Le débat de Missélé eba’a : Que chacun reste à sa place.

En écoutant les discours acides pondus ça et là par certains compatriotes, on pourrait légitimement se demander si les gabonais seraient subitement devenus xénophobes ? À cette question, nombreux seraient tentés de répondre par l’affirmative tant la violence des mots autour des étrangers ne laisse la place à aucune complaisance.

Aussi, il serait important et intéressant de savoir comment et pourquoi nous en sommes arrivés à cette situation dramatique qui tend à verser dans le cafouillage total.

Pour commencer, il serait intéressant de savoir, combien de gabonais lambda seraient capables de pointer du doigt à Samuel Dossou, ce compatriote d’origine béninoise qui a géré, durant des décennies, le pétrole du Gabon avec Omar Bongo Ondimba ? Pas grand monde, tant son éducation, sa discrétion et sa simplicité demeurent légendaires. Et dire qu’il avait tout pour afficher arrogance et insolence.

Marié à une femme politique gabonaise influente avec qui il a eu des enfants, Samuel Dossou avait tout pour revendiquer avec force sa nouvelle nationalité. Il est resté modeste et discret bien qu’intégré dans la société gabonaise. Il est loin d’être un cas isolé.

Des milliers de citoyens du monde vivent paisiblement dans notre pays sans que cela ne suscite dégout et rejet des gabonais de souche. C’est dire qu’il y a bien un élément ou un facteur qui a déclenché la colère de nombreux gabonais concernant cette affaire d’étrangers. C’est naturellement la place qu’ils occupent dans notre pays. Voici en fait le cœur du problème.

Omar Bongo Ondimba disait « si un étranger vous apporte sa force de travail, offrez lui en retour votre hospitalité ». De nombreuses entreprises créées ou dirigées par des étrangers aident des milliers de familles gabonaises à vivre dignement. Il est tout à fait normal que ces derniers soient considérés tant qu’ils respectent les règles de travail fixé par l’État. Le contraire ne peut nullement être assimilé à de la xénophobie.

Christian Kerangall a peut être la peau blanche mais bien malin qui oserait dire qu’il n’a pas le Gabon dans son cœur ou dans ses tripes. Il en est de même pour Brice Laccruche Alihanga qui a toujours vécu au Gabon, sa mère ayant passé les ¾ de sa vie dans ce pays au cœur de l’Afrique. Ses classes, ses amis et ses habitudes sont gabonais.

D’autres citoyens du monde ont adopté le Gabon comme seconde patrie. Sa beauté multiformes associée aux opportunités qu’il offre a fait que des étrangers ont librement choisi d’y établir domicile. Ils vivent et partagent le quotidien ou les mêmes réalités que de nombreuses familles gabonaises. D’aucuns diraient qu’ils se sont bien intégrés. Il n’y a que leur faciès et leur accent d’origine, pour certains, qui rappellent d’où ils viennent.

Qui peut objectivement dire que Seydou Kane n’est pas intégré dans la société gabonaise ? Il passe plus de temps au Gabon qu’au Mali, la terre de ses ancêtres. Il vit dans un quartier sous intégré où il a construit une villa qui ne laisse penser les gabonais les plus suspicieux qu’il partira demain. Son quotidien est gabonais.

Ce n’est certainement pas de cette catégorie d’étrangers dont parlent tous ces gabonais agacés par l’hégémonie des gens venus d’ailleurs dans les affaires politiques et administratives de notre pays. Quel culot et quelle maladresse de vouloir placer Ousmane Cissé, un ressortissant sénégalais, à la tête de la Société d’eau et d’énergie du Gabon au moment où la présence de Mohamed Ali Saliou comme directeur de cabinet adjoint du président de la République exaspère le plus grand nombre de gabonais?

À ce niveau il faut dire que, tant qu’il tutoyait les poteaux électriques de la Capitale, c’était moins gênant que de le voir décider de l’avenir et du devenir des gabonais. Quel est son niveau académique ?  Quelle est son expérience professionnelle qui le qualifie pour ce job ? Quel est son bilan en tant que collaborateur du chef de l’État ? Il n’y a plus de téké, de fang, de dzebi ou de punu pour faire ce job ?  Il n’y a plus de cadres valables au PDG pour occuper ce poste ? Diantre…

Autant de situations qui nous amènent à rejeter cette greffe incompatible avec le Gabon d’abord de nos pères fondateurs. Et à entendre certains responsables de l’administration s’indigner face au cri des patriotes qui se sentent insultés, on peut dire que les collabos ne sont pas tous morts avec la fin du nazisme et le déclin du régime de Vichy. Honte à vous. L’histoire saura traiter vos cas.

Emmanuel Lerouel, un citoyen rwandais, Akim Daouda, un béninois 100% et Ian Ghislain Ngoulou, un congolais pur jus, ont prouvé quoi et où pour justifier leur présence au sommet de la République ?  Voici des charlatans connus et des mystificateurs reconnus qui profitent d’un système qui ne roule pas pour les intérêts du peuple. Il est tellement plus facile de piller le pays avec des apatrides. Les patriotes et autres résistants, nous disons non.

L’histoire de notre pays nous commande vraiment de dire non à cette situation car, on peut se demander que sont devenus les maîtres de la Légion étrangère du premier septennat d’Ali Bongo Ondimba? Ils sont partout sauf au Gabon où ils ont pourtant occupé les fonctions les plus prestigieuses.

Certes c’est une seule dent cariée qui fait sentir toute la bouche mais on ne peut, pour autant, arracher toutes les dents. Dans ce débat, il ne faut introduire aucune passion au risque de tomber dans les pièges caricaturaux des collabos.

Pour régler ce problème sérieux et dangereux, il faut  (1) faire respecter les lois en vigueur sur l’immigration et les mettre à jour, (2) ne plus brader la nationalité gabonaise en la donnant à tours de bras, (3) et faire en sorte que chacun respecte sa place dans notre pays. Ainsi, il ne se posera plus jamais la question des étrangers au Gabon.

Si toutefois le problème changeait de forme, il serait différent du débat que suscitent les cas Oceni et autres.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’Organisation Patronale des Médias (OPAM).

 

Paul Essonne

Journaliste

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