« Quelle élection présidentielle pour 2023? » s’inquiète Al. Nguia Banda.

A travers ces écrits, je ne prétends nullement détenir le monopole de l’analyse politicojuridique de l’espace gabonais, car ils sont loin d’être une espèce de vérité pontificale. Ils peuvent revêtir une posture alléchante pour les uns et critiquable pour les autres. C’est ça la Démocratie.

Pour aborder cette thématique, mon analyse portera sur trois points essentiels.

1-L’inorganisation constatée.

Dans tous les pays du monde, l’élection présidentielle constitue la véritable clé de voûte du système institutionnel d’un pays. Il s’agit d’élire le premier magistrat, le garant du fonctionnement régulier d’un État, le détenteur légitime des valeurs d’une République, la soupape de sécurité d’un Territoire. Raisons pour lesquelles, son organisation doit se faire minutieusement, précautionneusement pour éviter des contestations, des affrontements suscitant des pertes de vie inutiles.

Sans passion, car toute passion tue la raison, le Gabon est-il prêt à organiser une élection équitable, crédible et fiable en ce moment ?

Visiblement, non!

Pourquoi ?

Le fait que cette élection majeure soit organisée en même temps que les législatives, les locales entraînera, j’en suis très persuadé, une cacophonie indescriptible. La conséquence redoutable serait une contestation généralisée et la suite nous la connaissons tous.Par cette stratégie suicidaire, le pouvoir n’a-t-il pas voulu orchestrer une fraude pour s’en tirer ? A chacun d’apprécier.

La révision de la liste électorale n’est pas au point alors qu’elle doit être faite un an avant les les élections. Pourquoi elle n’est pas faite alors que nous sommes à quatre mois de ces scrutins ?

Les cartes d’identité ne sont pas renouvelées pour une bonne frange de l’électorat. La prorogation de cette pièce par arrêté ministériel est illégale et peut être attaquée devant les juridictions administratives compétentes. La présentation d’un permis de conduire ou d’un acte de naissance est aussi illégale car ne respectant pas l’orthodoxie du processus électoral. Sur un acte de naissance, il n’y a pas de photo pour bien identifier un individu. Déjà que le pouvoir est suspecté de délivrer les actes de naissance de complaisance aux étrangers.

Par ces manquements délibérés, le pouvoir est en train de mettre de l’essence sur le feu. Attention au pyromane qui voudrait se vêtir du costume de pompier.  » Gouverner, c’est prévoir « . Pour éviter le désordre électoral qui se profile à l’horizon, il est encore temps de poser sereinement une réflexion sur une période transitoire.

Un proverbe Obamba dit : »Le corps de garde d’un sage n’est jamais fréquenté par les gens qui n’aiment pas les conseils « .

2-La stratégie funeste du pouvoir sortant.

A moins d’être frappé d’une cécité politique épouvantable, l’on peut s’interroger sur l’organisation de ces « fameuses tournées républicaines « en périodes préélectorales. Avant chaque élection présidentielle, » une tournée dite républicaine » est organisée. Déjà le terme « tournée républicaine  » est impropre et montre très bien que le détenteur du pouvoir Exécutif ne se déplace à l’intérieur du pays que pendant les  périodes préélectorales. C’est normalement au cours de son mandat qu’il doit, de temps en temps, visiter chaque province ou s’il y’a un cas de force majeure dans une province ou encore d’une annonce de grande importance. Il peut choisir de la faire à l’intérieur du pays. C’est ce qu’on appelle le déplacement républicain.

Ces  » tournée dites républicaines  » préélectorales permettent au pouvoir d’utiliser les moyens de l’État. Combien coûtent ces déplacements au contribuable gabonais alors que le pays est plongé dans une déliquescence abyssale.

3-Les oppositions atomisées.

Je reviens sur la différence entre:

L’opposition au pouvoir. C’est une opposition cohérente fortement arrimée à la doctrine démocratique : Le Gouvernement gouverne, l’opposition s’oppose. Elle joue son rôle qui est fondamental; aller à la conquête du pouvoir et l’exercer.

Mais pour que cette conquête soit efficiente, il faut que cette opposition se rassemble au lieu de multiplier les candidatures même si elles sont recevables. Cette opposition doit comprendre qu’il n’y a qu’un seul tour. Alors, candidats pour l’alternance et le changement, unissez-vous pour la victoire annoncée. Serrez-vous  les coudes. Vous êtes tous des talents mais malheureusement il n’y a qu’un seul fauteuil.

Les Gabonais vous regardent.

L’opposition du pouvoir. Alors là, c’est le transactionnalisme et le ventriloquisme infâmes. C’est une opposition qui mange à plusieurs râteliers, sans convictions; une opposition lapin, toujours prête à bondir sur un bout de carotte même avariée. Nous les connaissons tous.

Cette analyse est ma contribution au débat démocratique. La vie politique est l’apanage des contradictions intelligentes, instructives et fécondes.Faisons donc la Politique avec la tête et non avec les pieds.

Al. Nguia Banda, exilé politique, Dr en Droit

DEA d’Histoire des Idées politiques.

France.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *