Le débat de Missélé eba’a : Sylvia Bongo dit quoi maintenant ?

En une seule photo publiée sur les réseaux sociaux, celle de l’ancien directeur de cabinet du président de la République, Brice Laccruche Alihanga, et voici toute la communication de l’épouse d’Ali Bongo remise en cause.

Peut-on être présentée comme une femme au cœur sur la main, une sorte de Mère Thérésa des Tropiques et accepter de voir sans réagir un être humain, de surcroît un ancien collaborateur de son époux, dans une telle situation de détresse ? C’est incohérent et il y a quelque chose qui sonne faux.

Soit le combat qui est mené pour les causes sociales dites difficiles est un moyen pour se créer une image belle, loin de la réalité. Soit Brice Laccruche Alihanga a posé un acte qui n’a rien de professionnel et qui peut tenter de justifier l’inhumanité qui lui est servie. Mais connaissant l’homme et son amour pour les gens, contrairement à ceux qui vivent sur Twitter et Facebook, le mal ne peut venir que des adorateurs d’un monde virtuel qu’ils pensent réel.

La cote de popularité de Brice Laccruche Alihanga reste inchangée malgré son incarcération et la cabane organisée par des cabinets noirs du palais qui abusent de la force de l’État. A contrario, ceux qui usurpent la fonction présidentiel depuis l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo peinent à se faire accepter des gabonais. Et ce malgré leurs milliards mal acquis et leurs grossières opérations de charme.

Toutes les femmes de président de la République usent et parfois abusent de leur pouvoir de l’oreiller pour résoudre des cas compliqués. Que fera Sylvia Bongo maintenant que l’état physique de Brice Laccruche Alihanga a été présenté au monde entier : un cas d’Auschwitz à Libreville. Un BLA malade et amaigri ?

A Calcutta, mère Theresa s’occupait de toutes les catégories de pauvres. Elle reste un modèle de sincérité et de dignité. En France, l’abbé Pierre se souciait de tous les sans abri, comme Coluche donnait des repas à tous ceux qui ne mangeaient pas à leur faim. Quid de Sylvia Bongo Ondimba qui se présente comme celle qui défend les causes sociales et sanitaires en grande difficulté au Gabon ? Quid de sa sincérité dans cet engagement remis en cause par un cas si proche de sa maisonnée ?

Pour une gifle donnée à une femme, elle a fait mettre en place un numéro vert. Quel numéro la mère de Brice Laccruche Alihanga et de Grégory, son petit frère, devra t-elle composer pour exposer les situations difficiles de ses deux fils emprisonnés, maltraités et gravement malade ? De sources médicales Brice Laccruche Alihanga ferait un cancer quand Grégory perdrait la vue.

Sylvia Bongo peut t-elle sillonner les bidonvilles de Libreville, en prétendant offrir un peu d’humanité aux pauvres gabonais, sans être choqué de voir ce qu’il reste de Brice Laccruche Alihanga qu’elle a connu dans la sombre période de Ryad ? N’est-il pas venu le moment de lui renvoyer l’ascenseur étant dans la même détresse qu’elle dans la période octobre 2018 ?

Nul besoin de caricatures pour se souvenir des Juifs dans les camps de concentration, il suffit de regarder les restes humains de Brice Laccruche Alihanga sur cette photo authentique qui circule sur les réseaux sociaux. Rien de surprenant, depuis plusieurs mois, ses avocats se plaignent de ses conditions de détention et le fait qu’il ait perdu plus de 40 kilos. Le miroir est parfois violent ou agressif pour les bourreaux. En voici un bel exemple avec l’état de Brice Laccruche Alihanga.

Est-ce le fait d’avoir falsifié des documents administratifs qui justifierait une détention en isolement depuis plusieurs années maintenant ou un traitement digne des camps de concentration? C’est un peu fort de café et tous les gabonais savent désormais que finalement les vraies raisons de son arrestation semblent ailleurs.

