Tout comme le Covid-19, il faudra désormais vivre avec l’homosexualité au Gabon.

C’est officiel, le Gabon a définitivement acté la dépénalisation de l’homosexualité. Le Sénat a voté avec 59 sénateurs pour, 17 contre et 4 abstentions, le retrait de l’alinéa 5 de l’article 402 de la loi n°042/2018 du 5 juillet 2019 portant Code Pénal en vigueur depuis près d’un an condamnant à une peine de 6 mois d’emprisonnement et 5 millions de francs CFA toute personne qui se rendrait coupable d’atteinte aux mœurs en ayant des rapports sexuels avec une personne de même sexe, le lundi 29 juin 2020, soit une semaine après l’Assemblée Nationale qui a voté avec 48 députés pour, 24 contre et 25 abstentions, le mardi 23 juin dernier.

Cette abrogation a représenté une libération pour la communauté homosexuelle dans le pays, qui peut maintenant afficher son orientation dans la rue. Mais le changement restera difficile au sein des familles. Une évolution désormais inscrite dans la société, mais qui peinera à se transcrire dans la société gabonaise.

Certes, être homosexuel n’est plus pénalement répressible au Gabon. Il n’y a donc pas de fatalité. On peut être un pays africain, et dépénaliser l’homosexualité sans provoquer pour autant l’effondrement général de la société tout entière. Il y a parfois un certain malentendu. On ne demande pas ici aux Gabonais d’approuver l’homosexualité. Les homosexuels n’ont pas besoin de l’approbation d’autrui. On demande aux Gabonais de refuser la violence contre les homosexuels, ce qui est très différent. On ne peut décemment accepter que des personnes soit battues, arrêtées, condamnées, incarcérées, torturées et bien souvent violées, juste parce qu’elles sont ce qu’elles sont. On ne peut pas accepter que n’importe quelle personne ait droit de vie ou de mort sur son voisin, en raison de son orientation sexuelle.

Les facteurs sociologiques explicatifs de la propension croissante et visible à l’homosexualité au Gabon sont nombreux. Le premier facteur explicatif de cette visibilité de la manifestation homosexuelle au est celui de l’influence des productions des médias, surtout les médias étrangers qui sont reçus dans le pays. Les individus qui s’y exposent, finissent par avoir un large champ de perception des réalités et schèmes de pensées présentés, qui ne sont pas toujours en harmonie avec les modèles de leur groupe d’appartenance.

La crise sociale apparaît ainsi comme le deuxième facteur explicatif de la visibilité accrue de l’homosexualité dans la sphère sociale gabonaise. Le Gabon est en crise, il vit la crise depuis quelques années déjà. Elle a provoqué une série de déséquilibres, de troubles, de malheurs ou de dysfonctionnements sociaux. Au plan économique, malgré quelques indicateurs encourageants où la tendance économique est à la reprise, il en ressort que cette relance est encore au niveau macro-économique, le quotidien des individus étant pour la majeure partie, stable, c’est-à-dire économiquement très faible. Au Gabon donc, certains individus confrontés à la misère sont parvenus à développer des tactiques de survie.

Pour la croyance moderne gabonaise, l’homosexualité à ce niveau est utilisée en guise de moyen et de fin en même temps, pour subvenir aux besoins des individus. La crise a poussé certains individus homosexuels au Gabon, à se faire de plus en plus voir notamment dans les grands hôtels, les boîtes de nuit à la recherche de clients.

En définitive, l’homosexualité au Gabon à travers l’histoire ou de nos jours, est loin d’être une construction mythique. C’est une réalité palpable et visible. C’est le fait de vouloir nier son existence au début par les occidentaux, ensuite par les Gabonais eux-mêmes, qui relève d’une construction mythique.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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