Qui nous roulera la pierre à l’entrée du tombeau ?

« Nous sommes des funambules sur le fil de l’Ailleurs, nos rêves s’éloignent à l’horizon. » C’est ainsi que s’ouvre le poème, Son-Mêlé, du poète, Abdourahman Wabéri, né à Djibouti. Ces paroles, venues de l’autre bout du continent, épousent, comme un gant, le triste spectacle qui se déroule au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC). Tambour major ? Gilberto Da Piedade VERISSIMO ! Inépuisable, inextinguible, inénarrable VERISSIMO.

En ce 08 mars où le monde a célébré la journée internationale de la femme, le souvenir de ces paroles de femmes, allant pour embaumer le corps du Christ crucifié et ont découvert un Christ ressuscité, selon ce que nous enseigne la tradition chrétienne, est monté à l’unisson dans le cœur des Agents, Fonctionnaires, Personnels à mandat et toute la Communauté des États membres de la CEEAC : « Qui nous roulera la pierre à l’entrée du tombeau ? »

Aujourd’hui, et depuis plusieurs mois déjà, ça sent le cadavre au sein de la Commission de la CEEAC. Qui pour lui redonner vie ou pour l’embaumer ? Ça sent le cadavre et le rapport du Conseil des Ministres signé laisse le goût amère que les traces de souffrances et d’inquiétudes des Agents, Fonctionnaires et Personnels à Mandat de la CEEAC qui se sont battus toutes ces années pour vivre sous le faix d’un Président de Commission peu attentionné, voire mégalomane, ont été gommées. Ce rapport semble laisser paraitre le fait que les Chefs d’État et de Gouvernement réunis en conclave n’auront pas à évoquer la
question du maintien ou non de l’homme actuellement à la tête de la Commission de la CEEAC.

Que lit-on au Point 1 de ce rapport ?
17. Encourager le Président de la Commission à poursuivre les efforts pour améliorer la gouvernance et la performance de la Commission notamment par la mise en place intégrale des mécanismes prévus par les textes fondamentaux de la Communauté.

18. A cette effet le conseil des Ministres a instruit le Président de la Commission de tout mettre en œuvre pour faire adopter le Règlement Intérieur de la commission lors de la 25ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement.
De quel Président de la Commission s’agit-il ? de celui qui met à mal les relations entre les États membres ; entre la Commission de la CEEAC et la Commission de l’Union Africaine ; entre la Commission de la CEEAC et les partenaires au développement ? Celui qui ne veut écouter ni Agent, ni Fonctionnaire, ni Personnel à mandat ?

Que lit-on au Point 2 de ce rapport ?
5. 2. 1 Sur les Rapports du Contrôleur Financier et de l’Auditeur Interne
35. Le Conseil des Ministres a salué l’esprit de transparence qui anime l’équipe de la Commission et les initiatives déjà prises par le Président de la Commission pour améliorer la gouvernance de l’organisation, notamment la tenue d’une retraite du personnel de la Commission après le Sommet pour une meilleure appropriation des textes fondamentaux de la Communauté et le traitement des constats soulevés dans les deux rapports.
« L’esprit de transparence ? » Quid des constats soulevés par le CTSDSS dont « la motion de carence » ?

La rumeur publique dit que l’homme à la tête de la Commission a reconnu ses faiblesses, demandé pardon. Une question s’impose. Faut-il arriver à un Conseil des Ministres pour réaliser que l’on est depuis plusieurs années le facteur bloquant de toute une Communauté Économique Régionale ? Si oui, quelle projection pourrait-on envisager par la suite ? Un nouveau cycle de destruction avant la prochaine saison de repentance. Et sur les victimes de cet engrenage ? Silence ! Sur la République du Tchad qui a qui a géré l’organe d’exécution de la Communauté et qui lui a remis une institution dans un état de marche
convenable et qu’il méprise sur les ondes internationales ? Silence. A l’endroit de la Nation Gabonaise qui a porté, conduit et soutenu la Réforme ; qui l’a à plusieurs reprises interpelé sur sa façon de faire et qu’il humilie ouvertement au vu et au su de tous ? Silence !

A leur décharge, il faut dire que les Ministres pour leur part connaissent leurs limites. Ils savent que certains sujets ne relèvent pas de leur compétence. Si les Chefs d’État et de Gouvernement de la CEEAC ne viennent pas à apporter de manière ferme les mesures correctives comme cela se doit, pour notre Afrique centrale… je ne vous raconte pas longtemps les travaux ! Commissaires, Fonctionnaires et Agents feront les frais de l’incompétence d’un seul au motif qu’ils ont essayé de dire, par toutes les voies qui leur ont été accessibles, que la maison brûle. Et c’est un fait avéré. Si les Chefs d’État et de Gouvernement ne prennent pas des mesures franches, on pourrait se retrouver au sein de la Commission et de la Communauté dans une situation où : les faibles sont toujours plus exposés et les bourreaux graciés ; et ce, à la face du monde. Si les Chefs d’État et de Gouvernement ne réagissent pas en faveur d’un équilibre réel, on peut déjà laisser présager une augmentation d’arrêts maladies, de montée en léthargie, démotivation et,
malheureusement, de licenciements. Pour qui connait l’homme et ses rancœurs… rien à imaginer.

Funambules sur les fils de l’ailleurs avec des rêves qui s’éloignent au lointain, voilà ce que nous a réservé jusqu’à ce jour la Réforme de la CEEAC. En effet, réunis en 2015 suite à la rencontre de N’djamena, au Tchad, les Chefs d’État et de gouvernement de notre région avaient décidé de réformer l’Institution. Le rêve qu’ils nous avaient partagés était celui du continent : voir les regroupements économiques et régionaux parvenir à une intégration continentale véritable ; une sorte d’États-Unis d’Afrique. Mais que voit-on aujourd’hui ? Gabegie, clientélisme, affronts, faux coupables, vrais criminels, pillage de l’intégrité,
absence de programme, d’action et de posture tournée vers le progrès… On continue de s’étonner de la position floue de la Guinée Équatoriale dans ce dossier. Mais que se passe-t-il derrière l’écran de fumée qui maquille ses agissements ? Y aurait-il entre le Ministre de l’Intégration Régionale de la République de la Guinée Équatoriale, Président en exercice du Conseil des Ministres de la CEEAC, SEM. Lucas ABAGA NCHAMA et le Président de la Commission SEM Gilberto Da Piedade VERISSIMO des intérêts supérieurs à ceux des États membres de la Communauté et à ceux de la région au point qu’il plaide avec force et vigueur en faveur de la personne à qui il accorde une hospitalité, peu commune et sans faille, depuis tant de mois ? Le Chef d’État de la République de Guinée-Équatoriale devrait s’assurer de cela parce qu’un scandale d’État au sein de la Région pourrait éclater. Malheureusement, les conséquences de ce type de situations sont souvent imprévisibles. Dans le cas d’une République, plus violent encore, elle devra répondre devant l’histoire.
Dans tous les cas, la vue du spectacle qui se déroule actuellement sous nos yeux lève de profondes inquiétudes et une grande interrogation. L’Afrique centrale est-elle réformable ? Sous le magister régional de la République de Guinée-Équatoriale, seuls les Chefs d’État et de Gouvernement sauront nous le dire.

Sauront-ils conserver l’espérance ? C’est ce que nous aurons aujourd’hui. Dans tous les cas, gardons
l’espoir.

Paul Essonne

Journaliste

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