Le coup d’état permanent

La modification de la loi électorale alors que le processus électoral est déjà entamé procède clairement d’une logique de coup d’état. C’est bien, comme le décrit Brichet, un acte d’autorité selon un plan préconçu consistant dans une atteinte réfléchie, illégale et brusque, aux règles d’organisation, de fonctionnement de l’État, atteinte orchestrée et dirigée par un président dont le mandat se termine mais qui s’appuie sur son parti (démocratique de nom) dans le but de conserver le pouvoir, de renforcer et ainsi de pérenniser sa position à la tête du pays.
Cette nième manœuvre au cours de cette seule année 2023 qui a déjà vu la Constitution modifiée à la hussarde sur différents points essentiels notamment pour ramener le scrutin de deux à un tour dans un système sans limitation de mandat procède de cette logique de permanence de coup d’état.
On cherche donc à se parer des oripeaux de la légalité pour se prévaloir aux yeux du monde extérieur d’un semblant de légalité. Dans le même temps tous les indicateurs objectifs de comparaison de la situation du pays montrent une dégradation de la santé publique, de la scolarité, des infrastructures, une paupérisation qui s’accroit, une désintégration de la fonction publique dont les retraités sont gazés pour toute réponse à la réclamation de la liquidation de l’ensemble de leurs droits.
Le changement des règles du jeu en plein match atteste d’une volonté effrénée de se déclarer vainqueur d’une partie que les résultats de gestion ne permettent pas de gagner. Cette modification du code électoral n’est pas acceptable. Mais elle est en train de se faire parce que ceux qui sont à la manœuvre sont convaincus de la docilité et même de la légèreté des gabonais qui ne prennent rien au sérieux, protestent un jour et passent à autre chose.
Ce texte ne doit pas prospérer. Il est malsain pour le processus électoral, pour le pays. Il faut le combattre avec la dernière énergie.
R. Ndong Sima
Paul Essonne

Journaliste

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