Lettre ouverte au premier ministre du Travail de la Cinquième République.

Au lendemain de la formation du nouveau gouvernement de la république conduit par Alexandre Barro Chambrier, le secrétaire général de la Fédération des Travailleurs du Gabon, Jocelyn Louis Ngoma a tenu à s’adresser au tout premier ministre du Travail de la Vème république: Patrick Barbera-Isaac. Nous vous publions in extenso les propos du SG de la FETRAG.
« Monsieur le Ministre, permettez-moi, en ma qualité de Secrétaire Général de la FETRAG, de vous adresser mes plus vives félicitations à l’occasion de votre nomination en tant que premier Ministre du Travail de la Cinquième République. Votre désignation, dans un contexte aussi déterminant pour l’avenir du Gabon, est porteuse d’un immense espoir pour l’ensemble des travailleurs du pays.
Le retour du Gabon à l’ordre constitutionnel, scellé le 3 mai 2025, suivi de la publication du premier gouvernement républicain, marque une étape historique dans la refondation de notre nation. Il appartient désormais à votre ministère de faire vivre les fondements du projet de société du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, dont l’ambition première est de rendre aux Gabonais leur dignité, notamment à travers la lutte contre le travail précaire.
Ce chantier crucial ne saurait aboutir sans une réforme sérieuse de notre environnement syndical. En effet, il est indéniable que la vitalité du dialogue social repose sur des partenaires représentatifs, légitimes et crédibles. Or, au fil des années, des dérives inquiétantes ont fragilisé cet équilibre, notamment la multiplication de structures syndicales créées non pas pour défendre les travailleurs, mais pour accéder à la subvention publique, devenue, hélas, le seul véritable objectif pour certains.
Cette instrumentalisation du syndicalisme, souvent tolérée, voire encouragée, par une certaine complaisance administrative, a profondément dénaturé la vocation première de nos organisations syndicales. Des fonctionnaires du ministère du Travail, sans doute guidés par des logiques d’alliances ou par souci d’apaisement temporaire, ont parfois contribué, consciemment ou non, à l’ancrage de cette culture syndicale éloignée des valeurs de probité, de service et de représentation sincère.
Le travail précaire trouve ainsi un terrain favorable dans le silence ou l’inaction de ces syndicats déconnectés des réalités du terrain. Il devient donc impératif de remettre de l’ordre et de rétablir un syndicalisme de responsabilité, capable d’accompagner les réformes sociales ambitieuses que votre ministère sera amené à conduire.
Deux leviers s’imposent comme prioritaires :
1. L’organisation des élections professionnelles, qui seules permettront d’assainir durablement le paysage syndical en donnant la parole aux travailleurs et en révélant les véritables représentants issus du terrain.
2. L’audit rigoureux de la subvention publique accordée aux syndicats, à confier à la Cour des comptes, afin de garantir que les ressources publiques soient gérées dans la plus stricte orthodoxie et affectées à des entités ayant une réelle activité et une légitimité reconnue.
Ces deux réformes sont complémentaires et indissociables. Elles permettront de mettre fin à une époque où le syndicalisme a parfois été utilisé comme un levier d’opportunisme, voire de clientélisme, au détriment des intérêts fondamentaux des travailleurs gabonais.
Monsieur le ministre, le vent de renouveau qui souffle sur notre pays nous oblige tous à faire preuve de courage, de transparence et de responsabilité. Le monde syndical doit également prendre sa part dans cette exigence de refondation. Vous avez aujourd’hui l’opportunité historique d’engager ce virage, avec le soutien de toutes les forces vives qui, comme la FETRAG, aspirent à un dialogue social moderne, juste et efficace ».
Jocelyn Louis Ngoma
Secrétaire Général de la FETRAG.

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