Retour à la terre mère du Gabon : Samuel L. Jackson et Ludacris dans le même bateau.

Après l’acteur et producteur Samuel L. (Leroy) Jackson, qui avait obtenu sa citoyenneté gabonaise en août 2019, le tour est revenu au rappeur Ludacris (Christopher Brian Bridges, de son vrai nom) de se voir octroyer le 2 janvier 2020 son passeport estampillé des armoiries du Gabon et d’obtenir la nationalité gabonaise. Contrairement à Samuel L. Jackson qui se réclame de l’ethnie Benga du Gabon par ses ancêtres paternels, ce dernier l’avait obtenu par simple décision d’Ali Bongo sur les Afro-descendants, Ludacris est devenu citoyen gabonais par les voies du mariage, car le Gabon est la terre natale de sa femme Eudoxie Mbouguiengue.

Le Gabon devient-il la nationalité prisée des artistes américains ? Qu’à cela ne tienne, notre pays compte désormais, deux nouveaux ambassadeurs de choix.

Un geste hautement symbolique découlant d’une promesse faite par l’État gabonais, en 2015, dans le cadre de l’organisation à Libreville de la décennie des Afro-descendants. Il avait été donc décidé que tous ceux qui séjourneront au Gabon, dans ce cadre, devraient recevoir un passeport.

Cette tendance n’est guère surprenante. Il y a une volonté de la part des stars noires américaines de renouer avec leur racine. D’autre part, l’image du Gabon aux Etats-Unis est très bonne. Cela s’explique par une couverture médiatique plus factuelle et moins militante. Pour rappel, dans les classements internationaux, le passeport gabonais apparaît comme l’un des plus puissants en Afrique.

Des stars américaines en Afrique, à la recherche de leurs origines, le phénomène n’est en effet pas nouveau sur le continent. Depuis que les chercheurs ont découvert il y a quelque temps, qu’il était possible de retracer l’origine de quelqu’un à partir d’un séquençage de l’ADN (test), ils sont nombreux, acteurs afro-américains, à avoir foulé le sol africain à la recherche de leurs origines.

Avant Samuel L. Jackson, Michaël Jai White, acteur afro-américain aux origines ghanéennes après les résultats d’un test ADN s’est fait couronner Roi du royaume d’Akwa au Ghana. Un moment de partage et d’émotion durant lequel, l’acteur a dit avoir vécu quelque chose d’unique, dont il entend pérenniser la tradition.

Le fait que de nombreuses personnes à travers le monde et en particulier des actrices et acteurs afro-américains se découvrent des origines africaines n’a rien d’unique encore moins d’isolé. Cette découverte n’est rien d’autre que la conséquence du séquençage ADN ou du moins test ADN découvert ses dernières années, qui, à partir du décryptage du génome humain, permet de retracer les origines génétiques d’un individu. Désormais, à travers le monde, des centaines de personnes font séquencer leur ADN soit, pour retrouver des proches parents, soit pour retracer leurs origines génétiques.

En effet, aux États-Unis, les sociétés de généalogie génétique fleurissent. Et les Africains-Américains en quête de leurs lointaines racines africaines ne sont pas les derniers à recourir à leurs services. Plus de 2 millions d’Américains ont passé un test ADN généalogique en 2016. Ce qui a permis de découvrir 7,4 millions de cousinages proches et 7,7 millions d’ancêtres insoupçonnés.

La connaissance qu’on peut avoir de ses origines relève essentiellement de la probabilité. Les tests, mettent en évidence la ressemblance entre l’ADN de l’acheteur du test et celle des populations répertoriées dans des banques de données. Libre ensuite à chacun de traduire cette probabilité en certitude. Ou d’imaginer que les populations auxquelles il est censé se rattacher sont telles qu’elles l’étaient à l’origine. Certains fragments d’ADN peuvent être associés avec plus ou moins de fiabilité à des zones géographiques précises. Si donc on retrouve chez un individu de nombreux segments de chromosomes souvent identifiés en Afrique, cela signifie qu’il a probablement des origines africaines.

Parmi les sociétés de tests génétiques, African Ancestry, qui commercialise des kits de tests ADN a permis à quelque 10 000 personnes de se découvrir des origines camerounaises. Parmi elles, le musicien Quincy Jones, les acteurs Eddie Murphy et Chris Tucker, la chanteuse India Arie et même Condoleezza Rice, la secrétaire d’État de l’ancien Président des USA George W. Bush.

Grâce à l’Ancestry Reconnection Program (« programme de retour aux origines ») lancé par l’association ARK Jammers pour refaire à l’envers le périple des navires négriers, environ 500 « Caméricains » ont connu depuis 2010 les joies du tourisme mémoriel.

Les Africains ont appris à se méfier des stars planétaires, majoritairement anglo-saxonnes, qui se pavanent sur le continent africain en quête d’appropriation culturelle, ou d’adoption maternaliste. Il reste la légitimité afro-américaine de la quête d’identité, quand la célébrité cherche moins à alimenter son œuvre ou sa progéniture qu’à retracer ses origines.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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