Le débat de Missélé eba’a : Le psychologue ne soigne pas le cancer.

Le pouvoir en place, tenu par des collégiens, vient définitivement de se discréditer auprès de nombreuses organisations internationales et missions diplomatiques qui observent la situation sociopolitique de notre pays en cette année électorale.

En faisant fuiter une note signée des plus hautes autorités de l’univers carcéral de notre pays, on a désormais la preuve que le pouvoir en place est plus que jamais poreux. L’homogénéité et la cohésion ne règnent plus. Or, tous les livres sacrés confirment qu’aucun royaume divisé ne peut régner.

Par conséquent, le pire est à craindre pour ce pouvoir désormais géré par des individus complexés et aigris qui ont fait le mauvais choix de tourner le dos à des partenaires déterminants. En effet, trancher le cou de la Françafrique a un coût. Le pouvoir en place devrait alors s’attende à recevoir de sérieux coups. À la hauteur des indélicatesses multipliées et assumées.

« Tout dans la vie est symbole ». Depuis un certain temps, trop d’informations considérées ou jugées confidentielles se retrouvent sur la place publique, alimentant quotidiennement les feuilletons anti-pouvoir en place. Or, le type de pouvoir en place dans notre pays se nourrit de secrets et de confidences, de cachoteries et de connivences. Hélas, il n’en n’est plus rien de ces codes fondamentaux.

Au sommet de l’État siègent désormais des inconnus au bataillon de la sagesse. C’est maintenant des apprentis sorciers qui n’ont aucune connaissance de la République qui décident de tout. Oui, Omar Bongo Ondimba qu’on a vu faire n’est vraiment plus de ce monde.

La République est bafouée. Elle souffre des viols qu’elle subit en permanence. Autrement dit, ceux qui la dirigent aujourd’hui et de façon déplorable avaient promis, à Ryad, l’enculer . Nous y sommes. Mais que chacun se souvienne de la fin de Simone Gbagbo, de Grâce Mugabe, de Leila Trabelsi et de Elena Ceausescu. Les cas Saïf-al-Islam Kadhafi, Isabel Dos Santos, Karim Wade et Karim Keita sont intéressants à considérer.

C’est dire que la publication des éléments jugés confidentiels sur la place publique constitue un véritable mal profond. Il exprime des déchirures, des fissures voire des brisures du régime en son sein. Ce qui démontre bien un désaccord évident entre les acteurs qui y naviguent. C’est la preuve de la non sincérité des intervenants.

Aussi, plus rien ne se fera à couvert. D’où le danger qui guette ceux qui pensent que tout ce qu’ils font ou feront contre le Gabon et ses populations restera un secret. Ils se trompent considérablement. C’est l’occasion de rappeler que l’arrogance précède la chute nous disent les Saintes Écritures.

Que ces jouisseurs identifiés analysent plus sérieusement la décision de la Cour pénale internationale (CPI) qui a refusé de clore le dossier des « morts » des violences armées de 2016 au QG de l’opposant Jean Ping. Comme ils seraient prudents de décrypter tous les messages qui se cachent derrière les questions des journalistes français posées au premier ministre lors de son récent passage officiel à Paris.

Dans cette interview, que vient faire la question des mercenaires au Gabon pendant la période de l’élection présidentielle ? Pourquoi la question sur la possibilité du pouvoir de recourir aux services de Wagner a été posée ? Rappelons que ce fournisseur d’armes est soutenu par Moscou. Il faut dire qu’à ce niveau des enjeux, l’alerte chez les Occidentaux est maximale. Les puissances occidentales ont voulu dire au pouvoir gabonais qu’il est suivi et gare à la suite. Le moindre recours à la force armée ne sera ni toléré et encore moins pardonné.

Autrement dit, la question des élections au Gabon inquiète plus d’un et dépassera le simple cadre national. Une guerre des puissances pourrait s’y introduire et ne sera nullement à l’avantage du pouvoir en place qui cumule déjà trop de handicap. On note : l’ingratitude des acteurs, l’entêtement des décideurs, l’imposture qui règne à la présidence de la République depuis l’accident vasculaire cérébral (AVC) d’Ali Bongo, la méconnaissance de la République et ses codes, la fragilité sanitaire du chef de l’État, la violence comme mode de gouvernance, l’arrogance et la suffisance des dirigeants, pourtant incompétents, agacent très sérieusement…

De cette situation, le pouvoir a tout à perdre s’il ne modifie pas, de façon radicale et immédiate, sa façon de diriger le pays et de se gouverner. Quel est son intérêt de vivre le même spectacle que Jean Ping en 2016 ? Voici un individu qui a tutoyé les grands de ce monde mais s’est retrouvé sans aucun soutien. Jean Ping paie son soutien à Mouammar Kadhafi.

A ce stade de la réflexion, on peut se demander que sera le prix des votes du pouvoir en place au Conseil de sécurité de l’ONU ? L’Occident est patient mais sait rendre à chacun la monnaie de sa pièce. Rappelons que Michaël Moussa est mort et a emporté avec lui son sens de la négociation.

De la même veine, quel est l’intérêt du pouvoir de rendre crédible les accusations de ses détracteurs sur sa capacité à violer les droits de l’Homme ? Le cas des frères Laccruche Alihanga ne permettra pas au pouvoir de s’offrir des marges de manœuvre à l’international où la problématique des droits de l’homme est toute aussi importante que la protection de l’environnement.

À cet effet, qui croit encore à la sincérité du «combat » de Sylvia Bongo quand on observe la situation sanitaire de Brice Laccruche Alihanga ? Plus personne. De quelle égalité nous parlera t-elle encore? Et dire que c’est à son avantage de plaider pour ce dossier de plus en plus sulfureux.

