« Vente illégale du masque sacré volé au Gabon auprès de la communauté Ekang dit Fang du Gabon » affirme John OBOUNOU.

Je me permets ici de réagir au nom de l’Association Ayong Fang Ekang à propos de l’actualité qui mine les médias gabonais et d’ailleurs suite à la vente illégale du masque sacré « NGÎÎ ou NGUI ou encore NGUIL ».

Le respect des peuples quelque soit l’agressivité de l’oppresseur est évident si chaque peuple valorise et conserve ses rites et traditions car un jour, par la persévérance ce peuple fini toujours par s’imposer et remporter les défis.

Pour ceux qui ne connaissent pas notre histoire, je vous fais un petit rappel historique :

Durant l’émigration des Ekang vers le bassin du congo, ces derniers croyaient à un seul dieu : le créateur que leurs ancêtres leur avaient enseigné. La forêt équatoriale leur avait offert une vie merveilleuse contrairement aux régions désertiques qu’ils avaient parcourues en rencontrant toutes sortes de difficultés (guerres, problèmes d’alimentations et autres). Les Ekang, satisfaits des bienfaits de leur Dieu (Dieu le créateur) car : il lava leurs souillures, leur procurait toujours de la richesse, la nourriture, leur combla de bénédiction, leur sauva des maladies, leur avait sauvé et vengé pendant les guerres. Décidèrent dans ce nouveau milieu très riche à MEBOTONG (cite à localiser dans la sous-région) de créer 3 dieux et répartir le rôle de chaque dieu et leur mission.

Voici les noms des douzes anciens qui avaient tenu conseil à Mebôtong:

– Amiéasi Fang (fils de Fang Afiri),

– Mésané me Fang (Fils de Fang Afiri),

– Emvan Oka’a (Fils d’oka’a afiri),

– Avoung oka’a (fils d’ok’a afiri),

– Mvomo Mevou (fils de Mevou me Nden),

– Ndémé mevou (fils de mevou me nden),

– Nguia boula (fils de boula afiri),

– Ekot Boula (fils de boula afiri),

– Mba owono (fils d’owono guén afiri),

– Mimbe’e mi Mvaé (fils de Mvaé Fang),

– Nkoubé moto (fils de ntoum Afiri),

– Mekomo Bikoko (fils de ntoum afiri).

Voici le rôle et la mission de chaque dieu :

1/ Andéé (ntoumou) ou Békoungou (bulu, Ewondo) ou Mevounden (Okak) ou Ndong Mba (fang) est le dieu qui ôte les fautes des hommes et tout le mal qu’ils ont fait, qui chasse les hommes méchants

2/ Ngounémelane ou mélane : ce dieu avait prescrit les interdits (sorte de commandement) et avait en sa possession des maladies qu’il infligeait à ceux qui transgressaient (violaient) ces interdits.

3/ Le Ngii: c’est le dieu de la vengeance

Ce dernier était destiné à chasser et/ou tué tout malfaiteur ou esprit impure pouvant nuire à la communauté (par exemple, les tueurs mystiques, les sorciers, les lanceurs de fusils nocturnes et autres mauvaises choses qui n’apporte pas le bonheur dans la communauté)

En France, plus précisément à Montpellier les marchands du masque sacré « NGÎÎ » disent que depuis près d’une centaine d’années, ce masque fang, issu de l’art traditionnel du Gabon, dormait dans un grenier, dans une maison, non loin de Montpellier. « Il était conservé avec les affaires militaires du grand-père, il n’a jamais bougé » Confie Bertrand de Latour. Les marchands disent qu’il a été sculpté à la fin du 19ème siècle (c’est-à-dire vers la fin des années 1800), puis acquis au Gabon entre 1917 et 1918 et rapporté par le gouverneur René Victor Edward Maurice.

Bernard de Latour dit je cite : « Ce masque avait un rôle de justice, il était destiné à effrayer les gens qui avaient commis des exactions d’où son teint blafard dû à l’utilisation du kaolin, une roche blanche. Et ils sont rares car il y en avait peu. Un seul pour plusieurs villages. Ce masque était lié à la personne qui incarnait le pouvoir »

Monsieur Bernard de Latour, vous dites que ce masque avait été acquis au Gabon entre 1917 et 1918 et rapporté au gouverneur René Victor Edward Maurice.

Vous savez très bien que 1917 et 1918 était l’année de la première guerre mondiale entre la France et l’Allemagne. Cette bataille entre vous et vos voisins de l’Europe a laissé un cimetière à MIMBENG entre mintzic et Oyem au gabon. Et pendant cette guerre il y a eu pillage car les troupes françaises aidés par certains jeunes vaillant de Mintzic que vous avez recruté de forces pourchassaient les troupes allemandes jusqu’au nord du Gabon pillant et brulant tout sur leur passage (maisons, champs etc.) ou résidaient les troupes allemandes et leurs amis autochtones.

Après avoir instauré votre hégémonie vous avez commencé à exécuter tous les autochtones qui étaient hostiles à votre installation dans le nord du Gabon. Et pour cela, Vous avez Egorger sur la place publique à Oyem NDZENG ZENG, un vaillant et courageux EKANG qui a lutté fort contre vous.

Voilà les vérités que vous voulez savoir et c’est par ces occasions que vos aïeux pillaient de forces nos villages, dépouillaient nos patriarches de tous ce qu’ils possédaient de valeurs pour les anéantir et les dompter.

Vendre publiquement un bien sacré volé à un peuple malgré l’hostilité de ce dernier c’est ça l’image que la France des droits de l’homme et des peuples nous montre ?

Je demande à mes frères Ekang la sagesse et la persévérance dans cette lutte de restitutions et de conservation de nos acquis.

A vous les gouvernants de nos nations, soyer à l’écoute de vos populations, posez les actes qu’il faut en respectant le droit international et des peuples car c’est aussi vous qui êtes méprisés car vous appartenez aussi à ces communautés qui forment nos nations.

Qu’EYO l’incré soit avec les Ekang N’na dans cette lutte pour la restitution et la conservation de nos acquis.

Abime té

John OBOUNOU, Président de l’Association Ayong Fang Ekang Cellule de LBV.

Paul Essonne

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *