La sphère d’influence de l’ibadisme fut initialement celle de Tripoli. Sa position était inconfortable. La défense de Tripoli (verrou du couloir de communication entre l’est et l’ouest) était en effet vitale pour maintenir la liaison entre Ḳayrawān et le siège du califat. Aussi aucun royaume ibadite officiellement reconnu ne put-il s’y maintenir fort longtemps.
Comme nous l’avions vu, l’insurrection vint d’abord de l’ouest : elle fut d’inspiration sufrite et de direction zanāta. Plus modérés, et par nécessité plus prudents, les ibadites commencèrent par adopter une attitude de pure expectative. Ils s’étaient d’abord organisés, conformément à leur théologie qui recommande le ḳu˓ūd et le kitmān, pour attendre l’heure propice. Celle-ci sonna en 127/745. Cette année-là, Damas était en proie à l’anarchie, et Ḳayrawān était tombée entre les mains de ˓Abd al-Raḥmān b. Ḥabīb, que nous retrouverons plus loin. Celui-ci commit l’erreur de faire exécuter le chef des ibadites de la province de Tripoli, ˓Abd Allāh ibn Mas˓ūd al-Tudjībī. Ce fut le signal du khurūdj (insurrection ouverte). Les deux chefs ibadites, ˓Abd al-Djabbār b. Ḳays al-Murādī et al-Hārith b. Talīd al-Ḥaḍramī, deux Arabes, remportèrent d’abord victoire sur victoire et finirent par s’emparer de toute la province de Tripoli. Hélas pour eux, ils n’échappèrent pas, pas plus que leurs confrères sufrites, à la malédiction de la désunion. On les découvrit morts, transpercés chacun de l’épée de l’autre. Ismā˓īl b. Ziyād al-Nafūsī, un Berbère, prit le relais et menaça Gabès. Mais la chance lui manqua. ˓Abd al-Raḥmān ibn Ḥabīb parvint à le battre en 131/748 -749 et à récupérer Tripoli, où il massacra les ibadites afin d’en extirper l’hérésie de cette province.
Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)
Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)
Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….
D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…