Le débat de Missélé eba’a: Noureddine Bongo Valentin aurait pu. Mais hélas…

Un proverbe bien connu dit:  » la confiture, moins tu en as, plus tu étales « . Quand les sites internet proches de la présidence de la République greffent ce qu’ils appellent les prouesses de Noureddine Bongo Valentin à la victoire des acteurs de l’opération Mamba, on se demande (1) pourquoi cette imposture et (2) quel est l’objectif d’une telle communication impertinente ?

Des opportunités enviables qu’a eu Noureddine Bongo Valentin au sommet de l’État ? Parlons-en.

En arrivant à la tête de la coordination générale des affaires présidentielles, Noureddine Bongo Valentin avait ce qu’on appelle en communication politique, un profil vierge. C’est-à-dire une trajectoire politique neuve, prête à construire. D’ailleurs, on se souvient que la seule chose qui lui était reprochée par ses détracteurs fut un certain « délit de patronyme » qui n’a nullement prospéré.

En effet, aucune loi au Gabon n’interdit au président de la République de nommer sa progéniture à de hautes fonctions. L’exemple de Jean Christophe Mitterrand en France avait fini par doucher les aberrations d’un tel discours bancal.

Le premier challenge pour Noureddin Bongo Valentin était de se façonner une image à la dimension de ses ambitions grâce au concours d’une équipe sérieuse, compétente et pragmatique. Près de trois ans après, on peut légitimement faire le bilan objectif de son parcours ou de l’image dont il jouit au sein de l’opinion publique.

Si ceux qui l’accompagnent en viennent à l’accrocher artificiellement à une victoire historique des acteurs de l’opération Mamba, c’est qu’ils n’ont rien à vendre sur lui. Et c’est dommage quand on sait le pouvoir, les moyens et les opportunités qu’il a eu durant son séjour comme coordonnateur général des affaires présidentielles.

Quiconque a suivi l’opération scorpion et l’action de ses démembrements regroupés en task force sait que cela a été mené avec très peu de sagesse. C’est pourquoi, les avocats des frères Laccruche Alihanga n’ont pas hésité à exploiter à outrance toutes les failles monumentales qu’ils ont constaté.

Aujourd’hui, le juge français, rien qu’en s’appuyant sur le rendu de la commission des droits de l’homme de l’ONU, se trouve qualifié pour convoquer à Paris tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à négliger le respect des procédures judiciaires. A ce niveau de la situation, il faut dire que le pire est à prévoir si la sagesse ne prime pas. Ce qui doucherait définitivement les ambitions légitimes du fils d’Ali Bongo Ondimba.

Dans le même état d’esprit, en regardant l’arrêté 0001/PR du 20 mai 2020 portant création, attribution et organisation d’une taskforce de suivi et d’orientation stratégique nationale de la riposte covid-19 au Gabon, publié par un site internet proche de la présidence de la République, on ne peut désormais plus dissocier l’ancien coordonnateur général des affaires présidentielles de toute la gestion des fonds covid-19 au Gabon.

En plus, le Copil citoyen, bras armé de la société civile sur cette question, est parvenu à faire disparaître le copil républicain. Cette démarche réussie a contribué à légitimer ses actions et ses diverses revendications. D’ailleurs, on constate que ce n’est ni le copil républicain, ni le ministère de la santé et encore moins la primature qui viennent justifier sur la place publique les observations du copil citoyen. Mais bien l’administration qui hébergeait les services du coordonnateur général des affaires présidentielles et ses équipes.

Ce qui veut dire que c’est bien au palais présidentiel que toutes les questions stratégiques liées au covid-19 se traitaient. A quel niveau le fils du président de la République se protège d’éventuels dérapages comme cela semble le cas si on s’en tient aux affirmations graves du copil citoyen? Ne dit pas, qui trop embrasse mal étreint?

C’est dire qu’en portant devant les instances internationales ce que le copil citoyen considère comme un véritable scandale financier, Noureddine Bongo Valentin et ses collaborateurs pourraient se retrouver à nouveau en grande difficulté. Voici une affaire supplémentaire compliquée en plus du dossier pendant et pesant de la détention jugée arbitraire des frères Laccruche Alihanga. Il ne faut absolument pas sous-estimer ce qui tend à se dessiner. La question des biens dits mal acquis avait aussi commencé ainsi. Il faut très vite tirer toutes les conséquences politiques de cette situation inconfortable.

