Vacance de pouvoir : Et si Mborantsuo avait raison ?

Accusée  de tous les pêchés d’Eve, elle est la femme honnie du landerneau politique gabonais notamment l’opposition. Vilipendée à tort ou à raison d’être à l’origine de l’immobilisme et de l’atonie actuels de la première institution du pays, elle fait l’objet de tirs groupés de la part et de la presse et des partis  politiques ce depuis que le président  Ali Bongo, lors d’un voyage en Arabie  Saoudite a été victime, le 24 octobre 2018 d’une « fatigue sévère » qui, finalement, s’est révélée être un accident vasculaire cérébral (avc), ouvrant ainsi le débat sur la vacance de la présidence.  Scrutée dans ses moindres geste et décisions, Madeleine Mborantsuo est celle qui fait parler la loi, cette superpuissance qui s’élève au dessus de tout le monde pour protéger tout le monde au point où certains lui donnent des pouvoirs illimités. A tort ?

Le bâtiment en impose et rappelle les vieilles demeures romaines du XVIIème siècle. Et pour cause ! L’architecture baroque qui a été choisie avec ses formes complexes et contrastées qui jouent avec les lumières, théâtralise, charme, surprend et émeut le public qui s’y aventure.  D’ailleurs, le dôme transparent qui surplombe le bâtiment où s’infiltre la lumière naturelle n’est pas sans rappeler le modèle des vieilles cathédrales européennes. Tout comme  le matériau utilisé, le marbre dont la consistance ferme et dense, permet à cette pierre antique de prendre un beau poli, et sa translucidité incite la lumière  à pénétrer dans la superficie de la pierre et d’être réfléchie, conférant à ce matériau une  luminosité  spéciale.  Le  baroque et sa couverture, le marbre, sont loin d’être des faits du hasard dans le choix de l’architecture  du nouveau siège de la gardienne des lois, la Cour constitutionnelle qui borde le bord de mer à Libreville. Le baroque rappelle la finesse de l’art et, le marbre, sa dureté. Son infinitude. Le déroulé de la loi par le juge doit se faire avec finesse, malgré son caractère dur. Dura lex sed lex.

Finesse et  dureté sont ainsi les deux acceptions sur lesquelles reposent cette institution, siège de nombreuses tragédies (sans exagérer), où la dramaturgie, la théâtralisation font surgir à outrance des émotions diverses (la joie pour les uns, la  peine pour les autres) et où les carrières des politiques ainsi que  leurs ambitions trouvent leur épilogue. Pour les populations, les lendemains de ces lectures sont soit enchanteurs soit désillusionnés. Et le responsable est tout trouvé : Elle !  L’aspect austère et  raboteux du bâtiment est aussi à mettre en liaison avec son titulaire en chef, Obamba, ancienne Miss du Haut Ogooué dans les années 1970 et native de sa capitale, Franceville. Depuis 1991, date de son arrivée à la tête de cette institution soit vingt huit ans aujourd’hui, Marie Madeleine Mbourantsuo n’a pas perdu de sa superbe. Ni les nombreuses angoisses qui accompagnent les résultats des élections, ni les insultes et autres diffamations n’ont su effacer les stigmates de cette beauté  rattrapée par le temps.

Et les mobiles d’angoisse ou d’avc (nous ne les souhaitons pas) ne manquent pas. Et le dernier en date est le débat portant sur la vacance de la présidence de la République à la suite de l’accident vasculaire cérébral dont a été victime, le 24 octobre dernier, le chef de l’Etat Ali bongo Ondimba à Riyad en Arabie Saoudite, donnant lieu à une longue convalescence dont les conséquences sur la population, indécise et ignorée pendant le drame, sont à long terme. Le corolaire de cette attitude blâmable frisant l’amateurisme a été le cafouillis institutionnel et une désorientation générale et du gouvernement et  de la population qui ne savaient plus  à quels saints se vouer. Après moult atermoiements au sommet de l’Etat et, plus d’un mois après l’absence du président qui a fait nourrir l’imaginaire populaire via les réseaux sociaux et la presse, la communication présidentielle, au forceps, était enfin sortie  de son terrier sans toutefois convaincre personne en annonçant que le président était victime d’une « Fatigue sévère qui requiert un repos». Cet énoncé grotesque, avec l’apport des médias étrangers plus au faite de la vérité, s’est finalement mué, comme par extraordinaire, en un accident vasculaire cérébral.

Affaire à suivre !

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *