Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président de la Transition Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, Par Alain Gérald Lewis MBA BEKUI

Pour une Nation Digne : Appel à l’Interdiction du  »Kounabélisme »

Monsieur le Président,

Je m’adresse à vous avec la plus grande déférence, en tant que jeune citoyen gabonais profondément préoccupé par l’avenir de notre chère nation.

Par la présente, je sollicite votre humble attention sur une pratique qui, depuis trop longtemps, entrave la marche vers le progrès de notre nation. Il s’agit du culte de la personnalité, communément appelé « kounabélisme ». Ce terme désigne une réalité où des groupes d’animation exploitent et réduisent des milliers de Gabonaises à de simples instruments de divertissement, leurs efforts étant rétribués par de maigres compensations telles que des morceaux de pagne, des sandwichs, de la bière, et, pour les plus chanceuses d’entre elles, quelques billets.

Cette situation, qui transforme l’essence même de l’individualité en une simple monnaie d’échange mérite une réflexion profonde et des mesures concrètes pour restaurer pleinement la dignité de chaque citoyen et citoyenne de notre belle nation. Le « kounabélisme » constitue non seulement une perversion des valeurs, mais également un frein à l’épanouissement collectif. Il est impératif que nous réexaminions et redéfinissions nos pratiques culturelles afin de promouvoir un avenir où chaque individu est respecté et valorisé pour sa contribution unique à la société.

Cette pratique, profondément enracinée dans nos mœurs politiques et sociales, représente un obstacle majeur à notre progrès et à notre dignité nationale. Elle érige la facilité en critère de réussite, permettant à certains de perdre leur honneur en prodiguant des louanges démesurées aux hautes autorités. Nous subissons ce fléau depuis trop longtemps. Aujourd’hui, alors que l’on évoque la restauration de nos institutions, il serait sage de commencer par la restauration des mentalités en interdisant cette pratique indigne et, si possible, en promulguant une loi pour la pénaliser.

Le « kounabélisme » incarne une adulation excessive, aveugle et opportuniste des dirigeants par des citoyens, des personnalités politiques et des artistes. Cette flatterie constante et insincère n’a qu’un seul objectif : attirer les faveurs des autorités, au prix de l’honnêteté, de l’honneur, de la dignité et de l’intégrité des individus qui s’y livrent. Ce comportement ne manque pas de causer des dommages à l’échelle nationale, car il devient un moyen d’accéder à des postes, d’obtenir de l’argent ou de décrocher des promotions sociales et professionnelles.Monsieur le Président, cette pratique est vicieuse et humiliant pour plusieurs raisons que je souhaite énoncer comme suit :

1. Le « kounabélisme », cette adulation obséquieuse des puissants, engendre un gaspillage effarant de nos précieuses ressources humaines. Les individus qui s’y adonnent détournent leur énergie et leurs talents vers des activités improductives en préférant les sirènes flatteuses de la cour aux nobles tâches constructives.

Ainsi, ces talents, au lieu de se consacrer à l’édification de notre société, ils se perdent dans les méandres de la flatterie, sacrifient sur l’autel de l’opportunisme ce que leur potentiel pourrait apporter de bénéfique à la construction du pays. Cette déviation, ce malheureux détournement des aptitudes humaines, entrave inexorablement notre développement économique et social en plus de freiner notre élan vers le progrès et la prospérité.

2. Le « kounabélisme » instaure et nourrit une culture de l’opportunisme et de la médiocrité. Ceux qui se livrent à cette pratique cherchent à s’élever non par le mérite, mais par des flatteries qui dépassent les limites du ridicule et de la honte. Cette quête effrénée de faveurs, au détriment des véritables valeurs a ceci de particulier de décourager les talents authentiques et les travailleurs intègres. Par conséquent, ce comportement déplorable détruit les fondations mêmes de notre société, nuit à la méritocratie et compromet  notre avenir collectif. La valorisation de l’adulation au détriment du mérite constitue un péril pour notre nation, et cela appelle à une réflexion et des actions urgentes pour redresser cette dérive.

3. Érosion de la critique constructive, le kounabélisme constitue un danger insidieux pour notre progression collective. En effet, une société prospère repose essentiellement sur la capacité de ses citoyens à émettre des critiques constructives et à proposer des solutions viables aux défis qui se dressent devant eux. Lorsque j’évoque la critique, je me réfère non aux vociférations injurieuses propagées par certains activistes sur les réseaux sociaux, mais plutôt à une forme de discernement éclairé et argumenté. Le « kounabélisme » compromet cette capacité en favorisant une adulation aveugle et en décourageant toute forme de réflexion critique. Ce phénomène entrave gravement notre capacité à nous améliorer et à innover, éléments essentiels à notre développement et à notre progrès en tant que nation. Il est donc impératif, Monsieur le Président, de rétablir un espace propice à la libre expression et à la critique constructive, afin de préserver l’intégrité intellectuelle et le dynamisme de notre société.

4. L’humiliation nationale : cette humiliation engendrée par le « kounabélisme » constitue une préoccupation majeure, car elle trahit une attitude de complaisance et de soumission, loin de l’aura de fierté et de dignité que nous aspirons à projeter. Cette pratique avilissante réduit notre crédibilité et notre respect sur la scène internationale, elle rabaisse notre position et dégrade notre influence dans le concert des nations. Il est donc urgent, Monsieur le Président, de rompre avec cette dynamique dégradante et de restaurer l’image de notre pays en promouvant des valeurs d’intégrité, de dignité et de respect mutuel.

Il est de notre devoir  d’agir avec la plus grande rigueur pour éradiquer cette pratique honteuse et indigne qui gangrène notre société. Ainsi, je vous adresse respectueusement cette requête pressante : inscrire dans nos lois l’interdiction formelle du « kounabélisme ». Cette mesure doit être assortie de sanctions rigoureuses, applicables à tous, qu’ils soient artistes, personnalités politiques ou citoyens ordinaires.Il est primordial que toute personne coupable de cet acte d’indignité et de déshonneur soit punie avec la plus grande sévérité. Seule une telle démarche dissuasive pourra véritablement mettre un terme à cette pratique nocive et restaurer l’intégrité morale de notre société.

Je vous prie de me permettre la liberté de vous soumettre une proposition d’une réelle importance  pour l’avenir de notre nation,  qu’un décret soit édicté afin de formaliser l’interdiction du « kounabélisme », et que ce décret précise sans équivoque que toute personne qui se livre à cette pratique sera soumise à des sanctions juridiques sévères.

Cette mesure législative, Monsieur le Président, enverra un signal fort et sans équivoque : le Gabon rejette catégoriquement les flatteries vaines et l’opportunisme. Il est temps de promouvoir les valeurs du travail acharné, de la compétence et de l’intégrité, plutôt que de tolérer des comportements aussi dégradants.

Les conséquences néfastes du « kounabélisme » ont été trop longtemps ressenties dans notre société. Il est désormais urgent d’opérer un véritable changement, qui doit débuter par une évolution profonde des mentalités et des comportements. C’est seulement ainsi que nous pourrons entrevoir une transformation durable de nos institutions et de notre société.

Sous votre leadership, Monsieur le Président, nous nourrissons l’espoir que le Gabon puisse se défaire de ces pratiques rétrogrades et embrasser un avenir basé sur la transparence, la responsabilité et le mérite. Ensemble, bâtissons un Gabon où chaque citoyen est reconnu et valorisé pour sa contribution authentique, et non pour sa capacité à flatter les autorités.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

Alain Gérald Lewis MBA BEKUI

Paul Essonne

Journaliste

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