Rapatriement des Gabonais de France, une opération aux allures de supercherie ?

Si les réseaux sociaux sont devenus la seule alternative pour susciter la réaction des pouvoirs publics en cette période de crise sanitaire, je vais me prêter à l’exercice.

 Je suis d’emblée ulcéré par le tintamarre de certains inconditionnels de la diversion quant au rapatriement des Gabonais bloqués à l’étranger. D’autant plus que les billets utilisés, du moins pour la France qui a produit le nombre le plus élevé sont les trajets retours des concernés. Je parle de ceux qui avaient pris Air France.

Pour faire clair, Air France, selon les accords avec le Gabon, n’a fait que réactualiser ces mêmes billets. Je ne vais pas évoquer le fort taux des Européens dans cet avion qui a laissé certains compatriotes, qui aurait, selon certaines indiscrétions, un rapport avec la contribution des compagnies pétrolières dans l’affrètement si je m’en tiens aux propos de l’hôtesse d’Air France à l’arrivée.

Cette pratique remet en cause la notion de location de l’avion au sens où ça été vendue par le ministère des Affaires Etrangères et ses représentations diplomatiques. La manœuvre pose deux problèmes :

– Une injustice entre ceux qui ont emprunté les autres compagnies qui n’ont plus été soumis à cette escroquerie après une tentative manquée. Car, on a voulu d’abord demandé un montant de plus de 700 euros (459 515 francs CFA) à ces derniers. Finalement ils ont trouvé la parade avec Air France.

– Nous avons donc été transportés à nos frais. Les billets physiques envoyés par Air France l’attestent parfaitement avec le même dossier qu’à l’aller. La dame de la compagnie Air France qui a été chargée de téléphoner aux clients n’a pas caché l’information « vous utilisez votre billet retour » les clients de rétorquer « on croyait que l’avion avait été loué » elle dira « c’est pas à mon niveau ce sont les instructions que nous avons reçues du Gabon » information vérifiée à l’ambassade du Gabon : « les ordres viennent de Libreville » plus  loin, le payeur interrogé a répondu laconiquement sur la question « l’État gabonais a été clair. Air France va rendre les comptes » comme si on était né de la dernière pluie.

Moralité, je remercie l’État gabonais d’avoir négocié l’ouverture temporaire des frontières en me permettant de voyager grâce à mon billet retour après avoir passé 72 jours loin de ma famille.

Je ne cite personne, que ceux qui ont les oreilles entendent, que ceux qui vivent du mensonge continuent à faire leur job. Mais en tant que Gabonais, j’ai le droit de demander à Air France de me constituer un avoir et demander à l’État gabonais les comptes sur le budget arrêté pour cette opération même n’étant pas surpris par la cruauté de certains qui excellent dans la manipulation des budgets. Dans tous les cas, la Covid-19 étant l’occasion de toutes les « frappes » c’est bien le contraire qui nous aurait surpris que ces mêmes budgétivores ne soient pas de la fête.

Encore que le problème n’est pas au niveau de l’utilisation du billet qu’on pouvait accepter si on nous avait donné les raisons. Mais c’est d’entendre trop parler de location alors que finalement, notre pays n’a pas été capable de soutenir ses ressortissants loin de leurs familles. La nuit de l’hôtel réglée, les billets des trains remboursés pour ceux qui étaient en province, avec une consigne « chacun paie son repas ».

Comme la honte ne tue pas. Comme ils sont toujours impunis. Mais c’est dommage que de tels gestes puissent renforcer le fossé entre l’Exécutif et le peuple. Trouvez toutes les excuses possibles, il y a des Gabonais qui sont restés, ce sont les faits. Pourtant, faire de la politique est un vrai sacerdoce pour ceux qui veulent être au service de leurs concitoyens. Mais hélas, ils sont plus un problème qu’une solution.

Sachez que vous ne méritez même pas le respect de vos propres enfants. Je sais qu’à l’heure des comptes, le plus important c’est que l’avion ait fait la rotation après l’enfumage médiatique. Sauf à me prouver que le Président Ali Bongo pouvait rester muet et impuissant en voyant ses compatriotes rester en pleur à Paris. Le spectacle dit désolant!

Me taire devant cette attitude inhumaine, aurait fait de moi un complice. Je vais peut-être décevoir certains griots qui restent du reste des amis, mais ma formation me l’interdit. Car, le silence face au danger fait du témoin un coupable. J’attends, en plus de la conférence de presse du ministre des Affaires Etrangères, la décision de rembourser ce billet retour pour dédouaner ceux qui se sentent innocents.

J’ai écrit, me tuer c’est seulement anticiper le départ peut-être dans un monde intelligible au sens Platonicien. Qui sait, c’est peut-être mieux que vivre ces injustices du monde sensible.

Pablo Moussodji Ngoma, Journaliste

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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