Le débat de Missélé eba’a: Le pouvoir gabonais joue avec le feu (2/2)…

Sous Valéry Giscard d’Estaing l’opinion publique a connu l’affaire des diamants. D’ailleurs, bien malin sera celui qui pourra nous dire si cette affaire était vraie ou qu’elle relèverait tout simplement d’une fiction désireuse de tutoyer le réel. Les morts étranges de François de Grossouvre et de Pierre Bérégovoy sous François Mitterrand n’ont pas fini de révéler leur mystère lié à des affaires de corruption. Quid du scandale Elf, toujours sous le mandat du premier Président socialiste. 

Que dire de Jacques Chirac empêtré jusqu’au cou dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris et du financement occulte du RPR, son parti politique. Malgré tous ces scandales enregistrés à un très haut niveau, les chefs d’Etat français qui se sont succédé ont mis un point d’honneur à préserver l’image de la France mais surtout la noblesse de la fonction présidentielle.

Emmanuel Macron n’est pas du tout dans cette logique. La preuve, c’est bien sous sa présidence qu’un ancien chef d’état, Nicolas Sarkozy, a été condamné à un an de prison ferme accompagné d’amendes. C’est dire que la psychologie de ce président n’est ni dans la complaisance, ni dans la diplomatie de façade. C’est pourquoi, à moins d’un an de l’élection présidentielle dans son pays on comprend mieux qu’il ait choisi d’organiser le dernier sommet Afrique-France avec la société civile africaine en lieu et place des chefs d’Etat jugés « sulfureux » ou « infréquentables ».

Il n’est un secret pour quiconque s’instruit un peu que si on s’en tient aux témoignages de la mitterrandie ou même d’Omar Bongo Ondimba, les sommets France-Afrique agaçaient au plus haut point François Mitterrand. Mais il les organisait quand même au nom d’une certaine diplomatie quitte à tenir des mots durs envers ses homologues africains comme au moment du sommet de la Baule de juin 1990.

C’est pour dire qu’en politique, seul le rapport de force compte. La présidence d’Emmanuel Macron ne peut nullement apprécier cette forme de défiance ou d’agitation du pouvoir gabonais lorsqu’il tente des rapprochements avec la Grande Bretagne, sortie de la zone euro, ou la Russie, ennemi de toujours de l’Occident. Des multiples consultations, de par ces agissements diplomatiquement suicidaires, le pouvoir gabonais a offert au peuple les conditions d’une alternance plus que  jamais possible au sommet de l’État.

Sauf à faire un rétropédalage des plus impressionnants, qui imposera humiliation et mea-culpa, orchestré par les services des hommes du pouvoir aux expériences concluantes sur le plan politique et diplomatique, la France est déjà entrée dans la spirale du décompte des jours qui visera à mettre fin à cette récréation qui, selon elle, n’a que trop duré. Il faut toujours se rappeler de la sortie publique et initiale du député français Bruno Fuchs devant la représentation nationale française: qui dirige le Gabon?

A défaut de clairement exprimer ses préférences pour la prochaine élection présidentielle, soit une primaire sera suscitée au sein même de la majorité au pouvoir, soit un éclatement spectaculaire de la majorité sera savamment conçu afin de rendre quasi impossible l’hypothèse d’une quelconque victoire de la majorité au pouvoir. Un travail psychologique qui donnera toutes ses chances à l’alter ego au pouvoir établi qui aura su rassurer ici et ailleurs.

La froideur d’Emmanuel Macron invite à se demander: quel état d’âme cet homme aura face au cas Gabon quand il a accepté qu’un ancien président de la République française soit condamné? A ce niveau, seuls les prochains changements de fond attendus au sein du cabinet présidentiel, du gouvernement et dans la haute administration détermineront la nature ou la violence de la chute.

Toutes les récoltes ne sont pas toujours souhaitées. Pour beaucoup, le pouvoir actuel est non seulement ingrat mais surtout méchant. Une image négative qui ne plaide pas pour le chef de l’État. De ce pas, il sera difficile pour tous les anciens grognards d’Ali Bongo Ondimba de voler à son secours si c’est pour récolter par la suite, mépris, exil ou humiliation.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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