À qui devrait-on poser la question sur le cas Brice Laccruche Alihanga et ses amis puisque l’opération Scorpion a disparu. Or, c’était elle qui pouvait nous répondre au sujet des fameux détournements de fonds publics qui avaient justifié son arrestation ? Comme la vie des enfants des autres ne compte visiblement pas, pour étouffer un grossier mensonge ou une supercherie démasquée, on nous sert une affaire de faux documents que Brice Laccruche Alihanga aurait concocté. Quelle honte pour les auteurs d’un tel degré de méchanceté.

Autrement dit, le revirement vers des accusations fallacieuses de falsification de documents était la preuve d’un aveu de manipulation de l’opinion publique, mais surtout qu’il n’y avait rien de vrai et de sérieux dans cette affaire. Vraiment, honte à tous ces gens qui ont prêté serment pour servir la République mais ont décidé, pour des avantages matériels éphémères, « de l’enculer » comme cela avait été vulgairement dit à Ryad.

Le 30 janvier 2023, Sylvia Bongo visitait un centre d’accueil pour chiens et chats abandonnés, maltraités et en attente d’une famille pouvant leur donner amour et attention qu’ils méritent. Ceci nous amène à demander si Brice Laccruche Alihanga ne mérite pas également l’amour de ses enfants et celui de sa mère qui a fait un double AVC depuis l’incarcération injustifiée de ses deux fils. Madame, même les chiens et les chats ont besoin d’amour et d’affection. Quid d’un être humain qui ne vous est pas étranger ?

Cette mère qui vit mal ses derniers jours aimerait aussi dire à ses fils comme vous l’avez fait pour le vôtre le jour de son anniversaire «le premier jour de vos vies, le jour où mon monde est devenu plus beau » ou encore « je ne sais où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la vôtre ». Oui, la mère Laccruche Alihanga aimerait le dire à ses fils comme vous.

Sans réaction depuis cette publication sur les réseaux sociaux, elle qui vit pourtant à travers ces espaces d’échanges numériques, l’épouse d’Ali Bongo a alors accepté qu’on puisse affirmer qu’Auschwitz est désormais dans nos murs. Et ça, ce n’est pas normal.

On ne peut vouloir se donner une image de femme de cœur quand tout ce qui est fait au sommet de l’État depuis l’accident vasculaire cérébral du président de la République renvoie en permanence à la terreur, à la peur et parfois même à la pure folie. La simple image de Brice Laccruche Alihanga qui fait le tour du monde vient discréditer une communication qui se voulait angélique. Dommage.

Au moment où Félix Tshisekedi nomme son ancien directeur de cabinet, qu’il avait pourtant envoyé en prison, ministre de l’économie, on ne comprend pas l’acharnement contre Brice Laccruche Alihanga et la stratégie des Cerbère du pouvoir en place qui entourent le Président de la République. Il faut toutefois rappeler que, de même que la paix se construit, de même qui sème la violence ne peut que récolter la violence. Et malheureusement, la violence n’a jamais été à l’avantage des régimes vieillissants, surtout en année électorale.

À la veille d’une élection présidentielle aussi risquée, avec un chef d’État fragilisé par un accident vasculaire cérébral, des soutiens extérieurs démobilisés et un dispositif politique faible et en imposture, il paraît stupide de garder autour de soi des éléments répulsifs quand l’heure est au rassemblement et au dialogue.

Il y a quelques jours, Emmanuel Macron venait d’accueillir sur le sol français le journaliste Olivier Dubois, otage des terroristes du Mali. Ce dernier a indiscutablement une meilleure mine que celle de Brice Laccruche Alihanga. C’est à se demander si les terroristes du Sahel sont plus humains que ceux actuellement au pouvoir au Gabon. Cela interpelle plus que jamais la femme du président de la République qui se dit femme de cœur.

Bien évidemment, cette photo ne pose pas seulement un problème pour le « combat » de Sylvia Bongo mais aussi à l’image et aux capacités de l’ambassadeur de France au Gabon. Ce dernier serait-il plutôt carriériste que gaulliste où la philosophie prônée reste « tout pour la grandeur de la France ». Un citoyen français maltraité dans une prison en Afrique est une honte et une humiliation pour la grande France. Il n’y a pas de français des Tropiques et ceux de la Métropole. Les autorités françaises en poste au Gabon devront répondre de cette négligence surtout si Brice Laccruche Alihanga meurt comme cela semble se dessiner depuis quelques jours.

