Le Gabon est un pays en situation d’handicap.

Depuis l’apparition du Covid-19, tout le monde connait les urgences et les défis auxquels l’humanité est désormais confrontée. Mais la conscience de leur imminence ne suffit pas. Lorsqu’on arrive avec des nouvelles chargées de catastrophes, il faut absolument les accompagner de nouvelles positives, pour donner la possibilité de créer un imaginaire. Les êtres humains sont les seuls à savoir qu’ils vont mourir et à se fabriquer des histoires à longueur de journée.

Les décisions prises aujourd’hui détermineront le Gabon de demain. Les dirigeants du pays ont-ils vraiment l’intention de faire du Gabon un modèle en termes de développement durable ? Ma réponse est non, pour trois raisons majeures. La première est que la priorité absolue n’est pas donnée à tout ce qui touche la gouvernance : guerre ou paix, sécurité civile, stabilité administrative, juridique et fiscale, pratique de la démocratie. La deuxième est le refus d’une remise en cause complète de tous les concepts, procédures et instruments dont se servent aujourd’hui les pays riches pour « aider » les pauvres. La troisième est le refus de l’idée que le développement ne se parachute pas, et ne peut venir de l’extérieur. Car il ne s’affirme que lorsqu’il est autocentré et puissamment piloté par une volonté nationale forte, éclairée et légitime.

De plus, la version consensuelle du développement durable permettant de ne pas modifier le paradigme d’organisation sociétale en vigueur, n’autorise pas le renouvellement de la réflexion sur le problème du développement du Gabon. Au contraire, il s’avère qu’en pointant les problèmes environnementaux posés à tous, cette version a tendance à reléguer les problèmes de bien-être qui se posent au plus grand nombre, au second plan. Le développement durable est ainsi venu occulter pour une large part les questions spécifiques du développement, alors qu’il était originellement censé aider à les résoudre.

Si le concept de développement durable peut permettre de poser de nouvelles questions ou d’en reformuler d’anciennes, il n’apporte aucune solution véritable à la problématique du développement, surtout en cette période de pandémie du Covid-19.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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