Les victoires ont très souvent des propriétaires, quand dans le même temps, la  plupart des hommes aux affaires refusent assez souvent d’assumer leurs échecs. En 2017, lorsque Nicolas Sarkozy perd les élections présidentielles face à François Hollande, la droite française est tombée à bras raccourci sur trois de ses collaborateurs qu’elle tenait pour responsable de l’échec collectif constaté: Claude Guéant, son ancien secrétaire général à l’Élysée et ancien ministre de l’intérieur. Emmanuelle Mignon, son ancienne directrice de cabinet. Et enfin, Patrick Buisson, son conseiller de l’ombre qui théorisait ses concepts de droitisation.

De par le pouvoir dont il s’est prévalu en mettant en place tout un dispositif politique et administratif, l’ancien directeur de cabinet du coordonnateur général des affaires présidentielles est perçu comme le premier sinon le principal responsable de l’image toxique dont jouit aujourd’hui Noureddine Bongo Valentin dans l’opinion publique nationale, voire internationale. Ce qui carbonise ses chances d’accéder au fauteuil présidentiel ou de légitimer ses ambitions.

De mémoire collective, pour son entourage, il n’était plus question de voir ou revoir Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon. Tout avait été mis en place pour effacer son passage et son image au sommet  de l’État. Voici que les affaires rattrapent les apprentis sorciers qui ont pensé que le pouvoir présidentiel était un jeu pour adolescents éveillés. Pas une, pas deux, on voit bien l’impasse dans laquelle nos jeunes se trouvent au point de tenter de ressusciter Ali Bongo Ondimba qu’ils ont pourtant disqualifié publiquement par leurs actes.

Dans cette situation, malheureusement, aucun gabonais n’est dupe. Ce n’est certainement pas ainsi que la mayonnaise pourrait prendre. Les transgressions faites sont d’un niveau difficilement rattrapable. Que peut bien faire le Haut commissariat de la République face aux dégâts multiformes réalisés et constatés? La donne a tellement changé au Gabon: après les émeutes de 2016, les séances de lynchage dans les rues de Libreville, le mouvement des casseroles, les montées d’adrénaline de dynamique unitaire et la détermination du copil citoyen, on peut objectivement craindre le pire en cas d’un quelconque passage en force après l’élection présidentielle à venir.

Dans la même foulée, Emmanuel Macron jouera son dernier mandat, la Russie tend à s’enliser dans une guerre inopportune, l’Angleterre sait quel est son périmètre d’action ou d’influence, le pouvoir gabonais pourrait réellement boire la tasse s’il ne tient pas compte de tous ces paramètres fondamentaux. Cette situation présentée de manière glaciale ne sera que la conséquence des actes posés par Noureddine Bongo Valentin et ses amis. On voit bien qu’il n’est plus question pour lui de réaliser des tournées et autres conjugaisons avec le peuple comme certains voulaient le faire. Ce recul ou cet abandon est la preuve d’un échec.

Peut-être faudrait-il qu’il songe à se débarrasser, dès maintenant, de ses cerbères qui, finalement, ne lui ont pas été d’un bon conseil alors qu’il avait tout pour réussir. On ne peut être un leader si la priorité des actes posés est tournée vers le vice, une revanche sur la vie, les règlements de compte, les humiliations systématiques ou les intrigues permanentes. Malheureusement, il y a eu plus de ces dérapages que d’actes constructifs durables. Qui perd au final en terme d’image si ce n’est le fils d’Ali Bongo Ondimba?

Il y a eu une grave erreur de casting au départ et les résultats de ce raté politique sont là. La victoire de Mamba devant la cour d’appel prouve bien que ce ne sont pas ceux qui ont fait Mamba qui ont fait scorpion. Le temps est venu mettre fin à une imposture qui n’avait que trop duré. Sinon pourquoi le résultat est différent alors que la méthode utilisée serait maitrisée ou la même? C’est la question que Noureddine Bongo Valentin devrait se poser pour comprendre la difficulté de son ambition.

En d’autres mots, il faudrait que Noureddine  Bongo Valentin tire les conséquences politiques de ces échecs au moment où la lutte contre la corruption est présentée comme étant un de ses projets phares. Osons croire que sa seule action visible, qui est la pose des pavés sur le bord de mer, ne soit pas un danger pour lui et sa famille. C’est-à-dire que les pavés posés ne constitueront pas les armes avec lesquelles les populations pourraient les chasser du pouvoir ou du Gabon. Le général De Gaulle lui aurait déconseillé un tel projet après avoir subi mai 68 à Paris.

En toute circonstance, il faut savoir faire un bilan froid. En toute sincérité, la virginité politique de Noureddine Bongo Valentin aurait pu l’aider à succéder à Ali Bongo Ondimba. Malheureusement, les rédacteurs de ses pages n’ont pas été à la hauteur. Ce qui est dommage.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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