L’incohérence entre les nominations géopolitiques au bénéfice de l’Estuaire et les retards hallucinants des territoires de la province (1ÈRE PARTIE)

Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,

Depuis que le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a élevé Monsieur Joseph Owondault Berre à la fonction de Vice-Président de la Transition, les populations de l’Estuaire ne se sont pas tamponné les bouteilles de Régab et les « motorola » de Mussungu pour se réjouir en son honneur. Même que depuis fort longtemps les artistes locaux ne composent plus (de leur propre chef) des mélodies glorieuses à l’endroit des autorités politiques du coin. Non pas que les populations éprouvent de la jalousie à l’égard des promus, mais les ascensions à caractère géopolitique n’ont quasi jamais rien produit sur les départements de l’Estuaire. Généralement ces progressions hiérarchiques sont au bénéfice des principaux concernés, de leurs familles respectives et de leurs courtisans politiques. À l’intérieur du Gabon des circonscriptions telles que la Mougalaba, le Haut Ntem, l’Ogooué Letili, l’Abanga Bigne, la Douigny et la Zadié sombrent dans la misère à cause des brimades politiques du système Bongo-PDG, ici dans l’Atlantique Nord les départements du Komo, du Komo-Mondah, du Komo-Océan et de la Noya tirent la langue depuis 60 ans sous le regard immunisé d’un amphithéâtre politique rempli (jusqu’à déborder) de princes et princesses, de ducs et duchesses, de comtes et comtesses, de barons et baronnes du système Bongo-PDG.

*BREF APERÇU DES NOMINATIONS ADMINISTRATIVES ET POLITIQUES AU BÉNÉFICE DES RESSORTISSANTS DE L’ESTUAIRE*

Entre 1958 et le coup d’État victorieux du 30 août 2023, les Riverains (nom des habitants de la province) ont vu huit hommes du dialecte fang du Komo et une femme de l’ethnie mpongwè de Libreville gouverner le Gabon, soit *9 premiers ministres sur un total de 13 gabonais*. Ils ont vu *5 autres mpongwè sur 15 gabonais présider l’assemblée nationale et le sénat*, avec une *longévité cumulée de 32 années sur 63*. Ils ont regardé Madame Rose Christiane Ossouka Raponda traverser de la primature vers la Vice-Présidence de la République (2022-2023). Ils ont observé des natifs de l’Estuaire présider des groupes et des commissions parlementaires, des agences présidentielles comme les Parcs Nationaux et les Grands Travaux (pour ne citer que celles-là). Ils ont plusieurs fois consulté l’annuaire des ministres d’État et des ministres, des ministres délégués et des secrétaires d’État, des directeurs de cabinet et des Hauts Représentants Personnels du Chef de l’État, des hauts commissaires et hauts conseillers d’État, des ADG, présidents et vice-présidents des conseils d’administration, des secrétaires généraux et inspecteurs généraux de services, des directeurs généraux et leurs adjoints.  Dont *l’ultra-majorité est issue des « grandes familles » de la province qui se sont délectés de la suprématie politique* auprès des présidents Léon Mba-Minko-Mi-Edang, Omar Bongo Ondimba, Rose Francine Rogombé et Ali Bongo Ondimba, jusqu’aux régents Sylvia Bongo Ondimba et Nourredin Bongo Valentin.

Plusieurs fois *la géopolitique du système Bongo-PDG a abandonné à des ressortissants de l’Estuaire des secteurs de souveraineté* comme l’intérieur et la sécurité, le Pétrole et les Hydrocarbures, les mines, l’énergie et les ressources hydrauliques, les finances et le budget, l’habitat, les transports et les travaux publics, le commerce et l’industrie, la Justice et la culture. *Soixante-six ans plus tard le bilan est décevant pour les circonscriptions de la province*. Mise à part les progressions récentes du Canton Ikoyi Tsini (Owendo jusqu’à Bikele), *les mises à jour automatiques du système Bongo-PDG n’ont rien rapporté au Littoral Nord du Gabon, elles ont satisfait des individus et non des territoires*.

Dans la province de l’Estuaire *les scrutins législatifs, municipaux et départementaux du système Bongo-PDG sont comme des applications préinstallées sur un téléphone portable*: les élus essentiellement pédégistes sont imposés à l’avance, sans vraie consultation des militants dudit parti ni plébiscite réel des électeurs. Même le CTRI qui vient d’arriver et qui connaît pourtant les vrais résultats des scrutins politiques du 26 août 2023, n’a pas hissé à la tête des délégations spéciales, les gens qui avaient réellement obtenu le suffrage des populations. Ce sont plutôt les militants d’un PDG sévèrement battu dans les urnes que les militaires ont ramenés aux affaires, probablement sous la dictée de la constellation des pédégistes du Palais présidentiel. Pendant ce temps *les territoires de l’Estuaire croupissent sous le lourd fardeau des arriérés de sous-développement*. Après 56 ans de bongoïsme absolu, *c’est encore le même parti qui djigue*.

Libreville, le 04 juin 2024
*Philippe César Boutimba Dietha*

Paul Essonne

Journaliste

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