Les Gabonais en proie à leurs démons !

L’affirmation du droit des Gabonais à la vérité remet en cause les fondements mêmes des discours politiques et médiatiques modernes. Un grand nombre de manipulations partisanes auxquelles on acquiesçait, suivant l’hypothèse réaliste qu’ils faisaient partie du jeu, ne satisfont pas à la nouvelle norme. Peut-être subsisterait-il des cas où le mensonge serait justifié, la guerre par exemple. Mais le débat politique n’en serait pas moins profondément transformé.

En effet, le réalisme crée un flou, une confusion des principes, qui permet le triomphe du mensonge. Il n’y a rien de dangereux dans l’adoption d’une position idéaliste en la matière. Celle-ci est même essentielle. Affirmer que la vérité est un droit fondamental du citoyen en démocratie, c’est établir un principe clair. Un idéal, certes. Un idéal qui servira de phare aux acteurs politiques et d’aulne aux citoyens.

L’exercice de tout droit peut bien sûr être limité en certaines circonstances. Mais l’affirmation claire du droit circonscrit ces circonstances. Comme les autres droits fondamentaux, le droit à la vérité ne devrait être restreint, que dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique.

Le comportement des Gabonais indique que, dans bien des circonstances, ils semblent préférer le mensonge à la vérité. Il semble que les électeurs acceptent les manipulations des gouvernants faute de mieux, plutôt qu’à la suite d’une décision libre et éclairée. Si tous les politiciens sont menteurs, le citoyen, dans l’isoloir, se trouve devant l’alternative suivante : ou bien il choisit le menteur qui lui répugne le moins, ou bien il annule son vote.

Les Gabonais sont peut-être en train de reproduire les tragiques événements qui ont mené à la seconde guerre mondiale. Si les mêmes causes peuvent parfois produire les mêmes effets, l’histoire a démontré qu’il n’en était pas toujours ainsi.

Paul Essonne

Journaliste

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