Le débat de Missélé eba’a: L’Union Nationale à la croisée des chemins…

Le prochain congrès de l’Union Nationale qui devrait désigner le successeur de Zacharie Myboto semble alimenter les tensions palpables entre les partisans des deux candidats, Paulette Missambo et Paul Marie Gondjout. Tout y passe.

Entre petites phrases assassines inutiles, publications blessantes sur les réseaux sociaux et accusations malveillantes lancées à demi-mot sur l’adversaire lors des rencontres avec les populations, ces deux clans ne n’épargnent rien.

Aussi, l’opinion  publique est contrainte de s’interroger sur la pertinence du nom que porte ce parti. Comment avec autant de violence réciproque, signes prévisibles d’une déchirure certaine, les partisans d’un même parti peuvent-ils être unis ou prétendre unir la Nation? Il y a comme une énième escroquerie politique en cours, confirmée par le dernier message du président sortant aux militants de l’Union Nationale.

En effet, la position de Zacharie Myboto dans le parti commandait soit de la retenue, soit de la hauteur, matérialisée par une impartialité républicaine. Mais hélas, son propos prend habilement position pour son gendre dont le parcours décrit fait office d’arguments de campagne ou de propagande, c’est selon, et c’est politiquement incorrect bien que croustillant.

Aujourd’hui l’Union Nationale présente les mêmes symptômes de déchéance que le parti socialiste de France. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Et nous y sommes. Le choix des militants sera-t-il respecté et accepté? Rien n’est moins sûr. Le vaincu aura-t-il la hauteur de Ségolène Royal qui n’avait engagé aucun recours devant les tribunaux au nom de l’unité du parti? C’est pas évident.

Si l’équipe de Paulette Missambo a été frappé par deux décès qui ont fragilisé l’élan de sa campagne, l’équipe de Paul Marie Gondjout ne s’est offert aucune trêve et a continué à séduire les militants en vue de la victoire recherchée. Le malheur des uns pouvant faire le bonheur des autres.

Après cette espèce d’avantage circonstanciel au profit de Paul Marie Gondjout, deux situations tendent à alourdir le dynamisme qu’il s’était offert durant sa campagne. Il y a d’abord la situation du Maïsha, cet hôtel, jadis propriété de son épouse Chantal Myboto Gondjout et la contribution de plusieurs millions de francs offerts à la caisse du congrès pour les besoins de la cause.

Lorsque le Maïsha avait subi son redressement fiscal de plusieurs milliards de francs XAF, le monde entier l’avait bien entendu. Les responsables de cet établissement avaient crié au règlement de compte politique. Étrangement, des travaux ont repris au Maïsha dans le silence le plus total. Ce qui invite à se poser un certain nombre de questions.

Le parallélisme des formes et la modernité dans la gestion des affaires par des « plus jeunes » auraient voulu que la même opinion publique soit informée de la nouvelle situation du Maïsha. Hélas, l’opacité et la manipulation qui ont conduit notre pays vers des sentiers épineux semblent encore avoir de beaux jours.  Qui fait les travaux au Maïsha et quel arrangement a été passé entre les propriétaires et l’État?

L’un dans l’autre, alors que la majorité des gabonais tire le diable par la queue pour vivre, alors que le pouvoir en place est régulièrement accusé de dilapider l’argent public dans des futilités, le clan de Paul Marie Gondjout, chantre du changement et de l’alternance, ne peut pas venir claquer et ventiler l’information selon laquelle plusieurs millions auraient été donnés pour l’organisation d’un simple congrès quand bien même se serait une condition à remplir.

D’abord cette attitude exprime un manque d’humilité. A la limite, c’est même puéril. Puis c’est indécent au regard des conditions de vie des gabonais et des critiques régulièrement faites au pouvoir en place. Enfin, c’est devenu une faute politique car on attend mieux des gens qui entendent incarner le changement.

Du pain béni pour le gouvernement d’Édith Cresson du Gabon et les dirigeants du PDG s’ils savaient faire de la politique. Malheureusement le silence règne. Certainement ce gouvernement préfère quand l’opposition charge violemment Ali Bongo Ondimba. Au moins leurs tares de gestion et leur incompétence sont oubliées.

Or, voici une occasion en or pour discréditer ces violents adversaires du président de la République qui tiennent l’agenda politique du pays depuis des mois. Heureusement que ce n’est pas avec cette équipe gouvernementale et dirigeante du PDG qu’on amorcera la descente vers la présidentielle de 2023 sinon c’est l’exil assuré pour le chef de l’État. La France et l’union européenne ayant déjà annoncé les couleurs.

L’Union Nationale sera-t-elle de la partie? Tout dépendra du niveau de fracture qui sera constatée. Elle est vraiment à la croisée des chemins. Soit le parti explosera et devra désormais s’appeler la « Division Nationale ». Soit la sagesse, la transparence et l’élégance politique primeront à l’issue du congrès, alors ce parti reconfigurera très sérieusement le jeu politique dans l’opposition. Qui vivra verra.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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