Le débat de Missélé eba’a: Le président de la République n’est pas une bête de foire.

En voyant Ali Bongo Ondimba, le président de la République, être exhibé de la sorte, telle une bête de foire, on est pris entre une vraie colère et une profonde tritesse. C’est à se demander, comment en sommes-nous arrivés à ce niveau d’irresponsabilité et d’incompétence? Comment la fonction présidentielle peut-elle être autant ridiculisée, rabaissée et ringardisée ?

Quel est le réel objectif de ceux-là qui ont décidé de trimballer le chef de l’État dans la ville en y concoctant des mises en scène grossières et impertinentes au point de faire du président de la République la risée de ses détracteurs et de ses adversaires, d’ici et d’ailleurs? On ne peut que se demander quels objectifs viseraient cette campagne de communication? Autrement, elle répond à quel besoin des gabonais qui n’arrêtent pas de subir les coupures intempestives d’électricité et les incessantes pénuries d’eau.

Il y a quelques années, alors qu’il venait de s’installer sur le fauteuil présidentiel, Ali Bongo Ondimba avait fait un périple national dénommé le Gabon profond. Durant cette tournée nationale, le président de la République, en plus de remercier les populations qui avaient voté pour lui, prenait la réelle température des réels besoins existentiels des gabonais de tous les horizons.

C’est durant ce voyage qu’il s’était arrêté à Ndjolé pour casser la croûte en dégustant les mythiques coupés-coupés de ce grand carrefour stratégique du pays. Jadis, cette démarche avait connu un réel succès car, c’était non seulement la première fois qu’on voyait un chef d’état de notre pays communier avec la simplicité sinon le quotidien des citoyens lambda. Mais en plus, cette initiative venait casser de nombreux préjugés qui pesaient sur le fils d’Omar Bongo Ondimba. Refaire la même chose, dans un contexte totalement différent, montre bien que les nouveaux tenants du palais présidentiel sont vraiment à court d’idées originales. Ce qui est grave pour des gens jeunes.

De plus, cette opération de communication correspond à quel agenda au moment où le PDG vient de marquer des points en stoppant le désordre qui semblait s’installer quant à la question de la candidature d’Ali Bongo Ondimba pour 2023. Plus que jamais, le peuple gabonais vient d’avoir la confirmation des incapacités conséquentes des responsables de la communication présidentielle. Ils sont d’un niveau qui n’appelle aucun commentaire tant la course au ridicule dépasse l’entendement humain. C’est justement la conséquence d’une navigation en pleine imposture. Ces individus, en tête desquels l’infographe aux complexes multiformes, ne sont pas du tout à leur place. Diantre, quel est le but d’une telle promenade accrochée à une communication nauséabonde?

Les gabonais savent qu’Ali Bongo Ondimba n’est pas mort comme le disaient certaines mauvaises langues. Les gabonais veulent voir le président de la République inaugurer des chantiers terminés. Quid de la transgabonaise? Quid des écoles de l’excellence? Quid des hôpitaux modernes qu’on aurait pu construire avec les milliards reçus pour le covid-19 mais grossièrement détournés. Quid de la vie chère, du panier de la ménagère et du traitement de nos vaillants retraités? Quid des routes et ruelles de nos quartiers? Quid de la propreté de nos différentes villes du pays? Quid de l’égalité des chances quand désormais c’est un béninois 100% qui fait la pluie et le beau temps avec l’argent public du Gabon?

Mais les problèmes au Gabon sont légions. Au lieu de les résoudre, on en vient à faire déambuler le président de la République n’importe comment et n’importe quand. Mohamed Oceni peut-il nous dire ce que cette virée nocive pour l’image de la présidence de la République a apporté aux gabonais? Mohamed Oceni peut-il nous dire en quoi cette randonnée du président de la République était nécessaire? Mohamed Oceni peut-il nous dire combien a coûté ce périple tourné en dérision?

Maintenant que le gabonais a vu Ali Bongo Ondimba se promener à la convenance de son équipe de communication, en quoi cela a changé son quotidien? Cette sortie publique impertinente et injustifiable du chef de l’État a résolu quel problème avec nos partenaires qui se plaignent des nouvelles méthodes originales pour ne pas dire extraordinaires de gouvernance de notre pays?

Le président de la République visite la ville. Quoi de plus normal pour un chef d’état? Cependant, où est le maire de Libreville? Où est le ministre de l’intérieur? Où est le préfet de police? Où est le gouverneur de la province de l’Estuaire? Où sont les élus des différentes zones électorales visitées? Si tant est que cette démarche devait refléter un caractère républicain. Si non, pourquoi autant ventiler une visite personnelle ou privée d’Ali Bongo Ondimba? Voici des erreurs graves en termes de communication.

En une seule vidéo du chef de l’État, on comprend désormais pourquoi son équipe de communication refuse de le présenter ou de le confronter à la presse nationale. En une seule vidéo, les gabonais ont compris pourquoi le caractère républicain d’une telle démarche est complètement faussé. En une seule vidéo, l’opinion publique nationale et internationale a compris pourquoi le Gabon semble marcher sur la tête. Trop de communication boiteuse au sommet de l’État. L’infographie n’est pas la communication.

En voyant ce qui s’est passé durant ce périple, les gabonais ont compris. Il y a trop de distance entre le Ali Bongo Ondimba qu’ils ont déjà vu sillonner la ville et celui qu’ils ont visiblement et volontairement transformé en bête de foire. C’est anormal, inhumain et amoral. L’état sanitaire du président de la République impose des comportements responsables et républicains.

Ali Bongo Ondimba n’est pas le premier chef d’État à être malade. Aussi, les actes graves que posent certains de ses collaborateurs devraient être sanctionnés au nom du respect qu’on doit à sa fonction et à la République. Georges Pompidou a été plus malade qu’Ali Bongo Ondimba, jamais la France exigeante n’a manqué d’élégance en l’exposant d’une quelconque manière que se soit. Il fallait absolument protéger la fonction présidentielle.

Abdellaziz Bouteflika a été tout aussi malade qu’Ali Bongo Ondimba. Cependant, jamais les algériens autour de lui ne se sont aventurés à l’exploser telle une bête de foire, même pas en pleine période électorale. C’est dire le degré de gravité des actes que posent ceux qui tirent profit de cette situation d’un Ali Bongo Ondimba fragilisé et désormais handicapé.

Au nom du Gabon d’abord, tout ce cinéma devrait s’arrêter. La République a assez été humiliée. Ca ne peut plus continuer ainsi.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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