Les efforts de lutte contre la criminalité liée aux espèces de faune protégées dans la province de l’Ogooué-Ivindo portent leurs fruits.
En effet, une équipe mixte composée d’agents de l’administration des Eaux et Forêt et de la Police Judiciaire de la province, appuyée par Conservation Justice, vient de démanteler un circuit de trafic d’ivoire opérationnel dans la ville de Makokou.
Au total, quatre individus impliqués dans une transaction illicite de commercialisation d’ivoire ont été interpellés les 5 et 6 avril.
Le premier a été interpellé avec quatre pointes d’ivoire, dont deux entières et deux sectionnées en morceaux. Accablé par cette arrestation, il dévoile les détails de cette affaire. Il a ainsi confirmé être propriétaire d’une partie des ivoires retrouvés en sa possession. Le chauffeur a également été interpellé au même moment.
Le 6 avril, le propriétaire des ivoires sectionnés et un autre intermédiaire ont été interpellés à leur tour grâce à la collaboration de l’unité de renseignement du B2.
Tous sont désormais poursuivis pour détention, tentative de commercialisation, ainsi que pour complicité de détention et complicité de tentative de commercialisation de pointes d’ivoire. Les articles 390 et 392 du nouveau code pénal prévoient une peine de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans et une amende équivalant au quintuple de la valeur marchande des pointes d’ivoire trouvées en leur possession.
La population d’éléphants du Gabon reste menacée malgré les saisies régulières d’ivoire par les agents des Eaux et Forêts.
Depuis 2010, Conservation Justice a contribué à la saisie de 754 défenses d’éléphants, totalisant plus de 3,5 tonnes d’ivoire. Selon Gaspard ABITSI, Directeur général de Wildlife Conservation Society, ce trafic vise principalement les marchés internationaux. Les nouvelles mesures adoptées ces dernières années au niveau international ont précisément pour objectif de freiner cette demande. « Au cours de ces dernières années, beaucoup d’efforts ont été faits, notamment aux États-Unis en 2016 avec les mesures qui ont été prises pour interdire les marchés intérieurs d’ivoire, et en Chine qui a également pris des mesures pour interdire ces marchés officiels de l’État en 2018. Toutes ces décisions contribuent à réduire la demande. Car pour qu’il y ait du braconnage, il faut qu’il y ait un marché, et ce marché est souvent alimenté par la demande. Naturellement, les pays comme le Gabon, qui abritent les espèces d’éléphants de forêt, constituent l’offre », souligne-t-il.
Il convient de noter qu’au Gabon, le législateur a renforcé le dispositif légal en 2019 en passant d’une peine maximale de 6 mois de prison à une peine allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Cette mesure vise à dissuader ceux qui seraient tentés de se livrer à ce trafic lucratif.