Le débat de Missélé éba’a: Toujours les mêmes méthodes…

Le président de la République, Ali Bongo Ondimba, souhaite renforcer les relations entre le Gabon et de nouveaux partenaires. Si le projet est louable, il faudra tout de même sérieusement mesurer toutes les conséquences possibles.

Dans son ambition de faire adhérer le Gabon au Commonwealth, il y a une réalité immédiate qui apparaîtra, celle de froisser la France qui se veut le chantre de la francophonie. Autrement dit, cette défiance ou cette transgression pourrait légitimement lui coûter la perte du soutien de la cinquième puissance mondiale dans tout et pour tout. A moins de deux ans d’une élection présidentielle qui s’annonce difficile, c’est vraiment un mauvais calcul. Sous-estimer le poids de la France dans la vie politique gabonaise est plus qu’une faute.

Emmanuel Macron est très fort dans les mises en scène. Cela se comprend aisément, il fait du théâtre depuis plus de 30 ans. En recevant Ali Bongo Ondimba de façon aussi chaleureuse à l’Élysée et se retrouver une semaine après avec le scandale BGFI à la figure est du grand art politique.

On ne peut pas penser, un seul instant, qu’il n’était pas au courant de cette enquête entamée depuis plus de 6 mois sur le scandale BGFI. En a-t-il parlé au président de la République? Tout montre que non. Le silence qui règne dans les médias proches du palais présidentiel, pourtant prompts à valoriser ce qu’ils appellent la lutte contre la corruption en est la preuve. Où est scorpion et ses démembrements, pompeusement nommés Task Force?

La volonté de changement n’est visiblement pas à sens unique désormais. Si le pouvoir d’Ali Bongo souhaite offrir plus d’espace aux concurrents de la France, on se doute bien qu’elle ne restera pas les bras croisés. Et nous y sommes. Repenser le système qui permet aux régimes d’Afrique centrale de se maintenir est en cours d’exécution. Cela passe bien évidemment par le démantèlement de certaines de ses sources d’approvisionnement. Et BGFI aujourd’hui, comme hier la FIBA avec Elf, en fait partie.

Ce qui se passe à BGFI Congo n’est que la certification d’une méthode qui sera également appliquée ailleurs. Si autant de graves entorses sont constatées à BGFI Congo, pourquoi n’en sera t-il pas autant dans ses autres antennes ou à la maison mère?

Dans cette affaire de BGFI, au-delà du changement de paradigmes politiques souhaité, il n’est pas exclu qu’il y ait cette volonté de discréditer le Gabon auprès des enquêteurs pour le compte du Commonwealth. En effet, il sera question d’exposer le niveau de banditisme financier qui alimente la vie publique et politique du Gabon. A partir de cet instant, le refus d’adhésion au Commonwealth sera une évidence et constituera une victoire pour la France.

Raymond Barre disait bien: » En politique, tous les coups sont permis ». Dans ce bras de fer engagé, la France aura tout le soutien de l’Union européenne. L’Angleterre ayant librement choisi d’en sortir. Le chef de l’État a-t-il fait un bon calcul? La réponse est NON.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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