L’incident survenu le mardi 28 janvier 2025, au carrefour des Charbonnages à Libreville, est un exemple troublant de la violence et des abus qui peuvent se produire au sein des forces de l’ordre. La brutalité dont a été victime un chauffeur de taxi-bus, agressé par un agent de la Garde républicaine, soulève des questions fondamentales sur la responsabilité, la formation et la conduite des forces de sécurité au Gabon.
Ce qui a commencé comme un simple échange sur la monnaie a rapidement dégénéré en une agression violente, transformant l’espace public en un lieu de confrontation. Les témoignages des passants et des journalistes présents soulignent la gravité de la situation : la fonction de protection, censée être celle des forces de l’ordre, s’est muée en une démonstration de force injustifiable. Les cris des témoins et les tentatives d’apaiser la situation ont été vains face à cette montée de violence, qui n’a fait qu’accentuer le malaise ambiant.
Cet incident s’inscrit dans un contexte plus large de dérives au sein des institutions sécuritaires gabonaises, où la confiance entre la population et les forces de l’ordre est en péril. La récente mort tragique d’un agent de sécurité, apparemment victime de torture, a contribué à alimenter une atmosphère de méfiance et de colère. Ces actes de violence ne sont pas isolés, mais révèlent des problèmes systémiques au sein de la sécurité publique, où l’impunité semble parfois prévaloir.
Le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, se trouve à un moment décisif pour restaurer la confiance entre les citoyens et leurs institutions. Les abus constatés, comme celui des Charbonnages, mettent en péril ses efforts de réforme et de réconciliation. La légitimité de ses actions dépendra en grande partie de sa capacité à adresser ces dérives et à assurer que les forces de l’ordre agissent toujours dans le respect des droits humains et des principes de justice.
Il est impératif que des mesures soient prises pour sanctionner cet agent des forces de l’ordre et pour établir un cadre éthique et disciplinaire au sein des forces de sécurité. Sans des réformes significatives et une formation adéquate pour promouvoir des valeurs de respect et de protection des citoyens, les idéaux du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) risquent de rester lettre morte.
L’avenir du Gabon repose sur la capacité de ses institutions à se réformer en profondeur, afin de garantir que la sécurité ne se transforme pas en oppression. La restauration de la confiance passe par une transparence totale dans le traitement des abus et par la mise en place de mécanismes de contrôle efficaces pour prévenir de tels incidents à l’avenir. C’est en agissant avec fermeté que le président peut espérer non seulement préserver son autorité, mais également construire un avenir politique durable dans un cadre de respect mutuel entre l’État et ses citoyens.