Le cas Brice Laccruche Alihanga qui se confond aux pensionnaires d’Auschwitz commande que la France, dit pays des Droits de l’homme, s’y penche très sérieusement. On ne peut avoir un traitement différent pour des français en danger.

Autant Emmanuel Macron a été clair lors de sa visite au Congo Brazzaville, en disant qu’il n’était pas venu servir la soupe à Denis Sassou-Nguesso lorsqu’il s’est agi des questions de démocratie et du respect des droits fondamentaux, autant on se demande si le cas des détenus français au Gabon, dénoncé par la Commission des droits de l’homme de l’ONU, n’a pas figuré dans l’agenda des échanges avec le président gabonais. Cette situation d’injustice et d’inhumanité ne peut durer.

D’ailleurs c’est ce qui pourrait justifier la grève des magistrats gabonais. Ces derniers refusent de se rendre complices des forfaitures judiciaires en cours. Ils n’ont certainement pas prêté serment pour piétiner le droit et consacrer l’injustice, eux qui savent combien de fois les jurisprudences hasardeuses sont dangereuses pour l’avenir d’un pays.

Sylvia Bongo peut t-elle nous dire si c’est dans ces conditions qu’elle entend soutenir la candidature d’Ali Bongo ? Sylvia Bongo peut t-elle continuer à nous parler de « charité « , « d’égalité » , « d’humanité » et de « dignité quand le cas Brice Laccruche Alihanga lui inspirerait négligence et indifférence ?

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le citoyen gabonais peut désormais apprécier avec froideur et rigueur le cas Brice Laccruche Alihanga. Que disent les enquêtes au sujet des fameux détournements de fonds publics quand on sait que Patrichi Tanasa, directeur général d’une structure publique qui gère le pétrole du Gabon, en plein Tribunal de Libreville, devant une salle comble et des journalistes à l’affut, a avoué avoir émis des chèques en faveur de la Fondation Sylvia Bongo et remis à Jessy « Ella Ekogha » ?

A un moment donné, il faut arrêter de penser que les enfants des autres sont des animaux ou que tous les gabonais ont la tête déchirée. Rappelons à toutes fins utiles que la Fondation Sylvia Bongo n’a jamais déposé de plaintes pour diffamation. C’est dire.

Au moment où la Cour des comptes vient de remettre son rapport 2020 en 2023 au gouvernement et au Parlement, soit trois ans après, il y a lieu de s’inquiéter quant aux éventuelles révélations y figurant. Qui jugera qui quand on sait que l’argent du Covid a été volé par une bande d’irresponsables qui ne savaient pas qu’un jour ils devront répondre de leur viol fait à la République?  Attention à la jurisprudence Karim Wade, Karim Keita ou Isabel Dos Santos. Patrichi Tanasa a trop parlé et ce qu’il a dit est suffisant pour faire mettre à la maisonnée du président de la République un peu de sagesse dans ses actes.

Une telle révélation dans un pays sérieux où la justice est véritablement libre aurait suscité l’interpellation immédiate des concernés. Mais hélas, la Fondation Sylvia Bongo s’est contentée d’un communiqué frileux et Jessy « Ella Ekogha » de disparaître des écrans. Mais on comprend bien pourquoi Sylvia Bongo le maintien au poste de porte-parole de la présidence de la République malgré ses allures de taulard fini comme l’indiquent ses vulgaires tatouages. Il en sait trop sur les indélicatesses de la Fondation.

Sous d’autres cieux, la sagesse aurait vraiment commandé une gestion particulière et différente de cette situation. C’est à croire que la raison a foutu le camp dans le giron présidentiel. Trop d’enfantillages et de personnalisation des affaires au sommet de l’État. Or, la République commande de la hauteur, qu’ils n’ont visiblement pas. Tout n’est qu’imposture chez ces gens.

Si l’épouse d’Ali Bongo n’aide pas le président de la République à sortir de ce bourbier politique et diplomatique, on peut dire bonjour la merde pour la suite. Le cas Brice Laccruche Alihanga pourrait emporter bien de gens. A chacun son agenda. Tout le monde aura été averti.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’OPAM

 

Paul Essonne

Journaliste

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