentes et plus difficiles. Cela s’explique en partie par la fragilité de la situation à l’intérieur de leur royaume et en partie par les assises étroites de leur puissance militaire.

La nouvelle doctrine du chiisme ismaïlien ne pouvait manquer de provoquer des troubles dans une région déjà partagée par le sunnisme malikite et le kharidjisme sous ses formes ibadite et sufrite. Tous ces groupes n’acceptaient qu’à contrecœur la domination des Fatimides et manifestaient souvent leur opposition, qui était soit sévèrement réprimée, soit étouffée par la corruption. La citadelle de l’opposition sunnite était Ḳayrawān, célèbre centre de l’orthodoxie malikite, dont l’influence sur les populations urbaines et rurales restait intacte. Bien que ces groupes sunnites ne fussent jamais passés à la révolte ouverte, leur résistance passive et l’éventualité de les voir s’unir aux forces kharidjites plus extrémistes contribuaient aux difficultés de la dynastie. Les califes exprimaient ouvertement leur mépris, voire leur haine, des populations locales et l’on peut supposer que ces sentiments étaient réciproques10.

Dès le début, les Fatimides considérèrent uniquement l’Afrique du Nord comme un tremplin pour de nouvelles conquêtes vers l’est, qui leur permettraient de supplanter les Abbasides et de réaliser leurs rêves de domination universelle. Ces projets grandioses les obligèrent à entretenir des forces armées (armée de terre et marine) puissantes et coûteuses. Bien que le dā˓ī Abū ˓Abd Allāh se fût rendu au début très populaire en abolissant de nombreux impôts illégaux, cette politique fut vite modifiée, et l’État fatimide réintroduisit un certain nombre d’impôts non canoniques, directs et indirects, de péages et autres contributions. On trouve dans les chroniques un écho du mécontentement général suscité par la politique fiscale des gouvernants « pour qui tous les prétextes étaient bons pour tondre le peuple »11. La situation militaire fut au début assez précaire, car les seuls soutiens de la dynastie étaient les Kutāma et quelques autres branches ou clans de Ṣanhādja.

Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)

Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)

Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….

D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…

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