Le débat de Missélé eba’a: On se tait ou on dit quand même?

Quelques jours avant son passage devant les médias nationaux et internationaux, le porte-parole de la présidence de la République annonçait qu’il animerait une conférence de presse le mercredi 17 novembre 2021 à 14h.

Si l’effectivité de cet instant ne souffre d’aucun doute, la conférence de presse ayant bien eu lieu, on note néanmoins que la légèreté habituelle était bel et bien au rendez-vous. Une réalité qui plombe la communication du président de la République et ridiculise notre pays sur la scène nationale et internationale.

En effet, le porte-parole de la présidence de la République pense peut-être qu’une charte graphique ou une affiche bien colorée apposée sur les supports de communication de cette institution suffirait à donner de l’épaisseur, de la crédibilité ou de la pertinence à ses propos. Hélas, les Gabonais sont devenus très exigeants et supra vigilants.

Aussi, à ce niveau de responsabilité, au nom du respect dû à l’institution qu’on représente, on ne peut confondre « point de presse » et « conférence de presse ». C’est la preuve qu’il y a une imposture démasquée qui justifie à juste titre les incapacités et la légèreté du service communication de la présidence de la République. On ne peut annoncer une conférence de presse pour retrouver dans le compte-rendu le mot point de presse.

Dans le fond, que devrait retenir l’opinion  publique du périple du chef de l’État à l’étranger? A lire le compte rendu pondu et servi à la presse, pas grand chose. Le porte-parole n’a nullement présenté les retombées concrètes obtenues pour le Gabon par la délégation représentant notre pays.

Autrement dit, si à Ryad le voyage présentait des allures plus économiques, combien de contrats ou de partenariats ont été signés avec ou pour des entreprises gabonaises. Y a-t-il eu des promesses de déplacements des hommes d’affaires saoudiens au Gabon pour approfondir les échanges engagés?

A Glasgow, les services de communication de Félix Tshisekedi ont présenté à l’opinion publique les retombées de son déplacement. Quid du cas Gabon qui se veut être le leader dans la lutte contre le réchauffement climatique. Est-ce rendre service au président de la République lorsque son porte-parole présente sa présence à la COP26 comme celui qui aurait le plus serré la main aux géants de ce monde sans que cela ne rapporte rien au pays?

On peut aisément comprendre la nécessité de rappeler le caractère fraternel et amical de ce  déplacement au Maroc. Cependant, on aurait souhaité que le porte-parole nous fasse au moins le résumé des points précis qui ont été évoqués entre les deux autorités. Que nenni. Il a plutôt donné l’impression que ce voyage au Maroc n’était que du tourisme avec à la clé du farniente à outrance.

Enfin, nul ne pourra vous dire quels sont les aspects de notre coopération qui ont été revisités par le président français et celui du Gabon. Le porte-parole estime que c’est en multipliant les superlatifs qu’il va réussir à meubler son incapacité à donner l’essentiel de cet entretien. Que retenir de cet échange? Le vrai débat est là.

Omar Bongo disait que ce qui se dit entre chefs d’État reste entre les chefs d’État. Toutefois, il y a des éléments indicatifs qu’on peut servir à l’opinion publique.

Dans cette analyse du compte-rendu du porte-parole de la présidence de la République, extrêmement léger et d’une vacuité terrible, on a volontairement tu le style langagier utilisé. Un bon élève en classe de première littéraire n’aurait pas fait une production très éloignée de celle qui a été servie à la presse nationale et internationale.

S’il n’y avait rien à offrir de concret à l’opinion publique, aucune disposition légale n’obligeait le porte-parole à plonger dans un spectacle humiliant qui n’amuse que les adversaires et ennemis d’Ali Bongo Ondimba. Si c’est avec ça qu’on prépare 2023, que pourra t’il face à un homme tranchant comme Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, percutant comme Edgard Owono Ndong ou virulent comme Davin Akouré?

Alors, on devrait-on faire régner le silence ou s’indigner face à cette communication légère? Il s’agit quand même de la première institution de notre pays. Aussi, nous disons Non. Ali Bongo et le Gabon méritent mieux.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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