Jamais le Maghreb médiéval n’a été autant peuplé qu’au IIIe/IXe siècle, ce qui contribue à expliquer son expansion au-delà de ses rivages. Par ailleurs, le mouvement allait alors, contrairement à ce qui se passera plus tard, vers la fixation des nomades, qui occupaient surtout le Maghreb central et les confins sahariens, et vers l’urbanisation. Les quatre grandes capitales politiques et culturelles du pays Ḳayrawān, Tiāret, Sidjilmāsa et Fès étaient de création arabo-musulmane. Au IIe/IXe siècle, Ḳayrawān comptait certainement quelques centaines de milliers d’habitants, et Ibn Ḥawḳal estimait que Sidjilmāsa n’était ni moins peuplée ni moins prospère. La concentration urbaine n’était pas toutefois la même partout. Le Maghreb oriental, la Sicile et l’Espagne étaient les zones les plus urbanisées. On ne peut citer tous les grands centres urbains. Disons seulement, pour fixer les idées, que la population de Cordoue a pu être évaluée, au IVe / Xe siècle, à un million d’âmes.
La société se distinguait par sa très grande diversité. Au Maghreb le fond de la population était constitué par les Berbères, qui ont été déjà présentés au chapitre précédent et qui sont eux-mêmes très divers. L’Espagne était surtout peuplée d’Ibères et de Goths. A ces deux substrats de base étaient venus s’amalgamer, surtout au nord et au sud, divers éléments allogènes. Les Arabes, jusqu’au milieu du Ve/XIe siècle, furent numériquement peu importants. Combien étaient-ils en Ifrīḳiya ? Quelques dizaines de milliers, peutêtre cent ou cent cinquante mille âmes tout au plus. Ils étaient encore moins nombreux en Espagne, et pratiquement absents du reste du Maghreb, où leur présence ne se laisse déceler qu’à Tiāret, Sidjilmāsa et Fès. Les Berbères, du Nord marocain surtout, avaient essaimé à leur tour vers la péninsule ibérique, où ils furent plus nombreux que les Arabes. A ces composantes il faut ajouter deux autres éléments ethniques dont l’importance numérique et le rôle spécifique sont encore plus difficiles à évaluer : d’un côté des Européens (des Latins, des Germains, voire des Slaves) considérés globalement comme des Ṣaḳāliba (Esclavons) ; et de l’autre des Noirs que nous rencontrons intimement mêlés à la vie des familles riches ou simplement aisées, et qui, comme nous l’avons déjà signalé, servaient dans les gardes personnelles des émirs.
Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)
Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)
Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….
D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…