Les martyrs du 31 aout 2016 décédés lors de l’attaque du QG de Jean Ping à Libreville, au lendemain de l’élection présidentielle mouvementée, ont témoigné de leurs convictions à une alternance politique au Gabon, jusqu’à leur mis à mort.
À près de deux ans de l’élection présidentielle de 2023, les leaders de l’opposition politique affirment déjà la nécessité d’une alternance au pouvoir. Leur discours, devenu routinier, consiste à valoriser l’alternance à la fois pour elle-même, comme signe de bonne santé démocratique, et aussi parce qu’elle est supposée porteuse de changements politiques et sociaux. Dans les temps difficiles que vivent les Gabonais, il semble que cet Esprit des martyrs, allié à la douceur soit redevenu indispensable à tous pour mieux résister aux persécutions.
Mais au-delà de la légitime indignation, des interrogations persistent sur la place de la justice au Gabon et sur la faible réaction des autorités. Avec le poids des années, l’essentiel réside désormais dans le regard surnaturel que l’on peut porter sur ces événements du 31 aout 2016. Car nul ne sait si la célébration de ce 31 aout 2021 ne constitue pas, en creux, un prélude au réveil de l’opposition elle-même, et du Gabon tout entier. Engageant dès lors à la patience et à la persévérance dans l’épreuve. C’est sans doute le meilleur moyen, car sollicitant l’aide divine, de vaincre le mal par le bien !
En effet, l’incapacité du pouvoir et de l’opposition à engager un dialogue tant qu’il en est encore temps entraîne alors immanquablement une spirale ascendante de tension politique. Tandis que le pouvoir en place essaie de contrôler, voire d’éteindre le mouvement de contestation, du côté de l’opposition, les coups stratégiques ont pour objectif de délégitimer le pouvoir en place. De plus, l’incapacité des institutions à réagir de manière efficiente et à temps, ne permet pas de faire fonctionner les balises prévues dans un État de droit : le Parlement, la justice, les forces armées, les Églises, la société civile ou les médias sont alors défaillantes.
En outre, dans l’esprit des Gabonais la possibilité acceptable d’une prise de pouvoir en dehors des formes prévues par les lois en vigueur est une réalité. Or, le respect de la Constitution est à la base de l’éducation civique de tout citoyen.