Les violences dans la société : Un véritable fléau.

La violence est devenue central au sein de la population gabonaise ces dernières années avec les violences sexuelles, violences à l’école, homicides, braquages, etc. Les médias relayent et illustrent ces violences en puisant dans l’intarissable source des faits divers.

Dans la population, il est fréquent de commenter toute cette violence pour exprimer une inquiétude. Beaucoup de choses s’amalgament à travers cette notion de violence. Il n’est donc pas sérieux de regrouper et d’interpréter ensemble des assassinats mafieux, des infanticides, des violences conjugales, des vols avec violences, des viols, des incestes, des actes de pédophilie, mais aussi des violences verbales en tous genres, des gifles, des coups de poings, des jets de pierre sur des voitures de police, des dégradations d’Abribus ou de cabines téléphoniques, des incendies de véhicules, etc. Ces infractions sont de nature largement différente. Leurs causes, leurs motivations, leurs auteurs, leurs victimes, les lieux et les circonstances de leur perpétration sont extrêmement divers.

Mais alors, qui est aujourd’hui responsable de la violence sociale ?

S’agissant de l’exercice de la violence physique, la responsabilité n’est en principe pas difficile à établir, et elle l’est encore moins lorsque les actes de violence physique ont eu des témoins ou lorsqu’ils ont été filmés, comme ce fut le cas il y a quelques jours avec l’agression de Patience Dabany. Quand il s’agit de violence psychologique, les faits et donc la responsabilité, sont déjà plus compliqués à établir. Qu’en est-il maintenant lorsqu’on parle de violence sociale ? Si cette violence peut être dite sociale, c’est certainement qu’elle est collective : mais on sait quelles difficultés pose la notion de responsabilité collective. Le problème est qu’en raisonnant ainsi, on ne se donne la possibilité que de penser selon les termes de l’alternative entre, d’un côté, l’individuel, de l’autre, le collectif.

Le social est une réalité qui n’est ni individuelle ni collective pour la raison que ce terme désigne quelque chose qui est de l’ordre des rapports : il s’agit de penser quelque chose qui n’est situé ni dans les individus pris isolément ni dans les individus pris collectivement, mais qui se situe entre les individus.

On n’a d’yeux que pour des individus bien séparés les uns des autres, et pas pour les rapports qui se jouent et se nouent entre eux. On se focalise sur les termes du rapport (c’est-à-dire les individus), pas sur le rapport lui-même et comme tel. Du coup, en étant ainsi placée en extériorité par rapport aux individus, la dimension sociale des rapports se trouve dans la meilleure position possible pour être en mesure d’exercer sur les individus une domination qui prend la forme d’une contrainte externe, violente, anonyme et apparemment invincible. Les individus se trouvent dépossédés de la maîtrise de leurs propres rapports et le social ne vient plus à eux que de l’extérieur, sous la forme d’une inflexible contrainte.

À ces derniers, il reste deux choses : d’abord, dans l’immédiat, l’expression d’une contre-violence qui ne sera évidemment pas considérée par l’État comme une contre-violence sociale, de sorte qu’il cherchera et trouvera des responsables individuels ; et puis, dans un second temps, l’entreprise consistant à se réapproprier leurs propres rapports sociaux, à en reprendre la maîtrise pour leur donner une forme qui leur permette de partager entre eux une vie digne.

La violence a de graves conséquences sur les individus et la société. Elle a des répercussions sur le secteur de la santé, non seulement parce qu’elle est une cause de mortalité et de morbidité, mais aussi en raison de son impact considérable sur les coûts des soins de santé. La violence a des racines sociales, historiques et culturelles et ne devrait pas être considérée comme une simple question de sécurité publique. Pour confronter et prévenir la violence, il est nécessaire d’assurer une coordination intersectorielle et une convergence de plusieurs politiques publiques, incluant celles qui concernent la santé.

Confronter la violence, cette épidémie silencieuse du 21e siècle, requiert une volonté politique, une coordination entre des institutions et des segments de la société variés (gouvernement, organisations sociales, centres académiques et de recherche, initiatives privées), de même que des programmes de politiques publiques soutenus par des résultats de recherche. Conscient de cette réalité et des défis qu’elle propose, il serait judicieux de développer des stratégies de prévention liées à la garde et à l’éducation des jeunes enfants. Car les enfants sont la clé du futur du Gabon.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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