Quid de l’échec de l’adéquation formation-emploi de la 5e promotion du DESS Tourisme de l’UOB.

Depuis quelques années des voix se lèvent pour fustiger le fait que les facultés africaines forment des nombreux chômeurs, notamment, par manque de qualification universitaire pratique permettant à l’étudiant d’être inséré sur le plan professionnel à la fin de ses études. Le Gabon étant un pays d’Afrique se retrouve confronté à cette critique. Avec, la formation en adéquation-emploi dans le secteur tourisme enseigné à l’Université Omar Bongo (UOB), plus précisément la 5e promotion du DESS Tourisme. 

Cet enseignement de qualité, serait-il une réussite ou un échec pour l’insertion professionnel de ces cadres en matière de management touristique ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de revenir sur la réussite ou l’échec de la formation adéquation-emploi en tourisme dans une université gabonaise.

En effet, mettre en place une formation de ce type fut une avancée significative pour l’adaptation enseignement-formation-emploi au sein de l’UOB. En effet, comparativement aux quatre premières promotions, la cinquième promotion du DESS Tourisme se distingue des autres par le fait qu’elle comportait deux spécialités nécessaires pour l’activité touristique : écotourisme, valorisation du patrimoine culturel.

Cette formation était adaptée pour mieux former le capital humain, qui s’oriente dans ce secteur et qui comporte une pénurie en matière des cadres supérieurs, capables de développer ce domaine encore embryonnaire au Gabon comparativement à plusieurs autres pays qui portent l’étiquette de pays touristique. Elle cadrait bel et bien avec la création des parcs nationaux qui a pour vocation de faire du Gabon un pays écotouristique car, elle prenait en compte deux pans du plan stratégique Gabon Emergent : Gabon vert et Gabon de services.

Une formation de pointe qui a amené l’Etat, par le billet de la Direction Générale des Bourses et Stages, de financer à coût des millions les étudiants boursiers qui avaient décidé de poursuivre leurs études de troisième cycle sur le territoire gabonais. En outre, plus de la moitié des étudiants dans le cadre de leur stage de fin de cycle avait été envoyé par la Direction Générale du Tourisme dans les entreprises, Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) ou ONG environnementale afin d’être en phase avec les réalités du terrain, justifiant ainsi la vision idéaliste adéquation formation-emploi. A cela s’ajoute le fait que les responsables de la formation ont réussi à mettre en place un voyage d’étude et à recruter dans le cadre des enseignements des universités chevronnés et des professionnels du domaine expérimentés et compétents.

Des étudiants de compétences diverses, ayant fait la recherche au cours de leurs premier et second cycles pour la soutenance de leur mémoire de maîtrise, se sont vus reconvertis en professionnel du tourisme afin d’être intégré dans tous types de structures touristiques et prêts à intervenir sur les questions du tourisme. C’est la raison pour laquelle, certains étudiants après leur formation sont devenus des enseignants en tourisme dans les centres de formation et dans les établissements supérieurs en ce sens que le DESS Tourisme représente le degré de formation le plus élevé du secteur au Gabon.

En revanche, l’inadéquation se situe au niveau de l’insertion de ces jeunes cadres supérieurs spécialisés en ingénierie du tourisme, précisément l’écotourisme et la valorisation du patrimoine culturel. En effet, à la sortie de cette cinquième promotion, l’Administration National du Tourisme devait être leur premier employeur, mais hélas, après avoir pris les dossiers de ses nouveaux diplômés avec un accord favorable, deux mois plus tard, les ressources humaines appellent le chef de classe récupérer tous les dossiers de ses collègues afin de les remettre à chacun d’entre eux à son domicile, et chaque individu devrait aller déposer son dossier à la fonction publique. Face à cet acte, nous nous rendons compte que la Direction Générale du Tourisme délaisse ses diplômés pour la simple raison que l’administration avait déjà envoyé les dossiers en entente d’intégration. Pourtant le Directeur Général et le chef des services, trois semaines auparavant, avaient montré leur intérêt afin qu’ils intègrent ladite administration. Avec un peu de recul, nous comprenons, que ces responsables n’étaient pas prêts à accueillir ces diplômés car cela poserait un conflit générationnel d’une part, et un problème d’octroi des postes budgétaires à ces jeunes d’autre part.

L’ANPN, quant à elle, n’est pas encore prête à recruter les spécialistes en écotourisme pour gérer le pôle tourisme dans les aires protégées, cela s’explique par le fait, que cette agence met l’accent sur la protection des écosystèmes et non sur la valorisation de ces ressources à des fins touristiques.

La méconnaissance de la formation par les opérateurs touristiques, l’administration publique et même certains universitaires et de nombreux étudiants montre une inéquation formation-emploi. En outre, pour le Ministère du Tourisme, la filière DESS Tourisme devrait être une branche de ce département ministériel pour la formation des cadres du secteur en partenariat avec l’UOB. Plusieurs structures se plaignent du fait qu’ils ne peuvent pas embaucher les employés d’un tel profil car leur salaire est trop élevé. On observe aussi un problème de complexe entre les employeurs et les employés ayant un DESS.

Un autre phénomène à l’origine de cet échec de la formation-emploi est la dévalorisation de l’université d’une part et, le fait que l’UOB ne peut se substituer aux grandes écoles comme l’Ecole Nationale d’Administration, l’Ecole Nationale de la Magistrature, l’Ecole Normale Supérieur, l’Institut d’Economie et des Finances d’autre part.

Ainsi, l’adéquation formation-emploi ou l’inadéquation formation-emploi au sein du DESS Tourisme de l’UOB, notamment la 5e promotion 2010-2011, est plausible car l’un des acteurs et personne ressource décrit les réalités de ce diplôme de troisième cycle.

Avec, la qualité des enseignements dispensés par les universitaires et professionnels chevronnés, les moyens financiers investis, les voyages d’études, les études de terrain réalisées, l’insertion de ces stagiaires dans des structures touristiques et les options en écotourisme/valorisation du patrimoine culturel, la connaissance sur les questions écotouristiques et du patrimoine culturel et du fait que certains diplômés enseignent dans les établissements le tourisme après leur formation ; la 5e promotion du DESS Tourisme de l’UOB serait assimilée à un exemple réussi de l’adéquation formation-emploi au sein d’une université gabonaise.

Toutefois, les nombreux disfonctionnements observés après l’obtention du DESS en vue de leur insertion professionnelle dans l’Administration Nationale du Tourisme, dans l’ANPN et dans les structures touristiques présente l’échec de ce DESS Tourisme en matière d’adéquation formation-emploi.

Force est de constater, que l’adéquation formation-emploi dans les universités gabonaises est un échec, il serait judicieux de repenser les formations universitaires et les adaptés aux attentes des employeurs.

Omanda Ponou Gildas

Chimène Okome

Journaliste

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