« Le Porta Potty pratiqué au Gabon est-il moins grave que celui de Dubaï ? » s’interroge Serge Abslow.

En plus d’être de grands hypocrites, les Gabonais sont vraiment déprimants. Ça fait deux semaines qu’ils font les choux gras d’une affaire qui se déroule à 100.000 lieux de chez eux. Cette affaire de prostitution sur fond de fétichisme sexuel les fascine à un tel point qu’ils ne se lassent plus d’en parler. Comme si les créateurs de contenus n’avaient rien de mieux à faire que de relayer une affaire qui n’a pourtant rien d’un scoop.

Car, à part le décorum qu’offre Dubaï, sur fonds de gratte-ciels et de paillettes dorées, qu’est ce qui fascine tant ces gabonais dans cette affaire dont les acteurs, les mobiles, les pratiques et les monnaies d’échanges sont les mêmes qu’au Gabon? Parce que les gabonaises et les gabonais sont de gros pervers lubriques qui copulent à ciel ouvert comme des bonobos. Pour de l’argent, les jeunes filles se donnent depuis toujours aux hommes de tous les âges, adolescents, jeunes hommes, hommes murs ou vieillards.

Les femmes mûres, célibataires, simplement en couple, fiancées et même mariées entretiennent de multiples relations par ailleurs. Les hommes quant à eux sont encore pires et profitent autant qu’il est possible de toutes ces bonnes chairs. Pourvu qu’ils paient, ils peuvent s’offrir pour un soir, un week-end ces jeunes, moins jeunes, mûres et parfois vieilles femmes selon leur prix. Et ça couche alors partout. Debout dans les bosquets, en voiture, au bar, en boîte, au motel ou à l’hotel et parfois sur le lit conjugal…. partout au Gabon ça « game ».

Certaines pour 10 mille, d’autres pour le double ou le triple. Certaines autres font de la surenchère et rajoutent à ces tarifs planchers quelques zéros. Toutes les marchandises n’ont pas le même prix. Pour autant, quel que soit le tarif, on est dans le domaine de la prostitution. Le plus vieux métier du monde c’est presqu’un sport national chez nous. Mais ces gabonais moralisateurs ferment volontiers les yeux sur cette prostitution endémique nationale pour s’intéresser, en s’offusquant abusivement et hypocritement de ce qui se passe à Dubaï.

Et pourtant, il est de notoriété publique dans ce pays que les élèves et les étudiants livrent leurs corps aux enseignants contre de bonnes moyennes. Que les jeunes diplômés offrent leur corps aux recruteurs contre des emplois. Que les travailleurs du public et du privé offrent leurs charmes à leurs supérieurs hiérarchiques en échange des promotions. Le corps se monnaie partout et pour tout dans un troc indécent ou le sexe est la matière première. Ce commerce sexuel a déjà outrepassé les bornes de la morale sociale, privée et publique.

Si on devait s’arrêter aux simples relations tarifées, ce serait déjà assez grave pour retenir l’attention de gens normaux. Mais le problème chez nous, c’est que le sexe tarifé fait appel aussi aux pratiques mystiques. Combien de femmes dans nos villes et nos villages copulent avec des entités sataniques? Certains clients ayant consenti de payer le prix fort que fixent les marchandes de sexe, se métamorphosent en serpents, en démons, en loup-garous… toutes sortes de bêtes qui sont de véritables entités démoniaques.

Les témoignages sont légion depuis le scandale récent des placements qui n’a pas encore livré tout son lot de révélations. Mais seul le porta potty dubaïen fascine les gabonais. Mais quelle différence il y a t-il entre offrir son corps contre une voiture au Gabon et le faire contre 20 000 ou 30 000 $ à Dubaï? Qu’y à t-il de plus effrayant entre coucher avec un homme-boa à Libreville ou manger des excréments et se faire rémunérer en échange à Dubaï?

Qu’y a t-il de plus supportable entre copuler avec un loup-garou pour de l’argent à Libreville et se faire pisser dessus pour le même argent à Dubaï? Si la prostitution est immorale partout dans le monde, elle a des proportions et des pratiques différentes selon les pays. En tout cas, au regard de ces deux caractéristiques, elle a atteint des sommets et des dimensions insoupçonnés au Gabon au point que s’offusquer de ce qui se passe à Dubaï ressemble à une plaisanterie.

Car la prostitution est si rampante chez nous qu’elle est devenue pour notre génération, l’un des carburants de l’ascenseur social, par le mécanisme des placements. Qui parmi nos jeunes filles n’admire pas ces belles dames qui roulent en carosse, boivent du champagne, voyagent dans le monde sans jamais justifier du moindre emploi ou de la moindre affaire? Quel jeune gabonais n’admire pas ces richissimes hommes dont la promotion sociale et l’enrichissement rapides n’ont aucune justification cohérente sinon que le ramassage des clés dans des coins sombres?

Que les gabonaises et les gabonais sachent « qu’avant de voir la paille qui est dans l’œil d’autrui, il faut d’abord voir la poutre qui est dans le votre ». En matière de prostitution, notre pays tient une juste place et les gabonaises et les gabonais ne peuvent se prévaloir d’une quelconque virginité et moralité pour invectiver Dubaï. La prostitution et la corruption sont les choses les mieux partagées de notre nation dont elles ont corrompu l’âme. Ballayons d’abord devant nos portes avant d’aller balayer devant les portes des dubaïotes..

Paul Essonne

Journaliste

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