La Commission de l’Union Africaine (UA) s’est récemment exprimée sur les transitions militaires en Afrique, mettant en garde contre la candidature des dirigeants militaires dans les élections destinées à clore ces périodes de transition. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, a souligné dans une interview accordée à Jeune Afrique que les militaires occupant des postes de pouvoir transitoires devraient s’abstenir de briguer des mandats électifs. Cette prise de position vise à promouvoir des transitions démocratiques et à éviter l’emprise prolongée de l’armée sur le pouvoir civil.
Lors de son entretien avec le média panafricain, Moussa Faki Mahamat a abordé plusieurs situations politiques actuelles en Afrique, marquées par des putschs et des prises de pouvoir militaires. Il a notamment fait référence au cas du Gabon, où le général Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la transition depuis le renversement de l’ancien président, manifeste un intérêt pour la magistrature suprême. La situation gabonaise reflète un schéma récurrent sur le continent où, après un coup d’État, les chefs militaires envisagent parfois de pérenniser leur influence par une élection présidentielle.
Le président de la Commission de l’UA a exprimé une désapprobation claire face à ce phénomène, affirmant sans équivoque que « les militaires qui assurent les transitions ne doivent pas se présenter aux élections ». Cette déclaration s’inscrit dans une démarche de préservation de la démocratie en Afrique, visant à éviter des situations où les militaires prolongent leur contrôle sous couvert de légitimité électorale. Ce point de vue, bien que ferme, se heurte souvent aux aspirations de certains dirigeants militaires, qui perçoivent la transition comme une opportunité de s’imposer durablement au pouvoir.
Au Gabon, le général Oligui Nguema semble résolu à suivre un chemin distinct. Dès l’établissement de la Charte de la Transition, le nouvel homme fort de Libreville a inscrit, par l’article 44, son droit de se présenter à l’élection présidentielle. Ce passage, bien que controversé, montre la volonté d’ériger des lois permettant à certains militaires de s’engager politiquement au-delà de la transition. Cette disposition va donc à l’encontre des recommandations de l’Union Africaine, qui insiste sur une séparation claire entre la gestion transitoire et les aspirations électorales des militaires.
La position de l’UA sur la question demeure ferme : pour des transitions politiques stables et pacifiques en Afrique, les militaires doivent se consacrer à la restauration d’un pouvoir civil sans y prétendre eux-mêmes. L’appel de Moussa Faki Mahamat incite les chefs militaires à renforcer les institutions démocratiques, plutôt que de chercher à s’y installer de manière durable. Le défi pour de nombreux pays africains, comme le Gabon, réside donc dans l’équilibre entre une transition contrôlée et la garantie d’une véritable alternance politique, afin d’assurer un avenir stable et démocratique pour leurs citoyens.