Les perfides trompeurs dont parle « la Concorde » par *Jo Dioumy Moubassango, IRM*

Depuis déjà quelques mois, quelques compatriotes et pas des moindres se sont ligués pour opposer à l’effort de restauration du CTRI une résistance politique qui vise à déconstruire l’ambition légitime des autorités militaires de réformer le pays, laissé en lambeaux par le régime déchu. Si ces comportements peuvent être justifiés par le respect du principe de liberté d’expression, garanti par la constitution du 26 mars 1991, il n’en demeure pas moins que la sincérité et la légitimité des propos tenus en partie par d’anciens hiérarques du régime Bongo-PDG peuvent leur être contestées.
En effet, des anciens dignitaires et autres personnalités, qui s’étaient habitués à marcher sur la dignité du peuple gabonais et qui clamaient haut et fort ne point vouloir passer le relais de la gouvernance du pays à qui que ce soit, semblent désormais convaincus par leur vision politique presque prophétique pour aujourd’hui venir donner des leçons aux autorités de la transition.
La réalité qu’ils semblent oublier est que les leçons qu’ils veulent donner aujourd’hui ont déjà été appliquées au pays pendant 55 ans, et pour les plus jeunes pendant 14 ans. Les résultats, nous les connaissons : une dégradation de tous les indicateurs du pays. Ceux qui parlent à partir de leur casquette d’hommes forts de l’ancien régime ne peuvent, aux yeux des Gabonais qui ont souffert, trouver aucune espèce de légitimité. Leur parole n’est donc que du vent, le temps ayant déjà démontré l’absence d’épaisseur politique caractérisée par un cumul de souffrances et une juxtaposition des douleurs au niveau national.
Il est bon de rappeler à ceux qui pompeusement avaient prétendu être « le produit de l’égalité des chances » qu’une source d’eau ne peut produire deux qualités d’eau. Et comme me l’a appris mon grand-père Madera, on ne peut pas arracher le sein de la bouche d’un enfant et l’empêcher de pleurer. Nous comprenons, en notre qualité d’acteurs de la vie publique, les jérémiades dont ils deviennent les auteurs, qui ne visent qu’à essayer d’attirer l’attention et récupérer un fromage tombé de la bouche du corbeau.
En ce qui me concerne, fort de mon passé politique connu de tous et confiant dans l’avenir, je voudrais rappeler à certains que parfois le messager est le message. Les concertations, ils les ont tenues dans ce pays, les lois iniques, ils les ont portées dans ce Gabon, la souffrance du peuple gabonais, ils l’ont validée, l’espoir pour notre jeunesse, ils l’avaient fait volatiliser. Ceux qui ont cautionné tous les excès dans ce pays ne peuvent pas tout à coup devenir des hommes politiques à la vision éclairée.
Personne n’est dupe. Si le perroquet national (Air-Gabon), qu’ils n’ont jamais su ressusciter, devient un perroquet médiatique, il faudra malheureusement lui rappeler qu’il ne suffit pas d’être un oiseau, encore faut-il être capable de déployer les ailes de la dignité et de la cohérence politique. Personne ne récupérera par la communication une crédibilité politique volontairement perdue à l’épreuve de la gouvernance du pays. Nous ne sommes pas ignorants de l’histoire. Les contempteurs n’arriveront pas à nous convaincre que c’était mieux avant le coup de libération avec la très arrogante young team et tous les courants éphémères qui ont traversé le régime déchu. Ceux qui ont tourné le dos au pays en difficulté pendant plus d’une décennie n’arriveront pas à se présenter au peuple comme des anges politiques à l’analyse pertinente. À force de jouer avec le vent, on finit par se construire un destin de feuille morte, disait l’auteur. Perfides trompeurs.
La démocratie certes, la liberté d’expression oui, mais les faits nous renseignent aussi sur la qualité des hommes et leur courage politique. Je suis de ceux qui pensent qu’il faudra accorder le bénéfice du doute aux nouvelles autorités du CTRI. Donnons-leur le temps de déployer leur vision politique (restauration) et jugeons-les sur pièces. La transition doit être l’occasion de toutes les intelligences, pas l’opportunité de divertir le peuple avec de vaines contestations qui ne visent qu’un seul but : le retour à l’ordre ancien. Sur ce fait, je suis persuadé que personne ne veut repartir ne serait-ce que sept ans en arrière. Et c’est cette perspective de rentrer dans les oubliettes de l’histoire qui dérange ceux qui s’agitent, et sur les réseaux sociaux et dans la presse traditionnelle. Voilà.
*Jo Dioumy Moubassango, IRM*
Paul Essonne

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *