Pour une refondation cadastrale et urbaine du Gabon. Par Youmou Potta.

Suite aux multiples incompréhensions nées du déguerpissement des population de derrière l’assemblée, Pleine-Orety, derrière l’ambassade de Russie et du Liban, Youmou Potta citoyen engagé a tenu à apporter sa contribution à la problématique cadastrale qui sème la confusion dans de nombreux esprits.
« I. POUR UNE TRANSPARENCE CADASTRALE IMMÉDIATE.
Il est désormais impératif que le gouvernement gabonais rompe avec les pratiques d’un autre âge, où le silence précède la destruction. Les opérations de déguerpissement, menées à coups de bulldozers dans des zones dites « occupées illégalement », doivent cesser d’être des expéditions surprises. Le respect du citoyen commence par l’information. Dès maintenant, le ministère de l’Habitat et la Direction Générale de l’ANUTTC doivent publier une cartographie claire, exhaustive et opposable des terres étatiques et des zones destinées aux projets gouvernementaux, province par province, sans exception ni discrimination.
Ces plans cadastraux doivent être transmis officiellement aux gouverneurs, préfets, sous-préfets, ainsi qu’aux présidents des conseils municipaux et départementaux, pour une large diffusion auprès des populations concernées. Il n’est plus question de surprendre les citoyens par l’abattage de leurs maisons, sans qu’ils aient eu le temps de s’organiser. Le Gabon ne peut prétendre au développement tout en piétinant la dignité de ses habitants.
II. DÉDOMMAGEMENT EN ESPÈCES : UN MIROIR AUX ALOUETTES POUR LES PAUVRES.
L’illusion du dédommagement pécuniaire est une fuite en avant. Croire qu’il suffit de remettre une somme d’argent à des populations en situation de précarité pour qu’elles se relogent dignement ailleurs relève d’un cynisme politique dangereux. La réalité est autre : beaucoup de ces habitants, par manque de moyens, de repères ou d’accompagnement, utilisent cet argent à d’autres fins ou bâtissent à moindre coût dans des zones tout aussi informelles, perpétuant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté urbaine.
Pire, dans le désordre administratif ambiant, l’État ne dispose d’aucun fichier clair des bénéficiaires des indemnisations. Certains perçoivent plusieurs fois, d’autres rien du tout, et la contestation devient générale. Sans encadrement topographique, les logements s’effectuent à l’aveugle, générant de nouveaux quartiers anarchiques et non viabilisés. Il est donc temps d’abandonner cette politique d’argent jeté au vent, qui n’apporte aucune solution durable à l’aménagement du territoire.
III. URBANISER AUTREMENT : UNE MÉTHODOLOGIE GABONAISE INSPIRÉE DE L’AFRIQUE QUI RÉUSSIT.
Le Gabon a besoin d’un vrai plan directeur d’urbanisme, pensé en amont, piloté avec rigueur, et décliné avec méthode. Si la terre appartient à l’État, il est de sa responsabilité de la viabiliser avant tout déguerpissement : routes tracées, accès à l’eau et à l’électricité assurés, parcelles titrées et distribuées selon des critères transparents.
Des exemples africains récents montrent que cette voie est possible. Le Rwanda, à Kigali, a mis en place un plan d’urbanisme intégré où chaque nouveau quartier est conçu avec équipements publics, voirie et accès aux services de base.
Au Maroc, le programme « Villes sans bidonvilles » a permis, grâce à des logements encadrés, à des dizaines de milliers de familles d’accéder à un habitat digne, sans transfert de pauvreté. Le Sénégal, à travers le Plan Directeur d’Aménagement de Dakar, a imposé la création de zones d’habitat planifié avant toute opération de déguerpissement, avec une forte implication des collectivités locales.
Le Gabon doit s’inspirer de ces modèles africains réussis pour éviter de reproduire le chaos urbain. Il faut d’abord planifier, équiper, puis réinstaller. L’ordre urbain ne naît pas de la brutalité, mais de la vision.
IV. UNE RUPTURE AVEC 65 ANS D’ANARCHIE URBANISTIQUE S’IMPOSE.
Le Gabon ne peut plus se permettre de gouverner l’urbanisme par l’émotion, la panique ou la précipitation. Il faut rompre avec 65 ans d’improvisation cadastrale, de ghettos administrativement validés, de promesses non tenues et de déplacements sans avenir.
Le nouveau pouvoir, s’il se veut réformateur et bâtisseur, doit fonder sa légitimité sur des solutions concrètes, planifiées et équitables. L’urbanisme n’est pas un luxe, c’est une exigence de justice sociale et de développement national. Il est temps de bâtir des villes pour les vivants, pas des déserts pour les caméras ».
Youmou Potta, citoyen engagé.

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