Un Libreville historique avec RDV Tour.

Libreville est riche d’une histoire qui s’étend sur plus de deux millénaires. Consciente de ce passé exceptionnel, RDV Tour mène une politique culturelle mémorielle active ouverte vers tous les publics. Pas facile de résumer la riche histoire de Libreville en quelques lignes, cependant, il est toujours intéressant d’être au fait des événements majeurs qui ont marqué l’histoire de la ville que l’on visite. C’est au touriste de plonger plus avant dans les périodes qui leur passionnent. En cela, son gérant Armand Ikango et le guide touristique Maboumba Arnaud, nous ont livré une visite exceptionnelle de Libreville en 11 étapes.

Historiquement parlant, Libreville n’a jamais été décrétée capitale mais elle l’est devenue lorsque l’administration coloniale l’a choisie comme lieu de résidence et qu’elle y a progressivement rassemblé les institutions administratives et gouvernementales. L’histoire de la ville n’a été qu’une série de révoltes et de révolutions. En effet, l’histoire de Libreville remonte autour de l’an 3000 avant J-C.

Le périple touristique a débuté avec l’évocation de l’installation des clans Diwa (Arongowediwa), Arewekasa, en 1500 ans après J-C, situé au niveau du Palais de justice et la Cité de la démocratie dans le 1er arrondissement de Libreville. Car autrefois, la rive droite de l’Estuaire Arongo mbéni yi Ndiwa (la mer large et profonde des Ndiwa) sur laquelle est située Libreville, était constituée de villages : des groupes d’habitations assez importants pour former une unité clanique et spirituelle, avec des lieux privilégiés et garant des valeurs traditionnelles les plus authentiques. C’était le pays Mpongwé qui après avoir résisté avec leurs moyens à la pression du Commandant Bouët-Willaumez capitulèrent en cédant la souveraineté de leurs terres à la France par des traités n’ayant aucune valeur juridique.

La création de Libreville apparaît comme une des conséquences de la fin de la traite négrière. En effet, les français s’inspirèrent des anglais, lesquels lorsque ils arraisonnaient un navire négrier, emprisonnaient l’équipage et libéraient les esclaves en les envoyant à Freetown (ville libre), en Sierra Leone. Ils créèrent ainsi en 1849 un petit espace pour 52 esclaves (27 hommes, 3 femmes, 2 enfants) affranchis en provenance de Dakar. Ces derniers furent amenés et installés dans un lieu-dit le Plateau. Trente-huit cases furent construites par le lieutenant Parant.

Pour information, Moutier fut le 1er maire de Libreville durant 24 heures. Ensuite, d’autres populations s’installèrent progressivement sur la rive droite jusqu’à la fin du 19ième siècle, principalement les Bengas, les Sékyanis, les Akèlès et les Fangs. Au fil des siècles, Libreville affiche un nouveau visage et devient un village urbain et résolument cosmopolite. Le roi Louis. Kaka Rapono dit Quaben est le chef Aguékaza qui fonda son village bien avant 1815. Il était le patriarche de cette agglomération. Celle-ci part de la rivière Anwondo à la descente de la Fondation Jeanne Ébori où le pont Deemi sépare la vallée Sainte Marie du groupe Quaben qui s’étendait jusqu’à l’aéroport.

Le roi Dowé dit Louis, fonda le village Anwondo, actuel quartier Louis dans le 1er arrondissement de Libreville. Il y a le quartier Batterie IV fait référence à quatre batteries de canons destinées à tirer sur l’ennemi : cette appellation date de la seconde guerre mondiale. Gros-bouquet, d’après les nombreux manguiers qui poussaient aux environs du camp de la gendarmerie et de la poste.

Il y a aussi la rivière Anwondo (où se situe le Ndjanja : génie protecteur) et celle de Mbatavéa située à l’ancien village Mpira près du  siège de la CNSS. On  y trouve la mission Sainte Marie fondée en 1844 sur laquelle s’élève l’église Sainte Marie (deuxième église chrétienne construite au Gabon), l’ancienne résidence à l’architecture coloniale de l’archevêque de Libreville et la résidence construite (en une semaine) pour accueillir le Pape Jean Paul II, dans le 2e arrondissement de Libreville. On trouve également le quartier Cocotiers, village Fang établi près de la cocoteraie des missionnaires.

La visite se poursuit avec Montagne Sainte dans le 3e arrondissement, plus exactement Montagne Saint Etienne, du nom d’Etienne Vané, Chef Benga du Cap Esterias. En 1855, suite à sa conversion au catholicisme et à sa  renonciation à la polygamie, il fut exfiltré avec sa famille vers ce lieu élevé pour échapper à la mort. Le centre-ville où siègent des banques, des compagnies d’assurances et des sociétés diverses.

C’est de la rivière Lowé que commence le vieux Glass de l’époque ou Olamba qui signifie tour d’adresse dans le 4e arrondissement, supercherie : les habitants de Glass avaient la réputation d’être facétieux. Il y a le quartier London, nom donné par d’anciens employés de maisons de commerce anglaises (John Holt, Hatton & Cookson etc.). L’un des moments forts est la visite de mission Baraka, mot portugais, qui était un ancien baraquement d’esclaves avant d’être la première mission chrétienne au Gabon bâtie en 1842, ainsi que la première école, par des protestants. Il y fut érigé le cimetière mpongwé.

Nombayakèlè ou la colline des Akèlès, groupe ethnique disséminé à travers le Gabon, dont quelques individus vinrent s’installer au lieu-dit. N’oublions pas la contribution de Monseigneur Raponda Walker (1er prêtre gabonais), la création de la 1ère école au Gabon en 1845. Ainsi, les différentes strates de l’Histoire ont donné un contenu polysémique au centre historique de Libreville. Il apparaît difficile de donner un contour unique à cette notion : certains quartiers ont fait l’Histoire ancienne et l’Histoire récente de Libreville. Pourtant, en novembre 1940, Libreville est le théâtre des affrontements meurtriers de la fin de la campagne du Gabon. Libreville, et le Gabon sous administration coloniale, choisissent de rallier le camp de la France libre, contre celui des colons vichystes. C’est de Libreville que partiront de nombreux combattants de la Liberté incorporés dans la Force L qui deviendra plus tard, la 2ème division blindée du Maréchal Leclerc, et rejoindra le Tchad où il est nommé par le général de Gaulle, commandant militaire du Tchad. La colonne traversera l’Afrique du Nord pour libérer la France sous occupation en 1944.

En 1956, Léon Mba est élu maire de Libreville. Il deviendra quelques années plus tard le premier président de la République gabonaise jusqu’à sa mort en novembre 1967. L’indépendance du Gabon est proclamée le 17 août 1960 dans la future capitale. Un mausolée est érigé en sa mémoire à Libreville, boulevard Léon Mba dans le 3e arrondissement de Libreville. Après y être né, il a tenu à y être enterré.

Cela signifie aussi que le centre historique de Libreville agrège plus facilement les mémoires et que son patrimoine donne un cadre plus visible aux événements. D’une certaine façon, l’« historicité » du centre historique de Paris serait créatrice d’Histoire.

On peut se demander si cette historicité n’est pas créatrice de pouvoir et de richesse : concentrant les pouvoirs et les marqueurs de puissance du Gabon, le centre historique de Libreville concentre un patrimoine susceptible d’attirer les touristes, les marques, les tournages et les stars internationales. D’où un double enjeu dans la stratégie de développement de la ville de Libreville par RDV Tour : axer son marketing territorial sur le centre historique ou agrandir ce centre vers des périphéries porteuses de futurs centres historiques. Vivre de l’Histoire ou vivre dans l’Histoire, c’est pour la ville tout l’enjeu du futur.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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