Pour des documents de naissance ou de naturalisation dits falsifiés, est-ce normal qu’on puisse infliger la peine maximale à l’ancien directeur de cabinet du président de la République ? La réponse est non car les cas de faux documents au Gabon sont tellement légions et des jurisprudences en la matière, il en existe à foison.

D’ailleurs, lors de son discours devant les militants du parti démocratique gabonais (PDG), le président de la République disait ne plus se rappeler de rien pendant un certain temps. Mais un certain nombre de décisions avait pourtant été prises pendant cette période dite de « black-out total ». De qui émanaient t-elle alors ?

Qui avait viré Etienne Massage du gouvernement ? La signature ou les cachets d’Ali Bongo étaient utilisés par qui ? Voici des questions de fond qui ne peuvent plus justifier la présence de Brice Laccruche Alihanga en prison. Il faut s’éviter des situations explosives en année électorale. Est-ce Ali Bongo, le Président de la République qui validait les grossières sorties d’argent décriées par un organisme international ? La réponse est non. Mais que fait alors Brice Laccruche Alihanga en prison ?

Le 27 novembre 2018, l’épouse du président de la République écrivait sur sa page Facebook « Demain,  mercredi 28 novembre 2018, SEM le président de la République, Chef de l’État gabonais, Ali Bongo Ondimba, mon époux, quittera l’hôpital du Roi Fayçal de Riyad en Arabie Saoudite. Nous tenions, avant toute chose, à exprimer notre profonde gratitude à l’endroit des autorités saoudiennes et au corps médical… À cette fin, il a demandé aux principaux responsables au sein de la Présidence de la République de le rejoindre à Rabbat ».

De quel président de la République s’agissait -il ici quand Ali Bongo Ondimba lui-même dit ne se souvenir de rien à cette période? La question alors serait de savoir qui dit vrai ou qui aurait menti au peuple? Dans le cas de ce morceau choisi, il s’agirait d’une haute trahison car c’est bien la parole du chef de l’État qui aurait été engagée et peut être usurpée. Il faut que la sagesse règne sur la République. Cette affaire doit cesser.

La République a ses secrets et ses codes détenus par chaque maillon de la chaine du pouvoir. Pour les conserver ou les respecter, une certaine attitude guidée par la raison d’État et la sagesse est requise. De ce pas, certaines postures ridicules et jusqu’au boutistes sont à proscrire car elles peuvent tout détruire. Et tout le monde ne souhaite pas tout perdre du fait de l’entêtement de quelques-uns. C’est ce qui peut justifier certaines fuites organisées par certains dans la chaîne du pouvoir afin de se dédouaner des dangers à venir. Cette stratégie est souvent recommandée car certains systèmes politiques vieillissants nécessitent que l’on vous ait vu au moins une fois dans la charrette des victimes ou des hommes justes.

Si c’est pour avoir détourné des fonds publics que les frères Laccruche Alihanga ont été jetés en prison, quid des révélations sur le don des bus du Brésil vendu à l’État par le fils du président? Quid de l’argent du Covid qui a été grossièrement détourné ? Quid des affirmations de Patrichi Tanasa sur le milliard de francs CFA et plus remis à Jessy « Ella Ekogha » pour le compte de la Fondation de l’épouse du président de la République ? A un moment donné, ça devient tellement vulgaire que ça n’augure rien de bon.

Dès l’instant où certaines affaires puantes de cette nature commencent à sortir, arrêtons le déballage à ce niveau. Les enfants des autres n’étant pas des animaux, le pouvoir gagnerait, pour des raisons d’égalité et de crédibilité, à juger Grégory Laccruche Alihanga ou de sortir de prison ceux qui semblent être abusivement détenus. Nous sommes bien en 2023 et non dans les années 70.

Toutefois, s’il s’agirait d’autre chose ou d’une autre faute commise par les frères Laccruche Alihanga, qu’on nous le dise publiquement afin que nous mesurons l’ampleur des dégâts. Mais au-delà du mal qu’il aurait fait, n’a-t-il jamais posé des actes bons en faveur du pouvoir en place ? Qui a organisé le retour du président de la République après l’étape de Rabat ? Qui a été le bras armé de la maisonnée du chef de l’État dans la bataille Rabat-Londres ? On ne peut tout jeter ou rejeter au nom de la loi du plus fort.

L’Occident a validé la mort de Mouammar Kadhafi et voici la problématique des migrants devenue un vrai problème pour les Européens. Il n’est pas pertinent de toujours faire sauter certaines digues.

Pour l’heure, lorsqu’on envoie un psychologue suivre un patient atteint d’un cancer, on se demande qui a réellement perdu le nord dans cette affaire. La consule de France comme l’ambassadeur de France échangent avec Brice Laccruche Alihanga. Ni l’un ni l’autre ne pourrait affirmer que l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba souffrirait de démence ou ferait une dépression aigüe au point de le soumettre aux services d’un psychologue.

Comme toutes les décisions prises depuis le début de cette affaire, considérons que la connerie du psychologue constitue un dérapage de plus. Que face à la pression médiatique et celle des réseaux sociaux, il fallait pour les tortionnaires des frères Laccruche Alihanga trouver un moyen de faire taire la violence qu’a suscité dans l’opinion publique son nouvel état physique.

Que le pouvoir en place comprenne qu’avec les échéances à venir et les enjeux en cours, il gagnerait à ne pas s’encombrer de situations qui ne pourront que le faire couler. Le cas des frères Laccruche Alihanga sera pire que le soutien de Ping à Kadhafi. C’est désormais une évidence. Pour s’en convaincre, les défenseurs acharnés du pouvoir doivent suivre la Conférence d’Emmanuel Macron a à Kinshasa. Tout y est dit.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’OPAM

Paul Essonne

Journaliste

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