Le débat de Missélé eba’a: La supercherie démasquée…

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Ali Bongo perdu dans ses pensées

De tout temps, les jeunes individus trop pressés et aux ambitions démesurées n’ont jamais été bien récompensés par la dureté  et la réalité de la vie. Or, elle recommande patience, apprentissage et sagesse. D’ailleurs, de nombreux contes dans différentes cultures décrivent bien la morale à retenir face à ce type de cas. Il conviendrait de se réapproprier tous ces enseignements qui aidaient jadis les enfants à apprendre la vie.

Parlant du Gabon, son histoire politique nous fait état d’un conflit générationnel impertinent opposant les rénovateurs aux caciques. Les premiers nommés reprochaient tout simplement aux anciens leur hégémonie dans les arcanes de la République et du PDG. Ces jeunes ne défendaient aucune idéologie sinon le simple “ôte-toi de là que je m’y mette “.

Durant ce différend politique, Omar Bongo fit preuve d’une grande habileté afin d’éviter (1) l’explosion du parti, (2) la chute du pouvoir qu’il dirigeait et (3) la chasse à son fils, considéré comme un des acteurs majeurs du mouvement frondeur.

Tout en restant fidèle à ses vieux compagnons qu’il poussait tout doucement vers la porte de sortie, il aménageait un espace de pouvoir plus grand pour ces jeunes loups aux dents bien longues. Tout ceci au nom de l’ambition qu’il nourrissait pour son fils Ali.

Toutefois, il ne fallait quand même pas dépasser les bornes ou pousser le zèle trop loin. La course au pouvoir nécessitant une grande endurance, c’est sous le conseil avisé de sages dignitaires que le président  de la République, Omar Bongo, fit échouer le projet Akoma Mba porté par son fils Ali et ses amis rénovateurs. Ces derniers voulaient faire du Gabon une monarchie. S’en est suivi une traversée du désert pour Ali Bongo.

Depuis ces instants, il n’a jamais véritablement été porté par les apparatchiks du régime Omar Bongo Ondimba. D’où les appellations diverses et variées dont ” le petit là “, pour quelqu’un qui a plus de 50 ans et un aussi long parcours politique. On note dans la même lancée, le combat juridique nauséabond sur sa filiation, toujours initié par le cercle répondant d’Omar Bongo. Puis, en 2016, seule sa candidature, pour être validée, nécessita un vote à la commission électorale nationale autonome et permanente. Une incongruité violente pour un président sortant et par ailleurs, chef du parti au pouvoir.

C’est dire que rien ne lui a jamais été acquis d’avance. Nul doute qu’avec sa situation sanitaire fragilisée et visiblement instrumentalisée, les choses seront encore plus compliquées qu’en 2016. Agendas cachés et loyauté mise à rude épreuve disait il devant le parlement réuni en congrès.

Autant on reconnait au président de la République cette forte capacité à toujours déléguer, la superbe puissance de Maixent Accrombessi et de Brice Laccruche Alihanga en est la preuve, autant depuis son accident vasculaire cérébral, on reconnaît à peine les habitudes ou l’ADN d’Ali Bongo dans la majorité des décisions qui sont prises au sommet de l’État. C’est à ce niveau que se situe tout l’enjeu de la course au pouvoir de 2023.

François Mitterrand disait de Jacques Delors que celui-ci souhaite être président de la République sans passer par la case élection. Or, c’est une étape indispensable pour occuper le fauteuil présidentiel dans une République. Et pour cela, il faut avoir fait ses classes. La politique n’est pas le monde des bisounours.

Aussi, depuis le report du congrès qui était prévu pour le 12 décembre, deux questions reviennent sans cesse lors des échanges avec certains citoyens d’horizons politiques divers: (1) Ali Bongo sera-t-il candidat pour réellement diriger le Gabon ou (2) le sera-t-il pour permettre à son entourage (a) de gagner du temps et (b) de continuer à diriger le sommet de l’État sans aucun mandat? Ces interrogations, en plus de dénoncer une arnaque politique, tendent à annoncer la fin d’une grosse “supercherie” de plus en plus grossière.

Par Télesphore Obame Ngomo

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